expiatoire [ ɛkspjatwar ] adj.
• 1562; lat. expiatorius
♦ Qui est destiné à une expiation. La victime expiatoire. Chapelle expiatoire. — « Par ce moyen expiatoire, tu effaçais les taches du passé » (Lautréamont).
● expiatoire adjectif (latin ecclésiastique expiatorius) Destiné à commémorer un acte de réparation pour un péché envers Dieu ou un manquement aux lois ecclésiales : Messe expiatoire. ● expiatoire (expressions) adjectif (latin ecclésiastique expiatorius) Victime expiatoire, personne qui est sacrifiée pour expier une faute collective.
expiatoire
adj. Qui sert à expier. Victime expiatoire.
⇒EXPIATOIRE, adj.
A.— [Correspond à expiation A] RELIG. Qui sert à expier une faute dans le cadre du rite prévu à cet effet. Cérémonie, victime, sacrifice, holocauste expiatoire. Tous les peuples ont eu leurs coutumes expiatoires, leurs sacrifices de repentance (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 344). Le troupeau expiatoire qu'on envoyait au sacrifice (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 74) :
• 1. C'est cette expulsion hors de la cité d'une âme, d'un animal expiatoire figurativement chargé de tous les péchés de la collectivité qu'avait pour but de représenter la cérémonie du Bouc émissaire décrite dans le Lévitique...
CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 53.
— En partic. Qui est destiné au rite de l'expiation. Autel expiatoire. C'est à nous de chanter un chant expiatoire! (HUGO, Rayons et ombres, 1840, p. 1055). La croix d'une main, la torche expiatoire De l'autre ... (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 98).
♦ Chapelle expiatoire. Destinée à commémorer la réparation religieuse d'un crime, d'une faute. On lui éleva sur un des ponts de la Loire, en face de l'hôtel de la Boule-d'Or, dit Guépin, un monument expiatoire (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 219).
— Spéc. [Dans la relig. chrét.] Qui répare, aux yeux de Dieu, les péchés commis. La messe est un sacrifice expiatoire (Ac. 1932). J'avais ardeur d'une guérison moins vague, d'une pénitence plus expiatoire (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 196) :
• 2. Devant Dieu l'homme est injuste, et il le reste jusque dans ses meilleures réalisations. Dieu seul peut lui rendre la justice perdue et c'est par l'œuvre expiatoire du Christ, assumant la condition humaine, se chargeant du péché de l'homme et mourant sur la croix que l'homme reçoit la justice.
Philos., Relig., 1957, p. 5006.
B.— [Correspond à expiation B] P. ext., en dehors du domaine relig. Qui expie, qui permet d'expier. Peine expiatoire. Il rompit avec le passé dont il lava la souillure en se promettant plus d'une vengeance expiatoire (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 55). L'expiatoire châtiment de quelque crime inconnu (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 276). Le cortège expiatoire du Front populaire (Doc. hist. contemp., 1936, p. 166).
Prononc. et Orth. :[(i)]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1562 (RABELAIS, Cinquième Livre, chap. 4, éd. partielle de 1562 citée ds Fr. mod. t. 17, p. 70). Empr. au lat. chrét. expiatorius de même sens. Fréq. abs. littér. :136.
expiatoire [ɛkspjatwaʀ] adj.
ÉTYM. 1562, Rabelais; bas lat. expiatorius, du supin de expiare. → Expier.
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1 Didact. (hist., sociol.). Qui est destiné à une expiation, qui sert à apaiser la colère divine. || Cérémonie expiatoire. || Sacrifices expiatoires. || La victime expiatoire était immolée selon des rites invariables. ⇒ Offrande. || Autel expiatoire.
1 (…) toute la religion consistait dans la pratique minutieuse d'innombrables prescriptions, on devait toujours craindre d'avoir commis quelque négligence, quelque omission ou quelque erreur, et l'on n'était jamais sûr de n'être pas sous le coup de la colère ou de la rancune de quelque dieu. Il fallait donc, pour rassurer le cœur de l'homme, un sacrifice expiatoire.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, III, VII, 3.
♦ Spécialt (dans la religion catholique romaine). Qui sert à expier les fautes, le péché. || La messe est un sacrifice expiatoire. || Faire ériger une chapelle expiatoire sur le lieu même de son crime. ⇒ Pénitence.
2 Les pénitences que le confesseur impose doivent être tout ensemble et expiatoires et médicinales (…)
Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 339.
3 Les autres, se souvenant qu'il avait offert de se soumettre à la flagellation, le voyant payer annuellement pour la croisade un tribut expiatoire, le croyaient encore en état de pénitence.
Michelet, Hist. de France, IV, V, t. II, p. 411.
2 Littér. (en dehors de toute idée proprt religieuse). Qui fait expier, sert à expier. || Peine, châtiment expiatoire.
4 (…) c'était un peu l'acte expiatoire de sa vie, cette campagne, qu'il avait demandé de faire.
Loti, Matelot, XXXVII.
5 La fille méprisée et perdue, c'est l'argile docile au doigt du potier divin : c'est la victime expiatoire et l'autel de l'holocauste.
France, le Lys rouge, XVII.
6 Plus tard, tu conçus des remords dont l'existence devait être éphémère; tu résolus de racheter ta faute par le choix d'un autre ami, afin de le bénir et de l'honorer. Par ce moyen expiatoire, tu effaçais les taches du passé (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, V, p. 221.
Encyclopédie Universelle. 2012.