félicité [ felisite ] n. f.
• v. 1265; lat. felicitas, de felix « heureux »
1 ♦ Littér., relig. Bonheur sans mélange, généralement calme et durable. ⇒ béatitude. Rien ne trouble leur félicité. « La félicité est le bonheur qui paraît complet, et qui s'annonce comme permanent » (Senancour).
2 ♦ Littér. Bonheur causé par une circonstance particulière (souvent au plur.).⇒ contentement, joie, 1. plaisir. Les félicités de l'amour. J'aimais ma fille « pour toutes les félicités qu'elle me prodiguait » (Balzac). « Les catastrophes et les félicités entrent, puis sortent, comme des personnages inattendus » (Hugo).
⊗ CONTR. Infélicité, infortune; malheur; affliction, calamité; douleur, peine, tourment.
● félicité nom féminin (latin felicitas, -atis, de felix, -icis, heureux) Littéraire. Grand bonheur, contentement intérieur, joie, béatitude : Je lui souhaite mille félicités. ● félicité (citations) nom féminin (latin felicitas, -atis, de felix, -icis, heureux) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Il n'est pas de créature qui n'ait plus de force pour supporter le chagrin que pour résister à l'extrême félicité. Les Secrets de la princesse de Cadignan
félicité
n. f. Litt. Bonheur suprême. être au comble de la félicité. Syn. béatitude.
⇒FÉLICITÉ, subst. fém.
Littér. Jouissance extrême, bonheur parfait.
A.— Félicité parfaite, suprême, sans bornes; ère, état, vie de félicité. Synon. allégresse, béatitude, extase. Je n'ai point encore rencontré d'homme qui n'eût été trompé dans ses rêves de félicité (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 265). Ils s'avançaient, la tête haute, droits et souriants, au milieu d'un tel rayonnement de félicité, qu'ils semblaient marcher dans la gloire (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 184) :
• 1. SOCRATE. — Eh bien, ne te semble-t-il pas, Eryximaque, et à toi, mon cher Phèdre, que cette créature qui vibre là-bas [la danseuse] (...) a l'air de vivre, tout à fait à l'aise, dans un élément comparable au feu, — dans une essence très subtile de musique et de mouvement, où elle respire une énergie inépuisable, cependant qu'elle participe de tout son être, à la pure et immédiate violence de l'extrême félicité?
VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 39.
— En partic., RELIG. CHRÉT. Bonheur parfait promis aux élus après leur mort. Synon. béatitude. Cet amour nous entraînant dans l'abîme de charité où respire Dieu lui-même, nous y puisons le besoin d'associer toutes les créatures à la perfection et à la félicité dont nous goûtons les prémices, dont nous attendons l'ultérieure révélation (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p. 187). Il les entretient du néant du monde et de la félicité des élus (FLAUB., Tentation, 1874, p. 78) :
• 2. Je me la représentais [cette porte étroite], dans le rêve où je plongeais, comme une sorte de laminoir, où je m'introduisais avec effort, avec une douleur extraordinaire où se mêlait pourtant un avant-goût de la félicité du ciel.
GIDE, Porte étr., 1909, p. 505.
♦ P. méton., au plur. Jouissances célestes. En même temps que les âmes s'y purifient [au Purgatoire] des souillures de la terre, elles sont initiées aux félicités du ciel (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 154). Ce n'est pas en vain que notre grande éducatrice, l'Église, prêche aux pauvres d'intelligence, les félicités de son paradis (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 429).
B.— P. ext.
1. Bonheur domestique, tranquille et simple, bien-être matériel. Félicité domestique. Cette félicité bourgeoise qui se repaît d'un bouilli périodique, d'une douce bassinoire en hiver, d'une lampe pour la nuit et de pantoufles neuves à chaque trimestre (BALZAC, Élixir, 1830, p. 382). Vauvenargues le raille [Mirabeau] avec une légère ironie sur ce plan un peu trop doux de vie heureuse et toute privée, sur cette félicité tempérée et dans le goût d'Horace, qu'il se promet trop complaisamment (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 14, 1851-62, p. 43). Dix ans, je vécus dans l'aisance et la félicité, sur notre domaine dotal, dans la douce Provence (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 349) :
• 3. Le soleil ayant reparu, des journées adorables se suivirent, des mois coulèrent dans une félicité monotone. Jamais ils ne savaient la date, et ils confondaient tous les jours de la semaine. Le matin, ils s'oubliaient très tard au lit, malgré les rayons qui ensanglantaient les murs blanchis de la chambre, à travers les fentes des volets. Puis, après le déjeuner, c'étaient des flâneries sans fin...
ZOLA, Œuvre, 1886, p. 158.
2. P. méton., au plur. Ce qui contribue au bonheur, le plus souvent matériel, d'une personne. Le comble des félicités humaines, pour un habitant du Maroc, c'est d'avoir des chevaux, des fusils et de la poudre; beaucoup de poudre (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 158). Mlle Elmire, était une somnambule extra-lucide qui me promit une vie interminable et des félicités sans nombre (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père, 1887, p. 745). Type innocent de servilité heureuse, d'une calme vie en complaisances et en félicités matérielles (BOURGET, Disciple, 1889, p. 107).
— En partic. Plaisirs de l'amour. Synon. voluptés. Un quart d'heure passé près de vous le soir, vaut mieux que toutes les félicités d'une nuit près de cette belle (BALZAC, Corresp., 1832, p. 177). Il est certaines félicités de la chair que poursuit, et toujours plus vainement, le corps vieillissant, s'il n'en a pas été soûlé dans sa jeunesse (GIDE, Journal, 1929, p. 909) :
• 4. Oh! Si je t'ai pu paraître froid, si mes satires sont rudes et te blessent, je veux, quand je te reverrai, te couvrir d'amour, de voluptés, d'ivresse. Je veux te gorger de toutes les félicités de la chair, t'en rendre lasse, t'en faire mourir. Je veux que tu sois étonnée de moi et que tu t'avoues dans l'âme que tu n'avais même pas rêvé des transports pareils.
FLAUB., Corresp., 1846, p. 253.
Prononc. et Orth. :[felisite]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 felicité « état de contentement intense » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 180, 50); 2. 1640 au plur. « bonheur causé par une circonstance particulière » (CORNEILLE, Polyeucte, IV, 5, 1324 ds Œuvres, éd. Ad. Régnier, t. 3, p. 549). Empr. au lat. class. felicitas « bonheur, chance ». Fréq. abs. littér. :1 281. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 463, b) 1 667; XXe s. : a) 1 243, b) 855. Bbg. VARDAR (B.). Struct. fondamentale du vocab. soc. et pol. en France, de 1815 à 1830. Istanbul, 1973, p. 240.
félicité [felisite] n. f.
ÉTYM. V. 1265; lat. felicitas « bonheur, chance », aussi « fécondité, fertilité », de felix, felicis « heureux ». → Fécond.
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1 Littér. Bonheur sans mélange, généralement calme et durable. ⇒ Béatitude, bonheur (cit. 14), enchantement, extase, joie. || Une félicité immuable (→ Altérer, cit. 4; élever, cit. 69), parfaite. || Rien ne trouble leur félicité (→ Attraction, cit. 6).
1 En lui (Jésus-Christ) est toute notre vertu et toute notre félicité.
Pascal, Pensées, VII, 546.
2 La félicité est le bonheur qui paraît complet, et qui s'annonce comme permanent pour ainsi dire.
É. de Senancour, De l'amour, p. 363, note 40.
3 Même au sein de la félicité, les hommes souhaitent toujours quelque chose de plus.
G. Duhamel, Salavin, t. I, Deux hommes, p. 258.
♦ Spécialt (relig.). Béatitude promise aux élus après la mort. || Félicité des anges, des saints. || Félicité éternelle de l'âme au paradis. ⇒ Salut (→ Avant-goût, cit. 1).
3.1 Oh ! Monsieur, répondis-je avec cette véhémence que donne la bonne cause (…) cette vie d'ailleurs doit-elle donc être l'unique objet de l'homme ? Y est-il autrement que comme dans un passage dont chaque degré qu'il parcourt ne doit, s'il est raisonnable, le conduire qu'à cette éternelle félicité, prix assuré de la Vertu.
Sade, Justine…, t. I, p. 54.
2 Littér. (Le plus souvent au plur.). Bonheur causé par une circonstance particulière. ⇒ Contentement, joie, plaisir (→ Ardeur, cit. 23). || Les félicités de l'amour, de l'étude (cit. 8). || Le cœur encore plein des félicités de la nuit (→ Chair, cit. 56).
4 (…) les félicités qui vous suivront, si vous épousez l'un, et les disgrâces qui vous accompagnent, si vous épousez l'autre.
Molière, les Amants magnifiques, III, 1.
5 La félicité des sens est passagère; l'état habituel du cœur y perd toujours.
Rousseau, Émile, V.
6 (…) j'aime ma fille pour toutes les douleurs qu'elle m'a faites, de même que je l'aimais jadis pour toutes les félicités qu'elle me prodiguait.
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 355.
7 Nous ne savons jamais de quel côté viendra la brusque descente du hasard. Les catastrophes et les félicités entrent, puis sortent, comme des personnages inattendus.
Hugo, les Travailleurs de la mer, III, III, II.
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CONTR. Infélicité, infortune, malheur, misère; affliction, calamité (cit. 4), douleur, peine, tourment.
HOM. Formes du v. Féliciter.
Encyclopédie Universelle. 2012.