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forger

forger [ fɔrʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
XIIe; lat. fabricare « façonner, fabriquer »
1Travailler (un métal, un alliage) à chaud, sur l'enclume et au marteau. battre, bigorner, corroyer. Forger le fer, l'argent. P. p. adj. Métaux forgés. Fer forgé. Par ext. Travailler (un métal) pour lui donner une forme ou en améliorer la qualité. Forger au marteau, au martinet. Presse à forger hydraulique. Forger à froid. écrouir. PROV. C'est en forgeant qu'on devient forgeron : c'est à force de s'exercer à qqch. qu'on y devient habile.
2Façonner (un objet de métal) à la forge. Forger un fer à cheval, une pièce de mécanique, une clé. Loc. fig. Forger les fers, les chaînes de qqn, le rendre esclave. « Le temps n'a pas forgé encore les chaînes de nos habitudes » (F. Mauriac).
3Fig. Élaborer d'une manière artificielle ou pénible ( fabriquer). Forger un mot nouveau. Forger une image, une métaphore, un plan. construire, inventer. « Nous voilà essayant de forger un plan très compliqué » (Romains). P. p. adj. Exemple forgé (opposé à cité) .
4Imaginer à sa fantaisie. Se forger un idéal, des illusions. « je me forgeai bientôt des consolations » (Rousseau). Inventer. Forger un prétexte, une excuse. Se forger un alibi. Nom, renseignement, récit forgé de toutes pièces. controuvé, 1. faux.

forger verbe transitif (latin fabricare) Façonner un métal, un alliage afin de lui donner une forme. Fabriquer un objet par forgeage. Créer quelque chose, une expression, imaginer quelque chose, un prétexte : Forger un mot nouveau. Inventer : Forger une excuse. Littéraire. Créer une œuvre par le travail de l'imagination, par la réflexion. Former quelqu'un : C'est ainsi qu'on forge les meilleurs soldats.forger (difficultés) verbe transitif (latin fabricare) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je forge, nous forgeons ; il forgea. ● forger (expressions) verbe transitif (latin fabricare) Forger le caractère, le rendre fort, solide par des épreuves. ● forger (synonymes) verbe transitif (latin fabricare) Inventer
Synonymes :
- controuver
- fabriquer
- imaginer
forger verbe intransitif Heurter les fers des pieds postérieurs contre ceux des pieds antérieurs, en parlant du cheval au trot ou au galop.

forger
v. tr.
d1./d Mettre en forme une pièce métallique, généralement à chaud, par martelage (au marteau, à la presse, au marteau-pilon).
Pp. adj. Fer forgé.
|| Prov. C'est en forgeant qu'on devient forgeron: on n'apprend bien qu'en s'exerçant.
d2./d Fig. Inventer, fabriquer. Forger un mot.
|| Forger un caractère, le fortifier par des épreuves.

⇒FORGER, verbe trans.
A.— Dans le domaine technol.
1. [Le compl. désigne le matériau employé] Travailler (un métal) à la forge, à l'aide du marteau (et du feu). Le peuple des travailleurs ne peut acheter (...) les métaux qu'il forge (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 272). Les ateliers de Nuremberg qui forgeaient le fer, martelaient le cuivre, polissaient le verre (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 150). Mais, par derrière, c'est (...) New-Jersey qui lui forge l'acier de ses maisons (MORAND, New-York, 1930, p. 260).
Emploi abs. Là, pendant près de dix ans, il lima et forgea de toute la force de ses mains rudes (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 25). Un forgeron qui forge pour le village (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 364).
Proverbe, au fig. C'est en forgeant qu'on devient forgeron. L'habileté vient avec l'expérience. À force de forger on devient forgeron (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 73). C'est en forgeant qu'on devient forgeron, et c'est en optant que la volonté s'avère « automotive » (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 217).
P. anal. [Le compl. désigne un matériau autre que le métal] Mais moi je dis qu'il ne calculait point mais qu'il forgeait la pierre (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 561).
2. [Le compl. désigne l'objet produit] Façonner (un objet) grâce au travail de la forge. Forger une arme, un outil. C'est à moi que tu t'adresses pour forger ton épée (FLAUB., Tentation, 1849, p. 351). Pascal avait dû lui-même travailler pour eux, forger des fers pour leurs chevaux dans la forge paternelle (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 17). Jusqu'à une époque récente, les Azandé forgeaient des cimeterres en fer (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 234) :
1. ... mon marteau remontait plus vite qu'il ne tombait sur l'enclume, le fer s'allongeait comme de la pâte. Je forgeai ma bêche d'abord à chaud, et puis à froid; je lui donnai une jolie forme carrée, un peu longue, légère, la ligne bien au milieu, le tranchant en queue d'aronde, le col tellement arrondi et bien soudé, que Valentin s'arrêtait de temps en temps pour admirer mon travail...
ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 163.
2. Et puis ils fichent en terre l'enclume, empoignent faux et marteau, et, à petits coups pressés, attentivement, ils forgent leur outil, ils redressent, durcissent et aiguisent à nouveau son fil.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 78.
Emploi pronom. indir. Un grand nombre d'entre eux [les noirs du Morne-Rouge] avaient des arcs, des flèches et des sagaies, qu'ils s'étaient forgés (HUGO, Bug-Jargal, 1826, p. 174). Il se forgea les armes qui lui permirent à la fois de vaincre ses ennemis et d'abattre le gibier (METTA, Pierres préc., 1960, p. 5).
P. métaph. Il [Maxence] était assez fort pour se laisser forger sur cette terrible enclume (PSICHARI, Voy. Centur., 1914, p. 29). Je forgeais pour mon âme une armure serrée avant qu'elle ne partît en guerre au milieu de l'humanité (DU BOS, Journal, 1922, p. 84).
Emploi pronom. à valeur passive. Monsieur de Talleyrand, le seul homme qui eût une de ces têtes métalliques où se forgent à neuf les systèmes politiques (BALZAC, Langeais, 1834, p. 225).
P. métaph. et au fig., loc. Forger des chaînes (à qqn). Rendre esclave; créer des obligations. Mon corps est ma prison et ma pensée même me forge des chaînes (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 80). Emploi pronom. indir. S'il polit ses mœurs, il se forge des chaînes (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 118).
Forger un instrument. Préparer les moyens (d'une action). Emploi pronom. indir. La pensée ne dispose pas de l'instrument d'analyse qu'elle se forgera plus tard (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 615).
[P. allus. à la myth. gréco-lat.] Gamelin imaginait des Titans forgeant, avec les débris ardents des vieux mondes, Dicé, la cité d'airain (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 43).
Au part. passé. Cette machine avait été forgée en France à l'usine de fer de Bercy (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 103). Toutes ces ferrures sont remarquablement forgées et ornées (FILLON, Serrurier, 1942, p. 23).
♦ [Avec un compl. de manière] Un loquet de porte forgé au marteau (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 338). Il ôte ses souliers à pointes de fer, belles, forgées à la main, et me les tend (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 265).
B.— Au fig.
1. [Avec l'idée d'une difficulté dans l'action et d'un résultat durable; p. réf. au travail pénible de la forge et à la solidité des objets qui y sont façonnés]
a) [Le suj. désigne une per.]
) Forger qqc. Élaborer, créer (une chose durable), grâce à un effort particulier. Ils lui forgeaient là un amour, ils se la disputaient, à qui forgerait le mieux (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 534). Le nouveau monde qu'il forgera avec ses camarades (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 99). Jamais la vie ne nous avait paru plus magnifique, car nous la forgions selon notre volonté (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 79).
En partic. Forger un mot. S'il m'est permis de forger ce barbarisme (L. SCHNEIDER, Maîtres opérette fr., 1924, p. 244). La langue n'a pas forgé de mots pour exprimer cette nuance particulière de la mentalité des incurables (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 394).
Au part. passé. Des mots forgés à plaisir (BONALD, Essai analyt., 1800, p. 233).
Emploi pronom. indir. Il a eu une histoire trop désordonnée pour se forger des dogmes solides (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 287). Il est vrai que tout homme jalousement et puissamment personnel se forge un langage secret (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 100). Cette force que je m'étais forgée dans la solitude (MONTHERL., Pasiphaé, 1936, p. 115) :
3. J'en ai connu, d'une autre sorte encore, qui se forgent assidûment une consciente originalité, et dont le principal souci consiste, après avoir fait choix de quelques uns, à ne s'en jamais départir; qui demeurent sur le qui-vive et ne se permettent pas d'abandonner...
GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1202.
) Forger qqn. Modeler, former avec effort. C'est avec les caractères de cette trempe qu'on forge les meilleurs chrétiens (GIDE, Faux-monn., 1925 p. 1122). Il faut que je forge les hommes pour qu'ils servent (SAINT-EXUP., Vol nuit, 1931, p. 110).
Emploi pronom. passif. Les chrétiens d'élite se forgent au feu de la contradiction et de la persécution même (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 442). La nouvelle élite qui se forgeait dans le travail clandestin de la Résistance (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 388).
b) P. anal. [Le suj. désigne une chose] Façonner avec effort et durablement. La « discipline scientifique » (...) vous forge un cerveau neuf (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 239). J'ai lu ou j'ai forgé vingt « définitions » du Rythme, dont je n'adopte aucune (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 45).
Emploi pronom. passif. Me rencontre-t-on dans ces salons et sur ces théâtres où se forge la renommée? (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 108). La certitude se forgeait en elle que tout cela concernait sa vie (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 46). Ainsi s'est forgé mon destin, au numéro un de la rue Le Goff (SARTRE, Mots, 1964, p. 134).
2. [Avec l'idée d'un produit artificiel, imaginaire ou trompeur; p. réf. au travail de la forge qui ne crée pas le matériau, mais lui donne seulement une forme extérieure, au gré de l'artisan]
a) [Le suj. désigne une pers.]
) Forger qqc. Fabriquer pour les besoins de la cause. Forger de toutes pièces. Forger une histoire, un mensonge. On soupçonnait Calvisius et Plancus d'avoir forgé une bonne partie de ces accusations (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 320). Cette théorie biologique a été forgée après coup (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 221). Ce n'est qu'une hypothèse auxiliaire que l'on forge pour sauver le préjugé du monde objectif (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 12) :
4. Toutes les puissances judiciaires de l'État étaient employées à flétrir quatre officiers sans reproche emprisonnés sur une accusation infâme dont on finit par reconnaître l'absolue vanité, car elle avait été forgée de toutes pièces au ministère de la Guerre par des criminels bien connus, mais restés impunis...
MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 168.
Au part. passé. Des idées artificielles forgées par les besoins de la cause (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 86). Il y a incontestablement des diplômes forgés de toutes pièces, remaniés ou interpolés (M. BLOCH, Apol. pour hist., 1944, p. 36). Ma profonde inutilité m'était d'autant plus manifeste que le rituel familial me paraît constamment d'une nécessité forgée (SARTRE, Mots, 1964, p. 78).
Emploi pronom. indir. Une citation à l'ordre du jour qu'Esterhazy s'était forgée de toutes pièces (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 383). Comme le criminel qui se forge d'instinct un alibi (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 67). Elle n'acceptait que les mensonges qu'elle se forgeait elle-même (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 284).
Fréq. Se forger des idées, des illusions, des chimères. — Des chimères, des chimères que vous vous forgez à plaisir (GONCOURT, Journal, 1882, p. 199).
) Forger qqn. Fabriquer pour les besoins du moment. Me racontant de quelle manière, le 31 juillet, ils étaient allés forger — un roi (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 634).
Emploi pronom. indir. Son esprit se forge des ennemis qu'il n'a pas (GONCOURT, Journal, 1888, p. 891).
b) P. anal. [Le suj. désigne une chose] Fabriquer faussement. Des plaisirs enivrants (...) que seule sa jalousie forgeait de toutes pièces (PROUST, Swann, 1913, p. 303).
REM. Forgeable, adj. Qui peut être travaillé à la forge. La fonte n'est pas forgeable (Ac. 1932).
Prononc. et Orth. :[], (il) forge []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1re moitié XIIe s. tu forjas l'albe et le soleil « créer » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, LXXII, 17); id. fig. « imaginer, inventer » (Psautier Cambridge, 49, 20 ds T.-L.); 1160 forgier « travailler un métal » (Eneas, 4303, ibid.). Du lat. class. fabricare « façonner, fabriquer » spéc. « forger » (propre et fig.). Fréq. abs. littér. :380. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 492, b) 586; XXe s. : a) 473, b) 595.

forger [fɔʀʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. V. 1120, forgier; cf. favrechier, favagier; du lat. fabricare « fabriquer, façonner ». → Fabriquer.
1 Techn. Travailler (un métal, un alliage) à chaud, sur l'enclume et au marteau. Battre, 2. cingler, bigorner, corroyer, étamper, étirer, matricer. || Forger le fer, l'argent.Absolt. Travailler un métal pour lui donner une forme ou en améliorer la qualité. || Forger au marteau, au martinet. || Presse à forger hydraulique ( aussi Laminer, laminoir). || Forger à froid. Écrouir. Absolt. || Apprendre à forger. — ☑ Prov. C'est en forgeant qu'on devient forgeron : c'est à force de s'exercer à quelque chose qu'on y devient habile.
Par anal. || Cheval qui forge, dont les pieds de derrière heurtent ceux de devant dans les allures vives, surtout au trot. || Lorsque le cheval forge, le choc des fers produit un bruit métallique de forge.
2 Façonner (un objet de métal) à la forge. || Forger une clé, un fer à cheval, un soc de charrue, une pièce de mécanique, une épée, un couteau. || Forger un marteau (→ Ébranler, cit. 7). || Les Cyclopes (cit. 1) forgeaient les foudres de Jupiter.
1 Lui donna pour présent un char d'excellent œuvre (travail),
Que le boiteux Vulcain, industrieux manœuvre,
Forgea de sa main propre, et souvent au fourneau
Le mit, et le frappa de maint coup de marteau,
Haletant et suant sur le dos de l'enclume (…)
Ronsard, Second Livre des hymnes, Été.
1.1 Voilà beau temps, chéri, qu'Anthelme a forgé une clef.
Bernanos, Monsieur Ouine, in Œ. roman., Pl., p. 1421.
Loc. fig. (Littér.). || Forger des fers, des chaînes (→ Anneau, cit. 2). — ☑ Fig. Forger des fers pour qqn, préparer sa servitude, le rendre esclave. — ☑ Pron. Se forger des fers : rendre soi-même esclave.
2 (Le mondain) qui s'imagine être vraiment libre, parce qu'il est en effet trop libre de pécher, c'est-à-dire libre à se perdre, et qui ne s'aperçoit qu'il forge ses fers par l'usage de sa liberté prétendue (…)
Bossuet, IV, Vêture, I, in Littré.
3 Avant la vingtième année, le passé est trop léger pour nous écraser de son poids, le temps n'a pas forgé encore les chaînes de nos habitudes.
F. Mauriac, le Jeune Homme, p. 18.
Forger quelqu'un, le former de manière durable, par des épreuves.
3 (XIIe). Fig. et littér. Élaborer d'une manière artificielle ou laborieuse. Construire, fabriquer, faire, former, produire. || Forger un parti, une armée (cit. 9). Constituer. || Forger sa fortune sur la ruine d'autrui. Établir, fonder.Le destin, l'adversité a forgé son âme. Façonner. → Enclume, cit. 29. — Forger des phrases, des vers. Composer, écrire; → Enclume, cit. 5 et 6. || Forger un mot nouveau.Forger une image, une métaphore, un plan. Inventer, trouver. || Forger un plan, une machination.(Sujet n. de personne ou de chose; → ci-dessous, cit. 7). || Forger (qqch.) à (qqn).
Se forger un plan, se forger une conviction.
4 Ah ! Scapin, si tu pouvais trouver quelque invention, forger quelque machine, pour me tirer de la peine où je suis (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.
5 (…) même quand l'image ne viendra pas, la plume de l'auteur (Chateaubriand) la cherchera toujours, et l'inventera, la forgera plutôt que de s'en passer.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. I, p. 190.
6 (…) un malheureux, pauvre, infirme, solitaire, la douleur faite homme, à qui le monde refuse la joie, crée la joie lui-même pour la donner au monde ! Il la forge avec sa misère.
R. Rolland, Beethoven, p. 79.
7 En une heure, elle avait plus changé qu'en dix ans : la certitude d'être aimée lui forgeait une âme neuve.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 163.
8 Nous voilà essayant de forger un plan très compliqué, qui avait au moins le mérite de tromper la tristesse de nos adieux.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XXIII, p. 311.
4 Imaginer à sa fantaisie. Imaginer. || Imagination qui forge des figures (→ Fantaisie, cit. 2), des chimères, des visions.Pron. || Se forger un idéal, des illusions. ver; figurer (se).
9 Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
La Fontaine, Fables, I, 5.
10 Mais j'étais dans un âge où les grands chagrins ont peu de prise, et je me forgeai bientôt des consolations.
Rousseau, les Confessions, IV.
11 Jamais Mme de Chantelouve ne réaliserait l'idéal qu'il s'était forgé, les traits (…) qu'il s'était peints, la frimousse (…) le port mélancolique (…) qu'il avait rêvé !
Huysmans, Là-bas, p. 104.
5 Péj. Inventer faussement. Controuver. || Forger un prétexte, un mensonge, une excuse, une calomnie, un conte, une machination (→ 1. De, cit. 75).Se forger un alibi, des excuses.
12 Qui donc a pu forger de semblables sornettes ? dit-il au curé d'une voix étranglée quand le récit fut terminé.
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 456.
13 Il avait forgé une histoire admirable, un fourbi de secrètes accointances avec un mystérieux monsieur que sa discrétion naturelle lui interdisait de citer (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, III.
——————
forgé, ée p. p. adj.
1 Fabriqué par forgeage. || Métaux forgés. — ☑ Loc. cour. Fer forgé, servant à fabriquer de la ferronnerie d'art. || Une grille, une balustrade en fer forgé.
2 (Fin XVe). Fig. || Mot forgé, inventé. || Image bien forgée. || Exemples forgés et exemples observés.Récit forgé, forgé de toutes pièces. 1. Faux.
14 De moi, elle n'aura qu'une vilaine histoire forgée, et il faudra bien qu'elle l'accepte pour vraie.
Colette, Julie de Carneilhan, p. 194.
CONTR. (Du p. p.) Authentique, vrai.
DÉR. Forgeable, forgeage, forgerie, forgeron, forgeur.
COMP. Reforger.

Encyclopédie Universelle. 2012.