fourre [ fur ] n. f. ♦ Suisse
1 ♦ Taie d'oreiller, housse d'édredon.
2 ♦ Fourre de livre (⇒ couvre-livre) , de disque (⇒ pochette) , de coussin (⇒ housse) .
⊗ HOM. Four.
● fourre nom féminin En Suisse, taie d'oreiller ; enveloppe protectrice d'un livre, d'un cahier, d'un disque. ● fourre (homonymes) nom féminin four nom masculin fourre forme conjuguée du verbe fourrer fourrent forme conjuguée du verbe fourrer fourres forme conjuguée du verbe fourrer
n. f. (Suisse)
d1./d Taie, housse.
d2./d Couverture protectrice, pochette. Fourre de livre, de disque.
d3./d Chemise transparente pour dossier.
I.
⇒FOURRÉ, subst. masc.
Ensemble particulièrement touffu de plantes, de broussailles ou d'arbustes à branches basses, situé dans un bois. Fourré d'épines, de ronces; pénétrer, se cacher dans un fourré. De chaque côté de la route, le fourré était épais et pouvait aisément cacher des malfaiteurs (VERNE, Île myst., 1874, p. 477). Sur l'autre pente, poussent des fourrés impénétrables de buis, de myrtes, de lentisques et de genévriers (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 135) :
• 1. Bientôt deux hommes mal vêtus, mais bien armés, se levèrent derrière une cépée, à quelques pas d'Orso. On eût dit qu'ils s'étaient avancés en rampant comme des couleuvres au milieu du fourré de cistes et de myrtes qui couvrait le terrain.
MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 84.
— P. métaph. C'est l'inventeur lui-même qui décrit (...) toujours avec cette force inimitable de l'idée à sa naissance. Car elle pousse, elle aussi, dans un fourré d'idées (ALAIN, Propos, 1912, p. 133). Il [Léon Blum] avait, lui aussi, réadopté la règle fondamentale du régime parlementaire français : qu'aucune tête ne dépasse les fourrés de la démocratie! (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 259) :
• 2. Qu'allait-il faire de cette force? L'employer, à son tour, à explorer les fourrés inextricables de la pensée moderne? Ils ne l'attiraient point. Il sentait peser sur lui la menace des dangers qui s'y tenaient embusqués. Ils avaient écrasé son père. Plutôt que de renouveler l'expérience et de rentrer dans la forêt magique, il y eût mis le feu.
ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1529.
REM. Fourrée, subst. fém., hapax. Synon. Dès qu'il approchait d'une fourrée, d'une bruyère ou de tout autre endroit giboyeux, il remontait son fusil (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 181).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1690 expr. lieu fourré « garni d'arbustes, de buissons, de bois épais » (FUR.); 1776-1778 fourré subst. masc. « endroit d'un bois garni d'arbustes serrés » (ROUSSEAU, Rêveries du Promeneur solitaire, Septième Promenade ds Œuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, p. 1071). Part. subst. du verbe fourrer. Fréq. abs. littér. :254. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 179, b) 531; XXe s. : a) 438, b) 370.
II.
⇒FOURRÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de fourrer.
II.— Emploi adj.
A.— [Avec ou sans compl. indiquant la matière] Doublé de fourrure, et p. ext. de quelque chose qui protège.
1. [Le subst. désigne un vêtement] Garni extérieurement ou intérieurement de fourrure ou de tissu chaud. Bonnet, gants fourrés; pantoufle fourrée de vair. [Un passant] ganté de noir (...) enveloppé d'une vieille houppelande bleu de roi, fourrée de douteux astrakan (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 216). La patronne devenue visiteuse dans l'emmitouflement de son manteau fourré de grèbe, aussi duveteux que les blanches fourrures qui tapissaient ce salon (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 601) :
• 1. ... des houssures et caparaçons de toutes sortes; les uns de drap de Damas, de fin drap d'or, fourrés de martres zibelines; les autres, de velours, fourrés de pennes d'hermine; les autres, tout chargés d'orfèvrerie et de grosses campanes d'or et d'argent!
HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 244.
— P. métaph. Revêtus d'une hypocrisie bien fourrée, comme d'une saine douillette cuirassée de pointes inabordables (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 120).
— P. méton. [Le subst. désigne une pers.] — Vous êtes là, monsieur le procureur, chaudement fourré et ganté pour l'hiver! (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 95). Ce personnage, tout au rebours de la dame fourrée qui était presque devant lui, ne portait qu'un petit paletot fort sec (KOCK, Compagnons Truffe, 1861, p. 52).
2. [Le subst. désigne un animal] Dont la peau est couverte de poils, ou de duvet épais. Les renards fourrés et les ours blancs pénètrent jusqu'au sein de la zone glaciale (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 376). [Un lapin] parlait (...) de cinq lapereaux fourrés de duvet (COLETTE, Pays. et portr., 1954, p. 103).
— Emploi subst. à valeur de neutre. Ces derniers [les renards roux] ne diffèrent de ceux de France que par la douceur et le fourré de leur poil (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 148).
3. [P. anal. d'aspect; en parlant d'une région, d'une étendue de terrain] Qui est couvert d'une végétation épaisse, touffue. Notre élève s'instruit peu à peu; bientôt il sait franchir un buisson, se frayer une route dans un bois fourré, sauter un fossé (DE LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p. 436) :
• 2. Au lieu d'espaces unis, rarement interrompus par des chemins, partout des sentiers creux, fossés et levées de terre garnies de buissons et d'arbres. Ce morcellement de détail laisse rarement place à des vues d'ensemble; et, quand un point dominant s'offre par hasard, c'est un pays fourré qu'on découvre...
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 187.
— Emploi subst. à valeur de neutre. Nous avançâmes avec peine, tantôt dans le fourré du bois, tantôt dans les longues herbes, tantôt à travers les tiges hautes des joncs (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 19).
♦ Au plus fourré (de). À l'endroit le plus dense, le plus touffu (de). Au plus fourré du bois. Synon. au plus épais (de). Il avançait ainsi au plus fourré de la cavalerie (HUGO, N.-D. Paris, 1932, p. 520). Tapis au plus fourré du feuillage, nous attendions un moment de trêve (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 243).
B.— Garni intérieurement ou extérieurement d'une matière différente de celle qui constitue l'objet considéré.
1. [Avec ou sans compl. indiquant la matière] ART CULIN. Garni d'une substance destinée à agrémenter, à compléter (un mets).
♦ Bonbon, chocolat, gâteau fourré. Dans lequel on a introduit de la confiture, de la crème, etc. Son tiroir-caisse était garni de dattes fourrées à la pistache ou de pâtes de fruits (MARTIN DU G., Confid. afric., 1931, p. 1112). Des gâteaux fourrés au chocolat ou semés d'amandes, de cannelle, de vanille, d'angélique (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 259).
♦ Pain fourré. Que l'on ouvre lorsqu'il est encore chaud pour y mettre du beurre, de la charcuterie, etc. Salade de légumes à la russe, petits pains fourrés à la duchesse (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 736). Tartes à cerises, fraises, compotes et crèmes, œufs durs, pains fourrés, langues, jambons et pâtés, disparaissaient rapidement (VAN DER MEERSCH, Empreinte Dieu, 1936, p. 107).
♦ Langue fourrée. Langue de bœuf, de mouton, de porc, que l'on recouvre d'une autre peau avant de la faire cuire. Les langues fourrées de Strasbourg, rouges et vernies, saignantes à côté de la pâleur des saucisses (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 636).
2. [Sans compl.] Enrobé, recouvert d'une matière de bonne qualité servant à en dissimuler une autre de moindre valeur.
a) Domaine concr.
♦ Bijou fourré; médaille, monnaie fourrée. Fait(e) d'un métal sans valeur et recouvert(e) d'une fine couche de métal précieux. Synon. plaqué. Millot expliqua gravement, aux auditoires ahuris, que bijoutier de son état, la juiverie l'avait ruiné grâce à la concurrence des bijoux fourrés (BERNANOS, Gde peur, 1931, p. 213). Des deniers fourrés, qui n'ont plus d'argent qu'une mince pellicule recouvrant une âme de métal vil (L'hist. et ses méth., 1961, p. 346).
♦ Botte de foin fourrée. Dont l'intérieur est constitué de foin médiocre et l'extérieur de bon foin. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Au fig. (Actions, paroles) qui, sous des apparences trompeuses, dissimulent quelque piège, quelque traîtrise. Les intrigues fourrées et les rivalités de Monsignori qui peuplent les ruelles voisines du Vatican (MORAND, Londres, 1933, p. 218). On regrette qu'un tel langage vous remette en mémoire, bien plutôt que les franches fureurs d'Alceste, les insolences fourrées de l'hypocrite Arsinoé (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 203) :
• 3. Voilà donc le livre [de Costar] lancé, et dédié par une adresse piquante à Balzac lui-même, qui ne pouvait guère se plaindre des malices fourrées et du contrecoup qu'il en recevait, se les étant lui-même attirés par son insistance.
SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 12, 1851-62, p. 219.
♦ (dans le domaine de l'escr.)Coup fourré Coup que porte et reçoit en même temps chacun des deux adversaires. (Dict. XIXe et XXe s.).
P. ext., fam. Attaque perfide qui, menée contre un adversaire sans méfiance, met à profit ses faiblesses. Je n'ai jamais jugé à propos de m'échauffer le sang pour les coups fourrés de cette vieille guenon nommée Fortune (J. DE MAISTRE, Corresp., 1786-1805, p. 384). Tous les combats de Saint-Jérôme [un homme de loi], jusqu'à présent ont été plus ou moins des coups fourrés. Il n'y a même pas eu de cliquetis d'armes (GIONO, Chron., Noé, 1947, p. 127).
♦ Paix fourrée. Paix illusoire masquant de mauvaises intentions. En revenant de Chartres, il se jouait avec une patène ou paix d'église, la mettait dans sa fourrure, et plaisantait sur la paix fourrée (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24). De fausses ententes, de faux accords, de fausses pénétrations, de fausses intelligences, (...) des paix boiteuses, des paix fourrées (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 676).
fourre [fuʀ] n. f.
ÉTYM. 1444, forre « gaine d'épée », Fribourg; anc. franç. fuerre; francique fôdr « étui, gaine ».
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♦ Régional (Suisse).
1 Taie d'oreiller, housse d'édredon.
0 Cet édredon difforme qu'il retire sur lui, la plume entassée qu'il fouette afin de l'égaliser dans sa fourre.
A.-L. Chappuis, la Moisson sans grain, p. 79.
2 Par ext. Housse ou couverture protectrice. || Fourre de livre (⇒ Couvre-livre), de disque (⇒ Pochette), de coussin (⇒ Housse).
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HOM. Four; formes du v. fourrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.