gaver [ gave ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1642 pron.; d'un prélatin gaba « gorge, gésier », p.-ê. d'o. gaul.
1 ♦ Faire manger de force et abondamment (la volaille). Autrefois, on gavait les volailles de basse-cour pour les engraisser. Gaver des oies, des canards avec un entonnoir, une gaveuse.
2 ♦ Par anal. Nourrir abondamment. « Léa le réveillait pour le gaver de fraises, de crème, de lait » (Colette). ⇒ bourrer , gorger. — V. pron. réfl. Se gaver : manger énormément. Se gaver de bonbons. ⇒ se bourrer, fam. se goinfrer.
3 ♦ Fig. Gaver qqn de compliments, d'honneurs. ⇒ combler. « Ils étaient tellement gavés d'ennuis, de soucis, d'une télévision stupide » (Sagan).
4 ♦ Aviat. Gaver un moteur, le munir de compresseurs pour le vol à haute altitude.
⊗ CONTR. Priver.
● gaver verbe transitif (normand gaver, du prélatin gaba, gosier) Alimenter de force une volaille à l'aide d'une gaveuse. Faire manger quelqu'un avec excès : Gaver un enfant de bonbons. Bourrer l'esprit de quelqu'un : Gaver un enfant de connaissances. ● gaver (homonymes) verbe transitif (normand gaver, du prélatin gaba, gosier) ● gaver (synonymes) verbe transitif (normand gaver, du prélatin gaba, gosier) Alimenter de force une volaille à l'aide d'une gaveuse.
Synonymes :
Faire manger quelqu'un avec excès
Synonymes :
- bourrer
- gorger
Contraires :
- priver
gaver
v.
d1./d v. tr. Faire manger (qqn) de façon excessive.
— Faire manger beaucoup et de force (des animaux) pour les engraisser. Gaver des oies, des poulets.
|| Fig. Combler, rassasier, emplir à l'excès. Gaver de connaissances.
d2./d v. Pron. Se gorger de nourriture.
⇒GAVER, verbe trans.
A. — Gaver une volaille. La faire manger de force et abondamment pour l'engraisser. Pauvres bêtes cependant [les oies] : élevées pour être gavées, gavées pour être converties en « confits » et en « pâtés » (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 42). On les gave [les oies] de gruau d'orge, de millet, de farine détrempée (Gdes heures cuis. fr., Éluard Valette, 1964, p. 244) :
• 1. Cadine avait près d'elle une casserole, pleine d'eau et de grains; elle s'emplissait la bouche, prenait les pigeons un à un, leur soufflait une gorgée dans le bec. Et eux, se débattaient, étouffant, retombant au fond des coffres, l'œil blanc, ivres de cette nourriture avalée de force.
— Ces innocents! murmura Claude.
— Tant pis pour eux! dit Cadine, qui avait fini. Ils sont meilleurs, quand on les a bien gavés...
ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 871.
Rem. On relève un emploi (rare) de gaver avec un compl. désignant un animal autre qu'une volaille : [Les feuilles de maïs] sèches et conservées, servent l'hiver pour économiser le foin à gaver les bœufs à la main (PESQUIDOUX, op. cit., p. 198).
B. — P. anal. Gaver qqn de qqc.
1. [Le compl. prép. désigne un aliment] Gorger, rassasier. Gérard (...) voulait au moins se concilier son personnel et le gavait des vivres de la veille (RADIGUET, Bal, 1923, p. 42). Mes moyens me permettaient tout juste de me payer le plat du jour mais il me gavait avec autorité de barquettes aux fraises (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 312).
— Emploi pronom. réfl. On se gavait de raisin depuis l'aube, le gosier poissé de sucre, la panse enflée et ronde comme une tonne (ZOLA, Terre, 1887, p. 352). Bien que ses artères eussent dû lui imposer un régime de restrictions, elle se gavait de viandes rouges (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 376).
♦ [Avec effacement du compl. prép.] Manger avec excès. Vous mangez des truffes, vous mangez des bottes d'asperges à quarante francs au mois de janvier, des petits pois, vous vous gavez (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 943).
2. Au fig. Emplir, combler. Mes parents prétendaient faire de moi un pasteur. On m'a chauffé pour ça, gavé de préceptes pieux en vue d'obtenir une dilatation de la foi, si j'ose dire (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1231). Ne t'encombre plus la mémoire, il faut oublier tout ce dont nous avons eu la bêtise de la gaver (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 187). L'enfant gavé de bonheur qui s'ennuyait sur son perchoir (SARTRE, Mots, 1964, p. 150).
— Emploi pronom. réfl. J'ai passé quarante-huit heures au lit, à me gaver de silence, de solitude, de paresse (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 339) :
• 2. ... le pauvre diable, de mine si plate, eût découragé jadis la hargne de toute autre compagne que la sienne; mais il prenait du ventre. La volupté, la jubilation du plaisir, loin de l'apaiser, lui faisait cette graisse neuve, et, dans la nécessité de tenir secrète sa joie d'avare, il s'en gavait, n'en perdant rien en paroles vaines, la digérant tout entière.
BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 100.
C. — AÉRON. Gaver un moteur. Provoquer sa suralimentation en l'équipant de compresseurs (d'apr. ROB., Lexis 1975).
Prononc. et Orth. : [gave], (il) gave [ga:v]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1642 « se gorger de nourriture » (OUDIN); spéc. 1865 « engraisser des animaux » (LITTRÉ); 2. fig. 1852 (HUGO, Châtim., p. 331). Dér. avec dés. -er de l'a. pic. gave « jabot, gosier » (dep. le XIIIe s. ds DEAF) (gave1), var. dial. de joe (joue) (cf. DEAF). Fréq. abs. littér. : 153.
gaver [gave] v. tr.
ÉTYM. 1642, au pron.; mot normanno-picard, dér. de 2. gave.
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1 Faire manger (qqn) jusqu'à l'excès.
♦ (1862, Hugo). ⇒ Bourrer, gorger, rassasier (→ Engraissement, cit., Hugo). || Gaver qqn. — Gaver qqn de qqch. || Gaver un enfant de gâteaux, de sucreries. — (1642). Pron. || Se gaver : manger avec excès. || Se gaver de fruits jusqu'à en être malade. — Au p. p. || Le voilà gavé (→ Avoir le ventre plein).
1 L'enfant, avec sa brioche mordue qu'il n'achevait pas, semblait gavé.
Hugo, les Misérables, V, I, XVI.
2 Comme il partait, il les invita à venir faire le lendemain la vendange dans sa vigne. On se gaverait de raisin, tant que la peau du ventre en tiendrait.
Zola, la Terre, IV, IV.
3 Léa le réveillait pour le gaver de fraises, de crème, de lait mousseux et de poulets de grain.
Colette, Chéri, p. 40.
3.1 Il avait envie de lui arracher son béret, ses gants, sa petite cravate, ses souliers neufs, de le secouer pour faire sortir de lui toutes ces convoitises sournoises, cette ruse craintive qu'elle avait fait germer en lui, proliférer, d'effacer de ce visage de fils à papa gavé son air de supériorité, d'obtuse satisfaction…
N. Sarraute, le Planétarium, p. 167.
♦ Par métaphore :
3.2 C'était un vent de printemps, le premier : il sentait les bois, les forêts, la terre, il avait traversé impunément les faubourgs de Paris, les rues gavées d'essence et il arrivait léger, fanfaron (…)
F. Sagan, la Chamade, p. 13.
2 (1852, Hugo). Fig. || Gaver (qqn) de…, emplir, rassasier. || Ses maîtres l'ont gavé de connaissances inutiles. — Pron. || Se gaver de musique, de poésie, de cinéma. — Passif. || Être gavé de compliments, d'honneurs. ⇒ Comblé.
4 C'était pour lui l'heure vraiment douce de la journée, où se pouvaient gaver, délecter tout à l'aise, de belle prose administrative, ses instincts de rond-de-cuir endurci.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 3e tableau, I.
5 Tandis que ses camarades de philosophie passaient leurs récréations à se gaver de formules de manuels, Santos se promenait dans le parc, seul à seule avec Fermina Marquez.
Valery Larbaud, Fermina Marquez, XVIII.
♦ Au participe passé :
6 (…) gavé de gloire, mais ruiné et éreinté, le pays n'aspirait plus (…) qu'à la paix (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Ascension de Bonaparte, XIV.
3 (Av. 1865, Littré). Faire manger de force et abondamment (un animal à engraisser, notamment des volailles; ⇒ Embecquer). — Au p. p. || Oies gavées pour la production de foies gras.
4 Techn. || Gaver un moteur d'avion, le munir de compresseurs pour le vol à haute altitude.
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CONTR. Priver, sous-alimenter.
DÉR. Gavage, gaveur.
Encyclopédie Universelle. 2012.