gémissant, ante [ ʒemisɑ̃, ɑ̃t ] adj.
• XVe; de gémir
♦ Qui gémit. Parler d'une voix gémissante. ⇒ plaintif. — Par ext. « l'essieu gémissant » (Lamartine).
● gémissant, gémissante adjectif Qui gémit ; plaintif : Une voix gémissante. ● gémissant, gémissante (synonymes) adjectif Qui gémit ; plaintif
Synonymes :
- geignant
- plaintif
gémissant, ante
adj. Qui gémit.
⇒GÉMISSANT, -ANTE, part. prés. et adj.
I. — Part. prés. de gémir.
II. — Adjectif
A. — [Correspond à gémir I A]
1. [En parlant d'une pers.] Qui gémit, qui pousse des cris plaintifs et inarticulés exprimant une douleur ou un malaise physique. La misérable femme, gémissante et sanglotante, se tordait à terre, sous le crucifix (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 278) :
• 1. On se bousculait pour l'atteindre, la toucher, la pincer, lui arracher de la peau, de la chair, des cheveux, la faire crier, hurler, souffrir un peu plus. Elle n'était plus qu'une loque gémissante et saignante.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 412.
— P. anal. [En parlant d'une chose] Qui produit un son rappelant une plainte humaine. Vent gémissant; ressorts gémissants. Ses clientes étendues dans la plus vaste, la plus boiteuse, la plus gémissante et la plus crasseuse chaise longue qui se puisse voir (A. FRANCE, Crainquebille, Signora Chiara, 1904, p. 234). Les coursives d'un paquebot vide que parcourt un veilleur de nuit, craquantes, gémissantes, en proie à un bâillement noir (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 189).
2. Ton, voix (ou un subst. désignant un message oral) gémissant(e). Qui a l'accent d'un gémissement, d'une plainte. Synon. plaintif. Elle [la femme, en Orient] a, presque partout, une voix criarde et gémissante qui surprend au premier abord : ce pauvre sexe, opprimé depuis tant de siècles, ne parle que par lamentations (ABOUT, Grèce, 1854, p. 188). Ferdinand présentait des revendications gémissantes au sujet d'une paire de chaussures qui le blessaient (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 105). Un murmure passa entre ses dents serrées, le « oh » gémissant et violent de l'amant trahi (VERCORS, Silence mer, 1942, p. 72).
— [En parlant d'un message non oral] La lettre, gémissante, n'était pas sans habileté (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 225).
♦ En partic. [En parlant d'une production mus.] Qui rappelle le ton d'une plainte. Les Kyrie Eleison, si implorants, si gémissants, si doux, des jours habituels (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 68). Bach se sert du même chromatisme gémissant et douloureux que Beethoven pour donner une image de l'agonie de Jésus sur la croix (COMBARIEU, Mus., 1910, p. 64).
B. — [Correspond à gémir I B; avec une valeur dépréc.]
1. [En parlant d'une pers.] Qui se plaint, se lamente sans cesse. Synon. geignard, gémisseur. Quel avantage si grand trouves-tu donc à passer pour gémissant et plaintif, pour mort et jamais enterré? (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 63) :
• 2. Les père et mère de Gaspard aussi étaient venus (...); et Mme Domaize, la cousine de Saint-Amand, bonne personne de pâte molle, toujours gémissante, malade, à l'entendre, treize mois sur douze, et traînant partout sa chaufferette, jusque dans sa vieille carriole d'osier.
POURRAT, Gaspard, 1922, p. 108.
— [Constr. avec un compl. prép. de, sur] Je n'ai fait que vous voir, vous entendre toute cette nuit, tous malheureux, gémissants d'une union rompue (E. DE GUÉRIN, Journal, 1838, p. 222). Une société dévote et gémissant de tout (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 186). Non découragé comme presque tous les intellectuels et les riches, dans cette épreuve, tristement pessimiste, plein d'appréhension, gémissant sur les siens et lui-même (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 283).
2. Au fig. [En parlant d'un trait psychol.] Qui dénote une faiblesse de caractère. J'ai hérité de ma mère ses yeux bleus (...) et cette sensibilité angoissée, un peu faible, un peu gémissante (GIONO, Eau vive, 1943, p. 201). La méditation de leur exemple [des pays du soleil] m'enseigne alors que si l'on veut sauver l'esprit, il faut ignorer ses vertus gémissantes et exalter sa force et ses prestiges (CAMUS, Été, 1954, p. 74).
C. — Vieilli. [Correspond à gémir I C] Affligé, qui éprouve une intense douleur morale :
• 3. Pauvre âme, atteinte encore au bord de la carrière,
Triste, penchant la tête et fermant la paupière,
Elle retombera dans son cloaque impur,
Et s'en ira bien loin vers quelque coin obscur,
Gémissante, traînant l'aile et perdant sa plume,
Mourir avant le temps, le cœur gros d'amertume.
BARBIER, Iambes, 1840, p. 90.
Rem. On relève l'emploi subst. Personne qui gémit. Faire d'elle à son tour une blessée, une gémissante (COLETTE, Képi, 1943, p. 202).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér. : 493. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 906, b) 516; XXe : a) 742, b) 599.
gémissant, ante [ʒemisɑ̃, ɑ̃t] adj.
ÉTYM. Av. 1502; p. prés. de gémir.
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1 Qui gémit, émet des plaintes. || Un malade gémissant. || Parler d'une voix gémissante. ⇒ Plaintif. || Les cris gémissants des pleureuses. — Littér. (avant le nom) :
1 Leur gémissante voix longtemps se plaignit seule.
Hugo, Odes et Ballades, Ballade, III.
♦ Fig. || L'égérie (cit. 2) à la voix gémissante. || Sons gémissants. || Musique gémissante.
2 (1872; en parlant de certains animaux). || Voix gémissante de la tourterelle.
2 Les grues émigrantes passent dans des régions où, en plein jour, l'œil les distingue à peine. La nuit, on les entend seulement; et ces voix rauques et gémissantes, perdues dans les nuages, semblent l'appel et l'adieu d'âmes tourmentées qui s'efforcent de trouver le chemin du ciel (…)
G. Sand, la Mare au diable, Append., I.
3 (Av. 1848, Chateaubriand; en parlant des choses). Qui émet un son plaintif et prolongé. || « Les grands chars (cit. 5) gémissants… » (Hugo). || Essieu gémissant.
4 Fig. et littér. Qui souffre. || Esprit gémissant (→ 1. Bas, cit. 6).
Encyclopédie Universelle. 2012.