guigner [ giɲe ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Regarder à la dérobée (et généralement avec convoitise). Guigner le jeu du voisin. ⇒ lorgner; fam. loucher (sur), reluquer. Guigner une femme au passage. « Son fils le guignait du coin de l'œil » (Aragon).
2 ♦ Fig. Guetter avec convoitise. ⇒ convoiter. Guigner une place, un beau parti.
● guigner verbe transitif (gallo-roman gwinyare, du francique wingjan, faire signe) Familier Regarder quelqu'un, quelque chose du coin de l'œil, à la dérobée : Tu guignes mon jeu et tu triches. Regarder quelque chose avec envie, le convoiter : Guigner une place. ● guigner (homonymes) verbe transitif (gallo-roman gwinyare, du francique wingjan, faire signe) Familier guignier nom masculin ● guigner (synonymes) verbe transitif (gallo-roman gwinyare, du francique wingjan, faire signe) Familier Regarder quelqu'un, quelque chose du coin de l'œil, à la dérobée
Synonymes :
- lorgner (familier)
Regarder quelque chose avec envie, le convoiter
Synonymes :
- être à l'affût
- loucher sur (familier)
- reluquer (familier)
- viser
● guigner
verbe transitif indirect
Regarder quelque chose du coin de l'œil, en biais : Il guigne sur le jeu de son partenaire.
Convoiter, avoir des vues sur quelqu'un, quelque chose : Guigner sur la femme du voisin.
● guigner (homonymes)
verbe transitif indirect
guigner
v. tr.
d1./d Regarder du coin de l'oeil. Guigner le jeu du voisin.
d2./d Fig., Fam. Convoiter. Guigner un emploi.
⇒GUIGNER, verbe trans.
A. — Regarder quelqu'un ou quelque chose du coin de l'œil, subrepticement. Il me guignait de l'œil. Il épiait sur mon visage la moindre trace de distraction (BOURGET, Disciple, 1889, p. 122).
— P. anal. Regarder de travers, lorgner, loucher vers. Il fut plus grand liseur que moi. Car il était bigle et, guignant de l'œil, il lisait deux pages à la fois (A. FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 351).
B. — P. ext.
1. Regarder quelqu'un ou quelque chose avec convoitise. Les philosophes repèrent les morceaux de choix et les guignent avec des œils élargis et des pupilles flamboyantes (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 13) :
• Et c'est du propre d'aller manger le bon Dieu en guignant les hommes. Ose donc dire le contraire, petite salope!...
ZOLA, Assommoir, 1877, p. 679.
2. Convoiter, avoir des visées sur quelqu'un ou sur quelque chose. Un certain Langlois qui (...) guignait la propriété (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 122). Pour ce qui est du Barthaut, peut-être le guigna-t-elle pour époux (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 167).
Rem. Le verbe guigner peut signifier dans certains dial. : « s'agiter faiblement ». Ainsi s'explique l'orig. du subst. masc. guigne-queue. Bergeronnette agitant la queue d'un mouvement caractéristique. Synon. hoche-queue, lavandière. C'est pour cela qu'on lui a mis le nom du « guigne-queue » : ce petit oiseau que les buissons se jettent comme une balle, sans arrêt pendant trois saisons de l'an (GIONO, Regain, 1930, p. 26).
Prononc. et Orth. : [], (il) guigne []. Att. ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. [ms.] guingner trans. « faire signe de l'œil (à quelqu'un) » (CHR. DE TROYES, Chevalier charrette, 269 ds T.-L.); 2. a) 1536 guigner « lorgner, regarder sans faire semblant, du coin de l'œil » (R. DE COLLERYE, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 61); b) 1542 [éd.] guaigner intrans. « regarder à la dérobée » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, p. 109, note 193); 3. 1640 trans. « guetter avec convoitise » (OUDIN Curiositez). On suppose un gallo-roman gwinyare, issu, par dissimilation consonantique, de gwingyare qui remonte à l'a. b. frq. wingjan « faire signe » (sens conservé en a. fr.; ca 1225-30 ds T.-L.), var. de winkjan, cf. a. h. all. winchjan de même sens, all. winken « id. ». Le passage de winkjan à wingjan peut s'expliquer par l'alternance consonantique des racines wink- et wing- ou wenk- et weng- (cf. Z. rom. Philol. t. 36, p. 490) que l'on trouve en all. dans des formes parallèles comme p. ex. schwenken à côté de schwingen (FEW t. 17, p. 593 a). Fréq. abs. littér. : 71. Bbg. BRÜCH (J.). Frz. guigner und seine Sippe. Z. rom. Philol. 1912, t. 36, pp. 490-491.
guigner [giɲe] v. tr.
ÉTYM. 1536; guignier, v. 1175; d'abord « faire signe », puis « faire signe de l'œil, loucher »; a aussi le sens de « remuer » dans de nombreux dial.; d'un francique wingjan « faire signe », par une forme gallo-romaine gwinynare. Cf. all. winken « faire signe ».
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1 Regarder (qqn, qqch.) à la dérobée (et généralement avec convoitise). || Guigner le jeu de son voisin. ⇒ Lorgner, loucher (sur). || Guigner une jolie fille.
1 J'ai guigné ceci (la cassette d'Harpagon) tout le jour.
Molière, l'Avare, IV, 6.
2 Tout le régiment connaît Lucie, tous les hommes la désirent, et quand elle traverse le débit bondé, portant les verres, ils la guignent d'un air goulu et disent crûment leur goût.
R. Dorgelès, les Croix de bois, VI.
3 Son fils le guignait du coin de l'œil, où voulait-il en venir ? Mais le silence d'Edmond glaçait le vieux malin et lui mettait la puce à l'oreille.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, VII.
2 (1640). Abstrait. Guetter avec convoitise. ⇒ Convoiter; vue (avoir des vues). || Guigner une place, un héritage, un beau parti, avoir des vues sur.
4 Il revint la semaine suivante, et se vanta d'avoir, après force démarches, fini par découvrir un certain Langlois qui, depuis longtemps, guignait la propriété sans faire connaître son prix.
Flaubert, Mme Bovary, III, V.
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DÉR. 1. Guignard. — V. 2. Guignette, guignol, guignon.
Encyclopédie Universelle. 2012.