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haranguer

haranguer [ 'arɑ̃ge ] v. tr. <conjug. : 1>
• déb. XVe; de harangue
Adresser une harangue à (un groupe de personnes). Haranguer des soldats, le peuple. « Des hommes d'une éloquence frénétique haranguaient la foule au coin des rues » (Flaubert).
Fig. Faire d'ennuyeux discours, de longues remontrances à (des personnes). sermonner.

haranguer
v. tr. Adresser une harangue à (qqn). Haranguer les troupes, la foule.

⇒HARANGUER, verbe trans.
Faire un discours solennel devant une personne d'un rang ou d'une dignité élevés, une assemblée, une foule. Haranguer un dignitaire pour l'honorer, le remercier; haranguer les soldats pour leur donner du courage; haranguer une foule pour l'inciter à faire qqc.; haranguer le Sénat [Hist. romaine]. Dix mille paysans crièrent : vive le roi! Quand le maire eut l'honneur de haranguer sa majesté (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 102). Un champ de foire (...) des gradés ont rassemblé ce qui reste d'une compagnie de fantassins. Au centre, le capitaine harangue les hommes. Puis les rangs se disloquent (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 743) :
1. ... un gros légionnaire,
Dont la voix, en parlant, sonnait comme un clairon;
Il avait pour coiffure un grand casque, et pour nom Pantabolus. Debout, superbe, dans sa gloire,
Aux soldats ébahis il contait son histoire
Et haranguait la foule une coupe à la main;...
BOUILHET, Melaenis, 1857, p. 144.
Emploi abs. Haranguer bien, mal; haranguer devant qqn. Il [Napoléon] eut souvent à haranguer à la halle, dans les rues, aux sections et dans les faubourgs (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 343). La célèbre Rose Lacombe qui, à la tribune, haranguait et réclamait des piques et des poignards pour les citoyennes qui se chargeraient des exécutions (ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 23) :
2. Ce sont des ecclésiastiques qui l'ont déterminé [Drumont] à parler en public, en lui disant que le don de la langue lui viendrait avec le Saint-Esprit, et il constate que ce don qu'il croyait ne pas avoir, il le possède et qu'il harangue avec une facilité qui l'étonne.
GONCOURT, Journal, 1887, p. 656.
Emploi réfl. à valeur réciproque. Les deux champions entrés en lice n'en venoient aux mains qu'après s'être harangués l'un l'autre (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 39).
P. ext.
Souvent péj., emploi abs. Parler longtemps et avec emphase. Il harangue toujours. Il ne fait que haranguer (Ac.). Depuis sept mois, il [Louis Bonaparte] s'étale; il a harangué, triomphé, présidé des banquets (...), dansé, régné, paradé et fait la roue (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 37).
Sermonner; réprimander. Sorti à cinq heures. — Allé haranguer le petit L chez AP sur son manque de caractère (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p. 376). Madame Poisvert [dans l'autobus], debout et haranguant [son fils]. Dans quelques mois, tu seras un homme : apprends donc à ne plus te conduire en enfant, ainsi que tu as coutume de le faire (COURTELINE, Conv. Alceste, Sigismond, 1901, p. 238). Au lieu de la traiter d'effrontée, il la harangua en termes pieux, il la supplia au nom de la vierge Marie (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 33).
P. anal. [Le compl. d'obj. désigne un animal ou une chose] Tu harangueras tes nuits d'insomnie pour qu'elles te laissent un peu de repos (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 359). C'était, nonchalamment assis sur l'avant-scène, Pierrot, qui haranguait dans un grave entretien, Un singe timbalier à cheval sur un chien (HUGO, Contempl., t. 1, 1856, p. 139).
Prononc. et Orth. : [] avec init. asp., je harangue []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1414 « lire (un texte) en public » (Journal de N. de Baye, éd. A. Tuetey, p. 188); 2. 1512 abs. aranguer « faire un discours » (G. CRETIN, Plainte sur le trespas de G. de Byssipat, 451 ds Œuvres poétiques, éd. K. Chesnay, p. 88); 1544 harenguer à (SEYSSEL, trad. d'Appien, Guerre parthique, ch. 1 ds HUG.); 1547 haranguer qqn (N. DU FAIL, Propos rustiques, éd. J. Assézat, t. 1, p. 25 : haranguer les jeunes gens). Empr. à l'ital. ar(r)ingare « prononcer une harangue » (dep. début XIVe s., COMPAGNI ds BATT., verbe trans. dep. 1261-92, GIAMBONI, ibid.), dér. de ar(r)inga (harangue). Fréq. abs. littér. : 146.

haranguer ['aʀɑ̃ge] v. tr.
ÉTYM. 1414, « lire en public »; sens mod., 1547; de harangue, ou de l'ital. aringare, de aringa. → Harangue.
1 Adresser une harangue à. || Haranguer un roi, un empereur, une assemblée, des soldats, le peuple, la foule (→ Chef, cit. 10; français, cit. 1; grimper, cit. 21).
1 (M. de Beaufort) sortit; il harangua à sa manière la populace, et il l'apaisa pour un moment.
Retz, Mémoires, II, p. 244.
2 Il (Mazarin) exigea et il obtint que le parlement vînt le haranguer par députés. C'était une chose sans exemple dans la monarchie (…)
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, VI.
3 (…) si jamais on vit un spectacle indécent, odieux, risible, c'est un corps de magistrats, le chef à la tête, en habit de cérémonie, prosternés devant un enfant au maillot, qu'ils haranguent en termes pompeux, et qui crie et bave pour toute réponse.
Rousseau, Émile, II.
4 Des hommes d'une éloquence frénétique haranguaient la foule au coin des rues (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.
5 (…) cette place éminente par elle-même, où je ressens, avec la sensation de l'étrangeté d'y paraître, tout l'émoi et tout l'embarras d'avoir à vous haranguer.
Valéry, Variété V, p. 41.
(1580, Montaigne). Absolt. Prononcer des harangues, et, par ext., parler beaucoup et avec emphase.
6 (…) soit qu'il parle, qu'il harangue ou qu'il écrive, (il) veut citer (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 64.
7 (…) la philosophie enseigne et ne harangue pas.
P.-L. Courier, Œuvres, p. 566.
8 Qui croirait que cette cour insensée se rappelât, regrettât l'usage absurde de faire haranguer le Tiers à genoux ? On ne voulut pas l'en dispenser expressément, et l'on aima mieux décider que le président du Tiers ne ferait pas de harangue.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, II.
2 (1573). Faire d'ennuyeux discours, de longues remontrances à. Sermonner (→ Fréquentation, cit. 7).
9 Avant mon départ, j'allai embrasser mon père et ma mère, qui ne m'épargnèrent pas les remontrances. Ils m'exhortèrent à prier Dieu pour mon oncle, à vivre en honnête homme (…) et, sur toutes choses, à ne pas prendre le bien d'autrui. Après qu'ils m'eurent très longtemps harangué, ils me firent présent de leur bénédiction (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, I, 1.
10 (…) le conducteur est assis sur le brancard, d'où il peut haranguer et bâtonner sa mule tout à son aise (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 50.
DÉR. Harangueur.
HOM. V. Harangue.

Encyclopédie Universelle. 2012.