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illuminer

illuminer [ i(l)lymine ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1200 « rendre la vue »; lat. illuminare
1Relig. Éclairer de la lumière de la vérité.
2(XIVe) Cour. Éclairer d'une vive lumière. Éclair qui illumine le ciel. enflammer. Par métaph. « L'idéal révolutionnaire a illuminé mon horizon » (Martin du Gard). Cela va illuminer ma journée.
Spécialt Orner de lumières à l'occasion d'une fête. Illuminer un monument, une place ( illuminé) .
3Par ext. Mettre un reflet, un éclat lumineux sur. Un « éclair de joie illuminait sa face sanglante » (Hugo). Pronom. Ses yeux s'illuminèrent de joie. briller. Son visage s'illumina.
⊗ CONTR. Obscurcir; assombrir; rembrunir (se).

illuminer verbe transitif (latin illuminare, de lumen, -inis, lumière) Éclairer vivement quelque chose : Des éclairs illuminaient le ciel. Illuminer un monument, une place de village. Donner au visage, au regard, un vif éclat : Un éclair de malice illumina son regard. Littéraire. Marquer de façon heureuse une situation, une période, y apporter un élément de joie, d'espoir : Cet événement a illuminé la fin de sa vie.illuminer (synonymes) verbe transitif (latin illuminare, de lumen, -inis, lumière) Éclairer vivement quelque chose
Synonymes :
- embraser
Donner au visage, au regard, un vif éclat
Synonymes :
- allumer
- éclairer

illuminer
v. tr.
d1./d Répandre de la lumière sur. Le soleil illumine la lune.
|| Fig. Cet espoir avait illuminé toute son existence.
d2./d Orner de multiples lumières. Illuminer un monument.
d3./d Fig. Donner un éclat particulier à. La joie illuminait son visage.
|| v. Pron. Ses yeux s'illuminèrent de joie.

⇒ILLUMINER, verbe trans.
A. — [Le suj. désigne le moyen]
1. Éclairer vivement quelque chose d'une certaine clarté. Synon. éclairer; anton. assombrir, obscurcir. La lumière du soleil illumine la terre; les vitrines illuminent la rue. Les éclairs illuminaient la forêt (Ac. 1878-1935). Les rayons d'un soleil oblique frappaient les dunes qu'ils illuminaient d'une lueur phosphorescente (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 63). Le soleil illuminait de reflets feu sa chevelure rousse (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 54). Ils entraient maintenant dans les faubourgs. Les phares illuminaient les rues désertes (CAMUS, Peste, 1944, p. 1323).
Emploi pronom. passif. Synon. s'éclairer; anton. s'assombrir, s'obscurcir. Les rues s'illuminent de lampions. Comme ces poissons qui (...) suffoquent tandis que leur ventre s'illumine de reflets changeants (RENARD, Journal, 1893, p. 188). Les galons des cochers s'illuminaient au passage sous les grosses lanternes du fronton (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 400). Repartir, à l'aube, en longeant une sierra dont les crêtes s'illuminent d'orangé sur un fond de ciel violet (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 285).
2. Au fig.
a) Donner à quelque chose une clarté comparable à celle d'une vive lumière. Synon. éclairer; anton. assombrir. Un sourire illumina son visage; sa présence illumine la maison. Le soprano s'épanouit progressivement. (...) déploiement de sonorités vocales, dont la splendeur soudaine va illuminer tout le chaos de plaintes (PIRRO, J.-S. Bach, 1919, p. 170). Son existence illuminait mes jours (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 196) :
Madame, il faut excuser la fièvre dans laquelle j'écris des expressions, elle illumine ma vie intérieure. Sans elle, aurai-je découvert qu'il faut vaincre une timidité que je croyais invincible?
ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1921, p. 145.
Emploi pronom. passif. Acquérir une clarté comparable à celle d'une vive lumière. Son visage s'illumina. L'œil d'Andrea s'illumina d'un rayon de joie (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 25). La face rouge et violente de la gargotière s'illumina d'un épanouissement hideux (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 502).
b) En partic.
Éclairer, saisir brusquement l'esprit (de quelqu'un). Une idée l'illumina. Il courut au télégraphe dont le bureau faisait face à la mairie, de l'autre côté de la place. Et il expédia trois dépêches (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Coup d'état, 1882, p. 181).
RELIG., THÉOL. [Le sujet désigne Dieu, la lumière divine] Éclairer vivement comme par une révélation l'âme (de quelqu'un). Prier Dieu qu'il les illumine et qu'il les convertisse (Ac. 1835-1935). Il en est très-peu que le feu divin illumine durant toute une longue carrière (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 6, 1864, p. 450). Mais, encore un coup, Dieu bon, illuminez-les, Mes frères aveuglés! (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Qq. vers inéd., 1896, p. 230).
B. — [Le suj. désigne l'agent]
1. Faire éclairer (quelque chose) par des dispositifs en grand nombre. Illuminer une ville en l'honneur de qqn. Illuminer les édifices publics, une place (Ac. 1935). Ainsi, en 1465, ordre aux habitants, la nuit venue, d'illuminer de chandelles leurs croisées (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 468). Le soir qui suivra ton arrivée, tu feras illuminer mon château de la façon la plus splendide (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 371).
P. anal., B.-A. Gervex, Duez, Roll ont illuminé de grandes compositions en éclairant de tons argentés les tonalités sombres de Manet ou Ribot (HOURTICQ, Hist. art, Fr., 1914, p. 427).
Emploi pronom. passif. S'éclairer par des dispositifs en grand nombre généralement en signe de réjouissance, de reconnaissance. L'ancien hôtel Saincy s'entr'ouvre et s'illumine (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 58). Ces églises italiennes où tout est peint, et qui s'illuminent le soir, de milliers de cierges (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 434).
Emploi abs., vieilli, littér. On ordonna d'illuminer (Ac. 1798-1878). Vois. Écoute. On illumine en ton honneur. On t'acclame. Entends la voix de ce peuple qui t'appelle (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, III, 5, p. 151). Nous voyons les marchands qui illuminent à la saison des jouets, non pas pour vendre plus, mais pour faire grand, neuf, inouï (ALAIN, Propos, 1933, p. 1125).
2. Au fig. Faire que quelque chose acquière une clarté comparable à celle d'une vive lumière (par tel ou tel moyen). Il la tenait serrée autour de lui cette famille qu'il chérissait et illuminait des plus doux regards (L. DAUDET, A. Daudet, 1898, p. 2). Il voulut illuminer de sincérité un sentiment si fort, marquer ce grave moment d'une parole d'abandon et de vérité (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 286).
Emploi pronom. passif. Ils n'avaient pas su que cette occupation terne et stupide qu'est la vie (...) s'illumine par le mépris que les hommes ont d'elle (GIRAUDOUX, Guerre Troie, 1935, I, 6, p. 61).
Prononc. et Orth. : [il(l)ymine]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1200 illuminer les avogles « rendre la vue aux aveugles » (Dialogues Grégoire, 48, 6 ds T.-L.); 2. ca 1350 « éclairer, répandre de la clarté » ici intrans. (G. LI MUISIS, I, 352, ibid.); 3. id. « éclairer qqn. par la Révélation, la vérité divine » (ID., II, 274, ibid.); 4. 1694 (Ac. : on avoit illuminé tout le Palais). B. 1564 part. passé adj. « intelligent » (Indice... de tous les mots de la Bible d'apr. FEW t. 4, p. 560b); 1653 subst. « esprit éclairé » (BARY, Réthorique fr. ds BRUNOT t. 4, p. 276 : pour peu que les Copistes consultent les Illuminés, ils peuvent éviter le deffaut de leurs Maistres); 1690 « visionnaire » (FUR. : Hérétiques qui se sont appellez illuminez). Empr. au lat. illuminare « éclairer, illuminer; orner; mettre en lumière, rendre illustre » à l'époque class.; « donner, redonner la vue à; instruire, éclairer, spéc. : éclairer l'âme par la grâce, la Révélation; inspirer » ds la lang. chrét.; v. aussi enluminer. Fréq. abs. littér. : 932. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 996, b) 1 817; XXe s. : a) 1 547, b) 1 208.

illuminer [i(l)lymine] v. tr.
ÉTYM. V. 1200, « rendre la vue (à un aveugle) »; aussi « enluminer », au XVIe; lat. illuminare, de il- (→ 2. In-), et lumen, inis « lumière ».
1 Relig. Éclairer (qqn, son âme) de la lumière de la vérité (→ ci-dessous, illuminé, p. p. adj.).
1 Ce n'est pas tout, Seigneur : une céleste flamme
D'un rayon prophétique illumine mon âme.
Corneille, Cinna, V, 3.
2 Et priez que toujours le Ciel vous illumine.
Molière, Tartuffe, III, 2.
2 (Mil. XIVe). Éclairer d'une vive lumière. Enflammer (fig. et littér.). || Le soleil couchant illumine les flots (→ Figement, cit.). || Éclair qui illumine le ciel, la campagne (→ 1. Foudre, cit. 5). || Flammes d'une torche, d'un foyer qui illuminent une salle (→ Agonisant, cit. 1; flamboyant, cit. 4). || Des lustres de cristal illuminaient le salon. || Fusée (cit. 5) lâchée par un aviateur pour illuminer le terrain.
3 Mais quel nouveau soleil illumine les airs ?
Rotrou, Hercule mourant, V, 3.
Au passif et p. p. || La ville était illuminée. Illumination. || Un monument illuminé. || Averse illuminée de soleil (→ Briller, cit. 6). || Armure illuminée de reflets (→ Fourbir, cit. 1).
4 (…) les carreaux illuminés par les rayons d'agonie du soir brûlaient d'une lueur intense (…)
Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, « L'Intersigne », p. 203.
5 Certain matin, nous quittâmes enfin ce sale canot sauvage pour entrer dans la forêt par un sentier caché qui s'insinuait dans la pénombre verte et moite, illuminé seulement de place en place par un rais de soleil plongeant du plus haut de cette infinie cathédrale de feuilles.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 151.
Pronominal :
6 De son lit (…) il regardait par les fenêtres carrées et basses les étoiles poindre dans le ciel et Limoges s'illuminer.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 503.
(1694). Sujet humain. Orner de lumières (un monument, une rue, une place…) à l'occasion d'une fête, d'un spectacle. Illumination. Absolt. || On pavoisait le jour et on illuminait la nuit.
7 Il (le cardinal Alberoni) fut le seul des ministres étrangers qui illumina sa maison pour la prise de Cagliari.
Saint-Simon, Mémoires, t. V, XLII.
3 Sujet n. de chose. Mettre une lumière, un reflet, un éclat lumineux sur. || Une flamme de colère illuminait ses yeux, son regard. Allumer, embraser.Fig. || Des yeux, un sourire qui illuminait un visage (→ Brouiller, cit. 30). || Sa beauté illumine tout. Ensoleiller.Au p. p. || Des yeux illuminés de joie.
8 (…) ses yeux illuminés d'un reste de fièvre (…)
Nerval, Aurélia, II, I.
9 Un ineffable éclair de joie illuminait sa face sanglante.
Hugo, Quatre-vingt-treize, III, II, IV.
10 (…) cette divine créature que je voyais resplendir à son bras et dont la présence illuminait le vieux salon fané (…)
France, le Crime de S. Bonnard, Œuvres, t. II, IV, p. 391.
11 (…) elle s'approcha de nous avec ce sourire qui semblait l'illuminer tout entière (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 97.
Pron. Devenir brillant, lumineux, radieux. || Ses prunelles s'illuminent d'un flamboiement (cit. 2). Briller. || Ses yeux s'illuminèrent de joie (→ Animer, cit. 41). || Son visage s'illumine à l'annonce de cette nouvelle.
12 Mais je fus bien surpris de voir s'illuminer le visage de mon jeune juge (…)
Saint Exupéry, le Petit Prince, p. 14.
4 Par métaphore. Rendre lumineux (fig.), plus beau. Éclairer, embellir.
13 L'éclat de telles actions semble illuminer un discours (…)
Bossuet, Oraison funèbre de P. Bourgoing.
14 Le soleil de Louis XIV illuminera le règne de Louis XV.
J. Bainville, Hist. de France, XIII, p. 221.
15 Le monde nous est-il perceptible quand aucun amour ne l'illumine plus à nos yeux ?
Edmond Jaloux, le Dernier Jour de la création, XIII, p. 182.
16 C'est l'idéal révolutionnaire qui a soudain élargi, illuminé mon horizon, donné une raison de vivre à cet être réfractaire et inutile que j'étais, depuis mon enfance (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 225.
——————
illuminé, ée p. p. adj. et n.
Au p. p. → ci-dessus, cit. 5 et supra; cit. 8 et supra.
Adj.
1 Éclairé d'une vive lumière, de nombreuses lumières. || Eaux illuminées, moirées d'argent (→ Hélice, cit. 3). || Salle illuminée d'un restaurant (→ Amaigrissement, cit.). || Palais illuminé (→ Fond, cit. 19). || Paquebot tout illuminé.
17 (…) elle se rappela, brillant à travers les arbres des deux jardins contigus, une fenêtre illuminée qu'elle avait aperçue de son lit, quand par hasard elle s'était éveillée pendant la nuit (…)
Balzac, Albert Savarus, Pl., t. I, p. 769.
18 La façade illuminée de l'établissement jetait une grande lueur (…)
Maupassant, Bel-Ami, p. 18.
19 (…) le teint de sa figure était si doré et si rose qu'elle avait l'air d'être vue à travers un vitrail illuminé.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 72.
Spécialt. Orné d'illuminations. || Ville illuminée.
20 Cependant Toulon accueillait l'escadre russe; le port était pavoisé et le soir une étrange liesse emplissait la ville illuminée (…)
Gide, Si le grain ne meurt, p. 290.
21 Au loin, un noir rougeoiement indiquait l'emplacement des boulevards et des places illuminées (…) Du port obscur montèrent les premières fusées des réjouissances officielles.
Camus, la Peste, p. 331.
2 (1653; « intelligent », 1654). Fig. Dont l'esprit reçoit une vision. || Être comme illuminé (→ 1. Garde, cit. 42).
N. a (1625, in D. D. L.). Hist. des relig. Mystique croyant à l'illumination intérieure. || Un illuminé, une illuminée. Personne qui a des visions, en matière de religion. Inspiré, mystique, visionnaire. || Un illuminé qui se dit prophète. || Les Rose-Croix, secte d'illuminés. Illuminisme.
22 Il y a trois classes d'illuminés : les illuminés mystiques, les illuminés visionnaires, et les illuminés politiques (…) Les illuminés visionnaires, à la tête desquels on doit placer le Suédois Swedenborg, croient que par la puissance de la volonté, ils peuvent faire apparaître des morts et opérer des miracles.
Mme de Staël, De l'Allemagne, IV, VIII (1810).
23 (…) la révolution a eu de tout temps ses mystiques, ainsi que la monarchie. La race des illuminés n'est pas éteinte. Toutefois, le sol de France lui a toujours été moins favorable que celui de l'Allemagne.
Nerval, Illuminés et Illuminisme, Pl., t. II, p. 1220.
24 Quelques années avant la Révolution, le château d'Ermenonville était le rendez-vous des Illuminés qui préparaient silencieusement l'avenir. Dans les soupers célèbres d'Ermenonville, on a vu successivement, le comte de Saint-Germain, Mesmer et Cagliostro, développant, dans des causeries inspirées, des idées et des paradoxes dont l'école dite de Genève hérita plus tard.
Nerval, les Filles du feu, « Angélique ».
25 Le visage tourmenté, ravagé, les yeux ardents et fixes semblaient, par instants, d'un illuminé.
A. Maurois, Olympio, VIII, II, p. 401.
26 (…) en réaction contre l'esprit scientifique se propagent des crédulités singulières, et comme le vertige de l'irrationnel. Ce « siècle des lumières » est aussi celui des illuminés. Il a ses rêveurs, ses égarés, ses charlatans. La secte proprement dite des Illuminés se fonde seulement en 1776 en Allemagne, à l'instigation d'Adam Weisshaupt. Mais les frères de la Rose-Croix, nombreux en Allemagne dès le début du XVIIe siècle, forment au milieu du XVIIIe un groupe agissant de francs-maçons tournés vers le mysticisme, et qui se croit en communication avec les esprits. Le Suédois Swedenborg (1688-1772) (…) a des révélations, converse avec les anges, les morts, les démons.
R. Jasinski, Hist. de la littérature franç., t. II, p. 124.
b Cour. « Esprit sans critique, qui suit aveuglément ses inspirations ou qui prend ce qu'il imagine pour des intuitions révélatrices » (Lalande). || C'est un illuminé. || Les illuminés qui voulaient l'armistice (cit. 2).
CONTR. Obscurcir, assombrir. — (De l'adj., sens 1) Sombre. — (Du p. p. adj.) Aveuglé.
DÉR. Illuminisme, illuminable, illuminatif, illuminisme. — V. aussi Illuné.

Encyclopédie Universelle. 2012.