imbu, ue [ ɛ̃by ] adj. ♦ Qui est imprégné, pénétré (de sentiments, d'idées). ⇒ plein, 1. rempli. « un Genevois imbu de tous les préjugés anglais » (Michelet). — Être imbu de soi-même, de sa supériorité : se croire supérieur aux autres. ⇒ infatué.
imbu, ue
adj. Pénétré, imprégné (d'idées, de sentiments, etc.). être imbu de préjugés. être imbu de soi-même, pénétré de son importance.
⇒IMBU, -UE, adj.
A. — Vx ou littér. [Correspond à imboire A] Synon. de embu (part. passé adj.) Ailleurs, imbu de soufre, imprégné de bitume, Des débris des forêts un noir amas s'allume (DELILLE, Trois règnes nature, 1808, p. 185). Pour éviter la mort, son père, accusé de magie, s'était enfui de cette cité imbue de sang humain (BOREL, Champavert, 1833, p. 141). Cette pâte molle et imbue, cette éponge à picolo [Guilio] eut une détente imprévue et brutale (ARNOUX, Rossignol napol., 1937, p. 94).
B. — Au fig. [Correspond à imboire B; toujours avec déterm.] Qui est imprégné, pénétré (de quelque chose).
1. [Imbu qualifie une pers. ou un attribut de la pers.] Le médecin (...) était imbu de tous les préjugés d'un homme du monde (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 282). M. Dubois, imbu de Winckelmann, me prêta les œuvres de cet illustre antiquaire (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 411) :
• Si l'esprit trop rationaliste de nos pères a méconnu l'inconscient et ses droits à l'expression, le nôtre, encore trop imbu d'une civilisation positive, conçoit malaisément que le spirituel ne se confonde pas avec l'intellectuel et y soit même parfois irréductible tant il lui est supérieur.
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 237.
SYNT. Être imbu du droit, d'un devoir; être imbu d'une croyance, d'une doctrine, d'une idée, d'un principe, d'une théorie, d'une tradition, d'un usage; être imbu d'une erreur, d'une nécessité, d'une prévention, d'un sentiment, d'une vérité; être imbu de sagesse, de libéralisme, de philosophie, de racisme; être imbu d'un langage.
— En partic. Être imbu de soi-même, de son personnage, de sa dignité, de sa supériorité. Être convaincu, être exagérément conscient de sa valeur, de son pouvoir. Sans être plus qu'une autre très imbue de mon autorité, j'ai dû, pour faire un exemple, renvoyer mon Vatel (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 597). Le Bourgeois important et si intolérablement imbu de soi (ARNOUX, Roi, 1956, p. 350).
2. [Imbu qualifie une manifestation de l'activité humaine] Il se fera ainsi sur tous les points des études, des observations qui seront imbues de l'esprit d'observation scientifique (C. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 185). La philosophie de Kant est imbue, elle aussi, de la croyance à une science une et intégrale, embrassant la totalité du réel (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 355). Malgré l'accroissement de ses moyens et le progrès de ses méthodes, la diplomatie de la Renaissance restait profondément imbue de traditions primitives (CHAZELLE, Diplom., 1962, p. 17).
REM. Imbue, subst. fém. bât. ,,Première couche de peinture, plus ou moins absorbée par une maçonnerie ou un bois`` (BARB.-CAD. 1971). Masc. selon LITTRÉ, Lar. 19e-Nouv. Lar. ill.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. XVe s. « imprégné de » (Ovide moralisé, Commentaire de Copenhague, éd. C. de Boer, t. 5, p. 399 : Imbeü de la Sainte trinité); 1438 imbeu de vin (Arch. Nord, B 1682, fol. 20 ds IGLF); 1507 de vertues imbut (N. DE LA CHESN., Condamn. de Bancquet, 352 ds DG). Réfection d'apr. le lat. class. imbutus « imbibé, imprégné » part. passé de imbuere, de embu, part. passé de emboire, de imbibere, (FEW, t. 4, 568b-569a). Fréq. abs. littér. : 132.
imbu, ue [ɛ̃by] adj.
ÉTYM. 1640, « imbibé »; sens mod., 1507; réfection d'embu (→ Emboire), d'après le lat. imbutus, de imbuere « imbiber ». → Imboire.
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1 (Personnes). Qui est imprégné, pénétré de (sentiments, idées…). ⇒ Plein, rempli (de). || Être imbu de bons, de faux principes, de préjugés. || Imbu, dès l'enfance, de cette haine… → Avoir sucé avec le lait. || Imbu de l'esprit (cit. 183) de clan. || Imbu d'une théorie, d'une doctrine politique (→ Fédération, cit. 1). || Il en est imbu.
1 (…) les individus y étaient tous instruits, disciplinés par le sentiment religieux, imbus du même système, sachant bien ce qu'ils voulaient et où ils allaient.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 439.
2 Un ennemi, un envieux, un Genevois imbu de tous les préjugés anglais (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, V.
3 À cette date (…) Saint-Just est encore imbu des doctrines philanthropiques du XVIIIe siècle en matière pénale (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 26 janv. 1852, t. V, p. 342.
♦ Être imbu de soi-même, de sa supériorité : être pénétré de son importance, se croire supérieur aux autres. ⇒ Infatué.
2 (Choses humaines). Didact. ou littér. Imprégné de… || Une philosophie imbue de matérialisme, de croyances religieuses.
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DÉR. V. Imboire.
Encyclopédie Universelle. 2012.