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impie

impie [ ɛ̃pi ] adj. et n.
XVe; lat. impius, de pius « pieux »
1Vieilli ou littér. Qui n'a pas de religion; qui offense la religion. irréligieux.
Qui marque le mépris de la religion, ou des croyances qu'elle enseigne. Action impie. Paroles impies. blasphématoire. « Je ne demande pas le martyre [...] un tel vœu serait impie » (Duhamel).
2 N. (1636) Athée, incroyant. « des impies, qui vivent dans l'indifférence de la religion » (Pascal). Personne qui insulte à la religion, aux choses sacrées. blasphémateur, 2. sacrilège. « Je suis incroyant, je ne serai jamais un impie » (A. Gide).
⊗ CONTR. Croyant, pieux.

impie adjectif et nom (latin impius) Littéraire. Qui montre du mépris pour la religion. ● impie (synonymes) adjectif et nom (latin impius) Littéraire. Qui montre du mépris pour la religion.
Synonymes :
- antireligieux
- athée
- irréligieux
impie adjectif Littéraire. Qui outrage la religion, la morale, la justice, etc. : Ouvrage impie.impie (synonymes) adjectif Littéraire. Qui outrage la religion, la morale, la justice, etc.
Synonymes :
- blasphémateur
- profanateur
- sacrilège

impie
adj. et n. Litt. Qui manifeste de l'indifférence ou du mépris à l'égard de la religion. Paroles impies.
|| Subst. Des impies.

IMPIE, adj.
A. — Qui méprise, qui rejette sa propre religion ou la religion officielle. Anton. pieux. L'impie Érisichton qui, sans craindre Cérès, Osa porter la hache à ses saintes forêts (CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 58). La secte impie des Cathares que l'Église (...) punissait sévèrement (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 243). V. apostropher ex. 1 :
1. ... et sans doute, lorsque la colère divine se déchaîna sur Sodome et sur Gomorrhe, se trouva-t-il dans les cités impies des pécheurs assez endurcis pour prétendre que la pluie de feu qui réduisait leurs villes en cendres n'était qu'une précipitation atmosphérique ou un météore.
SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 237.
Emploi subst. Jamais un mot de raillerie sur les choses religieuses n'est sorti de mes lèvres. Je suis un incroyant, je ne suis pas un impie (FEUILLET, Morte, 1886, pp. 76-77). [Le] Tartare, séjour des impies (A. FRANCE , Île ping., 1908, p. 161) :
2. ... nous aurons la douleur de voir mourir ce malheureux Tascheron en impie, il vociférera les plus horribles imprécations contre la Religion, il accablera d'injures le pauvre abbé Pascal, il crachera sur le crucifix, il reniera tout, même l'enfer.
BALZAC, Curé vill., 1839, p. 74.
P. ext.
Qui manifeste le mépris, le rejet de sa propre religion ou de la religion officielle. Leur bouche impie a vomi ce blasphème (Ac.). Ce qu'il ne faut pas lire, ce sont les livres impies... les livres contre la religion... Tenez, par exemple Voltaire (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 254) :
3. Vainqueurs des meilleurs soldats de l'Europe, nous versions le sang des moines avec cette rage impie que la France tenait des bouffonneries de Voltaire et de la démence athée de la Terreur.
CHATEAUBR., Congrès Vérone, t. 1, 1838, p. 9.
Caractérisé par le mépris, le rejet de sa propre religion ou de la religion officielle. Ô dix-huitième siècle, impie et châtié! Société sans dieu, qui par Dieu fus frappée! (HUGO, Rayons et ombres, 1840, p. 1041) :
4. La transgression des lois d'en haut vient retentir
Sur la terre et la fait logiquement pâtir.
Si les vignes de ces jours impies dépérissent
C'est que jamais ne fut plus âpre l'avarice.
JAMMES, Géorgiques, chant 2, 1911, p. 35.
B. — Qui ne respecte pas certaines valeurs communément admises. J'ai vu des gens impies manger de cela [une dinde truffée] sans se mettre à genoux devant (MURGER, Scène vie boh., 1851, p. 283). La Tourgue était le manoir de famille des Gauvain (...). Serait-il [Gauvain] impie envers cette demeure jusqu'à la mettre en cendres? (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 92) :
5. ... la moitié des peintures proposées à notre admiration sont, ou usées, ou falsifiées par la faute des restaurateurs impies dont la plupart exercèrent leurs ravages au début du XIXe siècle.
LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 39.
P. ext. Qui va à l'encontre de valeurs communément admises. Synon. sacrilège. [Lepelletier] faisant une allusion impie à l'Académie, me présente à ses lecteurs comme désormais apte à figurer dans une assemblée de vieillards vilains (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 365). Toutes les guerres sont impies, nous demeurerons les gardiens de l'amour et les martyrs de la paix (SARTRE, Diable et Bon Dieu, 1951, III, 7e tabl., 1, p. 204) :
6. ... je tiens pour impie le vers de Musset tant prôné : « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux », et n'admets pas que l'homme sous les coups de l'adversité se laisse abattre.
GIDE, Nouv. Nourr., 1935, p. 284.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Adj. a) XVe s. « qui montre du mépris pour la religion, qui n'a pas de religion » (d'apr. BL.-W.1-5) [attesté indirectement par impieux (1482, G. FLAMANG, La vie et la passion de Mgr. Saint Didier, éd. J. Carnaudet, 363 — 1660, OUDIN Esp.-Fr., s.v. impio), altération de impie sous l'infl. de pieux]; b) 1606 « qui offense ce que tout le monde respecte » (CRESPIN); 2. subst. a) 1544 « personne sans pitié » (M. SCÈVE, Delie, éd. E. Parturier, CCCXXXI, 2); b) av. 1636 « personne impie » (Satires françaises du 17e s., éd. F. Fleuret et L. Perceau, t. 1, p. 230). Empr. au lat. class. impius « qui manque aux devoirs de piété, sacrilège », dér., à l'aide du préf. in- à valeur négative, de l'adj. pius (v. pieux). Fréq. abs. littér. : 788. Fréq. rel. littér. : XIXe s.; a) 1 818, b) 1 119; XXe s. : a) 1 053, b) 565.

impie [ɛ̃pi] adj. et n.
ÉTYM. XVe; lat. impius, de im- (→ 1. In-), et pius « pieux ».
1 Adj. a Vieilli ou littér. (Personnes). Qui n'a pas de religion; qui offense la religion. Impénitent, irréligieux. || L'impie Aman (→ Apprêter, cit. 5). || Légions impies (→ Assoupir, cit. 18).Par ext. (Littér.). || La tête impie des ennemis (cit. 11) de Dieu. || Armes impies (→ Hostie, cit. 4).REM. Le mot impie emporte généralement une idée de condamnation de la part du croyant contre celui qui ne partage pas sa croyance ou lui paraît insulter à sa foi.
1 La seule religion chrétienne (…) crie aux plus impies qu'ils sont capables de la grâce de leur Rédempteur.
Pascal, Pensées, VII, 435.
2 Rions, chantons, dit cette troupe impie;
De fleurs en fleurs, de plaisirs en plaisirs,
Promenons nos désirs.
Sur l'avenir insensé qui se fie.
De nos ans passagers le nombre est incertain.
Hâtons-nous (…)
Racine, Athalie, II, 9 (→ Demain, cit. 4).
(1636; choses). Qui marque le mépris de la religion, ou des croyances qu'elle enseigne. || Action impie. Impiété, sacrilège, scandale. || Règne impie (→ Après, cit. 6). || Une pompe obscène et impie (→ Cynisme, cit. 1). || Dire des paroles, des mots impies. Blasphème; blasphémer; blasphématoire (cit. 2). || Anathématiser (cit. 1) une opinion impie. || Livre impie (→ Avidement, cit. 4). || Les œuvres impies de Voltaire (→ Corrosif, cit. 3).
3 (…) et le Tartuffe (…) offense la piété (…) Toutes les syllabes en sont impies (…)
Molière, Tartuffe, Préface.
4 Non, je ne demande pas le martyre. Je crois qu'un tel vœu serait impie, même au regard de la stricte religion. On ne postule pas ces choses-là.
G. Duhamel, Salavin, IV, Journal, 27 janvier.
b (1606). Vx. Qui offense ce que tout le monde respecte; qui contrevient aux coutumes reçues (dans une société). || Une ruse impie (→ Cabrer, cit. 2). || Acquiescement impie (→ Carence, cit. 1).
5 (…) Pourquoi ta bouche impie
A-t-elle, en l'accusant, osé noircir sa vie ?
Racine, Phèdre, IV, 6.
6 Tu viens d'incendier la bibliothèque ? (…)
Ce que ta rage impie et folle ose brûler
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage !
Hugo, l'Année terrible, Juin (1871), VIII.
2 N. (Av. 1636; « personne impitoyable », 1544). Relig. ou littér. et style soutenu. Athée, incroyant. Incrédule, infidèle, irréligieux, libertin (vx), mécréant, païen. || Les impies qui vivent dans l'indifférence de la religion (→ Ennemi, cit. 10). || Dieu ne veut point la mort de l'impie (→ Convertir, cit. 1).Qui insulte à la religion, aux choses sacrées. || Un homme impie.Un, une impie. Apostat, blasphémateur, profanateur, renégat, sacrilège (→ Ennemi des autels). || Un impie déclaré (→ Attaque, cit. 4). || Le juste et l'impie (→ Anéantissement, cit. 1). || Un impie digne d'un supplice exemplaire (cit. 4). || Peines éternelles préparées aux impies (→ Gouffre, cit. 1).
7 (…) le Ciel punit tôt ou tard les impies (…)
Molière, Dom Juan, I, 2.
8 Les impies, qui font profession de suivre la raison, doivent être étrangement forts en raison.
Pascal, Pensées, III, 226.
9 J'étais plein de religion et je raisonnais en impie; mon cœur aimait Dieu, et mon esprit le méconnaissait (…)
Chateaubriand, René, p. 195.
10 (…) Par ses crimes prospère
L'impie heureux insulte au fidèle souffrant (…)
Hugo, Odes et Ballades, I, II, III.
11 (…) c'étaient des impies, — des impies de haute graisse et de crête écarlate, de mortels ennemis du prêtre, dans lequel ils voyaient toute l'Église, des athées, — absolus et furieux, — comme on l'était à cette époque (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées ».
12 Je suis incroyant, je ne serai jamais un impie.
Gide, Journal, 6 nov. 1927.
CONTR. Croyant, dévot, fidèle, pieux.

Encyclopédie Universelle. 2012.