importun, une [ ɛ̃pɔrtœ̃, yn ] adj. et n.
• 1540; lat. importunus
1 ♦ Littér. Qui déplaît, ennuie, gêne par sa présence ou sa conduite hors de propos. ⇒ indiscret; embêtant, indésirable, insupportable; fam. casse-pieds, collant, crampon (cf. La mouche du coche). Je ne voudrais pas être importun, vous être importun (⇒ importuner) . Se sentir importun, de trop.
♢ N. m. Cour. ⇒ fâcheux, gêneur. Éviter un importun.
2 ♦ (Choses) Littér. ⇒ agaçant, désagréable, gênant, inopportun, intempestif. Visite importune. « Nulle présence importune ne pouvait interrompre l'entretien » (R. Rolland).
⊗ CONTR. 1. Discret, opportun. Agréable.
● importun, importune adjectif et nom (latin importunus) Littéraire. Qui arrive mal à propos, qui gêne, fatigue, ennuie par sa présence : Se débarrasser des importuns. ● importun, importune (synonymes) adjectif et nom (latin importunus) Littéraire. Qui arrive mal à propos, qui gêne, fatigue, ennuie par...
Synonymes :
- barbant (familier)
- casse-pieds (familier)
- collant (familier)
- crampon (familier)
- emmerdeur (populaire)
- enquiquineur (familier)
- fâcheux (littéraire)
- gêneur
● importun, importune
adjectif
Littéraire. Qui occasionne une gêne continue ou répétée ou qui arrive mal à propos : Visite importune.
● importun, importune (synonymes)
adjectif
Littéraire. Qui occasionne une gêne continue ou répétée ou qui arrive...
Synonymes :
- désagréable
- gênant
- malvenu
importun, une
adj. et n. (Personnes) Qui ennuie, dérange.
— Subst. Fuir les importuns.
|| Par ext. Souvenirs importuns. Ant. opportun.
⇒IMPORTUN, -UNE, adj. et subst. masc.
A. — [En parlant d'une pers.]
1. Adj. Qui ennuie ou fatigue par une présence intempestive ou un comportement hors de propos; p. ext. indésirable. Synon. embêtant (fam.), encombrant, envahissant, fâcheux, indiscret, insupportable. Hôte, solliciteur, visiteur importun; se rendre, se sentir importun; craindre d'être importun. À la fin, comprenant l'inutilité de son zèle et craignant de devenir importun, il cessa d'être quotidien (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 259). Le tiers importun qui est avec deux fiancés et doit s'en aller afin qu'ils soient vraiment ensemble (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 49) :
• 1. ... elle accueillait parfois les deux visiteuses sans aménité, comme des étrangères importunes dont les intentions étaient suspectes; et (...) elle les congédiait généralement bien avant l'heure de la clôture du parloir, pour ne pas manquer sa partie de bésigue.
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 640.
— [En fonction d'attribut] Il s'enfuyait, craignant de venir trop tard ou de paraître importun à Ève qui sans doute était couchée (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 73). Dans l'entourage de Gilberte on avait l'impression que je lui étais importun (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 588).
2. Subst. masc. Personne qui est mal venue, qui intervient hors de propos et qui gêne ou fait perdre du temps. Synon. gêneur, raseur (fam.), casse-pieds (pop.). Éviter un importun, se débarrasser d'un importun, chasser les importuns; loin des importuns; être sans cesse dérangé par des importuns. Vous devez bien en vouloir à l'importun qui a dérangé vos projets et retardé votre départ (BENOIT, Atlant., 1919, p. 55). Je ne retourne jamais dans les maisons dont on m'a, même une seconde, refusé la porte. Je ne peux souffrir d'avoir l'air d'un importun (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 228) :
• 2. Brusquement, l'idée lui vint qu'il s'était conduit en importun. On lui signifiait que l'on ne tenait pas à le voir. En eût-il pu douter : il n'aurait eu qu'à se rappeler la manière dont Philippe l'avait quitté; il ne lui avait même pas dit, comme la première fois : « À l'un de ces jours. »
ARLAND, Ordre, 1929, p. 118.
B. — [En parlant d'un inanimé]
1. Qui survient mal à propos. Synon. agaçant, désagréable, gênant, inopportun; anton. agréable, discret, opportun. Attitude, circonstance, joie, manifestation, visite importune; détails, discours, propos, regards importuns. Triste réunion où la joie des enfants était devenue importune, tant mon aspect y jetait de morne désespoir (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 345). Et dans la crainte que sa présence ne fût importune, il s'éloigna sur la pointe de ses bottines (AYMÉ, Jument, 1933, p. 142).
2. Qui incommode, qui cause du tracas par sa continuité, sa fréquence ou son excès. Babil, souci importun; plainte, pluie importune; chasser une idée, une pensée importune; toux importune. Les louanges, qui m'étaient importunes quand je les recevais, me devenaient agréables lorsqu'elles s'adressaient à Varius ou à Macer (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 164).
Prononc. et Orth. : [] ou [-], adj. fém. [-tyn]. 12 témoins sur 17 ds MARTINET-WALTER 1973 : [-]. Au masc. devant voyelle : un importun ami [-], [-], voire [-tynami] (cf. LITTRÉ). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist 1. a) 1327 « pressant (en parlant d'une requête, d'une supplication) » (Ordonnance n° 634 ds ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., Paris, Belin-Leprieur, t. 3, p. 323 : par faveurs et importunes instances et prieres); b) 1540 « qui poursuit, tracasse d'une manière répétée (en parlant d'une personne) » (Amadis, 295 ds IGLF : En bonne foy, cela vous monstre bien qu'une austresfois vous ne devez estre si importun, pour sçavoir l'affaire de nul oultre son gré); 1558 « id. (d'une chose) » l'importun souci (DU BELLAY, Regrets, éd. J. Jolliffe, 24); 2. ca 1450 « dont la conduite n'est pas en accord avec le rang, la dignité » (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rotschild, 44846); 1541 [éd.] « inopportun » argument ... importun et improprement appliqué à la matière présente (CALVIN, Instit., XII, p. 631 ds HUG.). Empr. au lat. class. importunus « incommode, fâcheux, désagréable » mot à mot « qu'on ne peut aborder, impraticable », dér. de portus « port, asile, refuge », préf. négatif in-1; le sens de « désagréable » s'est développé en français. Fréq. abs. littér. : 660. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 340, b) 904; XXe s. : a) 897, b) 629.
DÉR. Importunément, adv., littér., peu usité. D'une manière importune, hors de propos ou agaçante par sa répétition. Anton. discrètement, opportunément. Arriver, intervenir, survenir importunément. Il revient importunément à la charge; presser importunément (Ac.). L'autre (...) n'imposait jamais sa compagnie importunément, sentant quand il était de trop (RICHEPIN, Cadet, 1890, p. 50). Notre sollicitude les irrite [ces jeunes gens], et le mieux est de ne pas trop la leur laisser voir. Je sais qu'elle s'exerce bien importunément et maladroitement quelquefois (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1206). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. a) XIIIe s. [ms.] « de manière importune, à contretemps » (Bible, Maz. 35, f° 40b : Ne paroles par la ou tu ne servies mie oys et ne voeilles mie estre eslevez importunement en ta sapience), b) 1400-50 « de façon pressante » (Arch. Nord, 10 H 326 fol. 12v ds IGLF : [Ils] luy coururent subs furieusement et importunement); de importun, suff. -ment2.
importun, une [ɛ̃pɔʀtœ̃, yn] adj.
ÉTYM. 1540; « pressant », 1327; « qui ne se conduit pas selon son rang », 1450; lat. importunus « inabordable » et au fig. « incommode, désagréable », de im- (→ 1. In-), et portus « ouverture, port ».
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1 Littér. ou style soutenu. Qui déplaît, ennuie, gêne par une présence ou une conduite hors de propos. ⇒ Indiscret; (fam.) casse-pied, bassinant, collant, embêtant; ennuyeux, envahissant, fatigant, gluant (fig.), insupportable, tannant (fam.). || Se rendre importun en cherchant à s'imposer dans une maison. — Être importun à qqn (vx). || Il craint de vous être importun (Académie). ⇒ Importuner. || Se sentir importun. ⇒ Trop (de). → Gêner, cit. 10. || Ces gens importuns qui se mêlent de tout. ⇒ Ardélion (vx); empressé (cit. 1); mouche (du coche); officieux (faire l'). || Être harcelé par des quémandeurs importuns. || Débarrassez-moi de ce personnage importun. ⇒ Embarrassant, encombrant.
1 Un fâcheux et vous c'est tout un :
Vous êtes le plus importun
Que jamais je vis.
Clément Marot, Opuscules, II, Œ., t. I, p. 27.
2 (…) j'aime mieux être importun et indiscret que flatteur et dissimulé.
Montaigne, Essais, II, XVII.
3 Prétendez-vous longtemps me cacher l'Empereur ?
Ne le verrai-je plus qu'à titre d'importune ?
Racine, Britannicus, I, 2.
♦ N. cour. ⇒ Assommeur (rare), fâcheux (cit. 13), gêneur; fam. canule, casse-cul, casse-pieds, colique, crampon, emmerdeur, fléau, glu, lavement, raseur, rasoir. || Dieu nous garde des importuns (→ Bas, cit. 9). || Éviter (cit. 11) un importun. || Un importun dont la visite ennuie (cit. 12).
4 Un importun est celui qui choisit le moment que son ami est accablé de ses propres affaires, pour lui parler des siennes.
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, Du contretemps.
5 Au reste, on ne nous laissait guère(s) le soin d'éviter l'ennui par nous-mêmes; et les importuns nous en donnaient trop par leur influence, pour nous en laisser quand nous restions seuls.
Rousseau, les Confessions, V.
6 Elle feignit un mal de tête, et l'on sait qu'un mal de tête pour une jolie femme est une manière civile de congédier les importuns.
Marmontel, Contes moraux, « L'heureux divorce », p. 181.
♦ Adj. (Animaux) :
7 (…) il (Élie) avait en effet ce regard tendre et mouillé des chiens qui se savent importuns (…)
F. Mauriac, l'Enfant chargé de chaînes, p. 103.
♦ Vx. || Être importun à soi-même : être pour soi-même une cause d'embarras, de peine.
8 Captive, toujours triste, importune à moi-même (…)
Racine, Andromaque, I, 4.
♦ Par anal. Qui poursuit, tracasse d'une manière continue, répétée. || Bétail assailli par les taons importuns. — Fig. et vx. (→ Fleur, cit. 2). || Être obsédé d'un souci importun. ⇒ Accablant, obsédant. — Qui est incommode par sa continuité, sa fréquence ou son excès. ⇒ Agaçant, assommant, excédant. || Affluence (cit. 1), attente (cit. 3) importune. || Une pluie importune (Académie). || Babil (cit. 1), caquet importun. ⇒ Étourdissant, tuant. || Plaintes importunes. ⇒ Jérémiade.
9 Par des vœux importuns nous fatiguons les dieux (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 5.
10 Non, quoi que vous disiez, mon âme inquiétée
De soupçons importuns n'est pas moins agitée.
Voltaire, Œdipe, IV, 1.
11 Les premières notes effleurèrent, comme des mouches importunes, le sommeil de la bête endormie.
Colette, Histoires pour Bel-Gazou, p. 49.
2 (Choses). Littér. ⇒ Désagréable, gênant, incommode, inopportun, intempestif (→ Éteindre, cit. 20). || Une présence importune. || Manifestation importune d'empressement (cit. 7). || Une joie presque importune (→ Furtif, cit. 12). || Attitude importune au plus haut point. ⇒ Intolérable. || Circonstance importune. || Tenir des propos importuns (⇒ Lantiponner). || Épargnez (cit. 10) -lui des détails importuns.
12 Je ne veux point, Monsieur, d'une flamme importune
Troubler aucunement votre bonne fortune.
Molière, le Misanthrope, V, 2.
13 Ses amis lui déplaisaient, leur société lui était importune (…)
Marmontel, Contes moraux, « L'heureux divorce », p. 165.
14 (…) je m'amusais à deviner les contours et les formes à travers un vêtement léger, mais toujours importun.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre LXXVI.
15 Toute curiosité dont il peut être l'objet lui est importune.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 12.
16 Nulle présence importune ne pouvait interrompre l'entretien de leurs cœurs amoureux; la contrainte ne faisait que le rendre plus intense et plus doux.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, III, p. 203.
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DÉR. Importunément, importuner.
Encyclopédie Universelle. 2012.