inabordable [ inabɔrdabl ] adj.
1 ♦ Où l'on ne peut aborder. Rivage, côte inabordable. « En hiver, le port de Cochin est inabordable » (Buffon). — Qu'il est impossible ou très difficile d'atteindre, d'approcher. Un lieu, une position inabordable. ⇒ inaccessible.
2 ♦ (XVIIe) (Personnes) Vx D'un abord, d'un accès difficile. « Un assez grand fat qui est plus inabordable qu'un Napoléon à Sainte-Hélène » (Sainte-Beuve).
3 ♦ (1790) Cour. D'un prix élevé, qui n'est pas à la portée de toutes les bourses. ⇒ cher, exorbitant (cf. Hors de prix). Les asperges sont inabordables cette année.
⊗ CONTR. Abordable, accessible, facile.
● inabordable adjectif Où l'on ne peut aborder : Un îlot inabordable par gros temps. Qui est impossible ou très difficile à atteindre : L'Everest, sommet longtemps inabordable. Qu'il est très difficile d'aborder ou d'approcher, en raison de sa qualité, de ses hautes fonctions ou de ses dispositions d'humeur : Ses nouvelles responsabilités l'ont rendu inabordable. Dont le prix est exorbitant : Les fraises sont inabordables. ● inabordable (synonymes) adjectif Où l'on ne peut aborder
Synonymes :
Contraires :
Qu'il est très difficile d'aborder ou d'approcher, en raison de...
Synonymes :
Contraires :
Dont le prix est exorbitant
Synonymes :
- onéreux
Contraires :
- donné (familier)
inabordable
adj.
d1./d Où l'on ne peut aborder. Rivage inabordable.
d2./d (Personnes) D'un abord difficile.
d3./d D'un prix élevé.
⇒INABORDABLE, adj.
A. — 1. Où l'on ne peut aborder. Rivage inabordable. La côte du nord de Pola (...) est inabordable pour les vaisseaux (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 221).
2. a) P. ext. Qu'il est impossible ou très difficile d'approcher. Synon. inaccessible. Les combats de nuit ont été un moyen fréquemment pratiqué pour approcher des positions que leurs feux rendaient inabordables de jour (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. XIII) :
• Je devais aller d'Ajaccio à Bastia (...) en traversant la sauvage et aride vallée du Niolo, qu'on appelle là-bas la citadelle de la liberté, parce que, dans chaque invasion de l'île par les Génois, les Maures ou les Français, c'est en ce lieu inabordable que les partisans corses se sont toujours réfugiés sans qu'on ait jamais pu les en chasser ni les y dompter.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Hist. corse, 1881, p. 44.
b) [En parlant de pers.] Qui est d'un abord, d'un accès difficile. En cas de refus, un écrivain passe pour être insociable, mauvais coucheur, pétri d'amour-propre, inabordable, haineux, rancuneux (BALZAC, illus. perdues, 1843, p. 499). Des informateurs éprouvés étaient chargés d'enquêter eux-mêmes à Pêguê et Iréli, auprès de personnalités inabordables pour des Européens (GRIAULE, Méth. ethnogr., 1957, p. 33).
— Inabordable à (qqc.), vieilli. Qui ne peut être touché, ému ou convaincu, par (quelque chose). Il était trop inflexible, trop inabordable aux présents, et j'avais un accès de fièvre toutes les fois que je songeais à lui en faire (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 120). Chénier était un homme (...) inabordable au raisonnement quand on voulait combattre ses passions, qu'il respectait comme ses dieux pénates (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 487).
3. Au fig.
a) Dont on ne peut parler aisément dans une conversation. Il me vient ce matin une idée que nous n'avons pas abordée dans notre entretien, et qui serait d'ailleurs inabordable avec lui parce qu'elle risquerait de culbuter la projection de cette personnalité sociale qui lui sert de bâton de longueur (DU BOS, Journal, 1922, p. 67).
b) Difficile à comprendre. Quand j'étais embarrassée de rencontrer dans Leibnitz ou Descartes les arguments mathématiques, lettres closes pour moi (...) j'allais le trouver, et je le forçais de me faire comprendre par des analogies ces points inabordables (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 306).
c) Qui ne peut être entrepris. Nous nous formons aujourd'hui des œuvres de littérature une conception qui rend difficile, si ce n'est inabordable, à l'analyste, la tâche de juger un écrivain étranger dont il ne connaît ni le pays ni la langue (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 201).
B. — P. ext. Dont le prix élevé rend l'achat impossible ou difficile. Synon. hors de prix. Un bonheur-du-jour en marqueterie que j'aurais acheté, si je faisais collection de ces œuvres-là; mais c'est inabordable... Un meuble de Reisener vaut de trois à quatre mille francs! (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 33).
♦ (Prix) inabordable. (Prix) très élevé. Les prix des poulets, des pâtés de pâtissier mangeables, sont inabordables (GONCOURT, Journal, 1871, p. 711).
REM. Inabordé, -ée, adj. Où l'on n'a jamais abordé. Îlots inabordés (Lar. 20e). Au fig. Lorsqu'ils quittèrent Cravonne, le Langage était encore inabordé. Ce fut l'œuvre de la nouvelle année (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 170).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1611 « où l'on ne peut aborder, accoster » (COTGR.); 2. a) av. 1679 fig. « (d'une personne ou d'un ensemble de personnes) d'un accès difficile » (RETZ, Mémoires, éd. A. Feuillet, t. 2, 266); b) 1732 « (d'un lieu) id. » (RICH.); 3. 1847 « qui est trop cher pour certaines personnes » (BALZAC, loc. cit.). Dér. de abordable; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 121. Bbg. GOHIN 1903, p. 282 (s.v. inabordé).
inabordable [inabɔʀdabl] adj.
ÉTYM. 1611; de 1. in-, et abordable.
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1 Littér. Où l'on ne peut aborder. || Rivage inabordable. — (1732). Par anal. Qu'il est impossible ou très difficile d'atteindre, d'approcher. ⇒ Inaccessible.
1 En hiver, le port de Cochin est inabordable (…) parce que (…) le vent d'ouest, qui y souffle avec fureur, amène à l'embouchure du fleuve de Cochin une si grande quantité de sable, qu'il est impossible aux navires, et même aux barques, d'y entrer pendant six mois de l'année (…)
Buffon, Hist. nat., Preuves de la théorie de la terre, art. XIV.
1.1 Vous imaginez aisément, me dit Dom Sévérino, qu'il ne servirait à rien d'essayer des résistances dans la retraite inabordable où vous voilà.
Sade, Justine…, t. I, p. 145.
2 Ce pays ténébreux comme un antre est construit,
Et nous avons ici notre aire inabordable (…)
Hugo, la Légende des siècles, XV, Petit roi de Galice, V.
3 (…) à l'ouest, une mer sans ports, des plages inabordables où les brisants déferlent (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), III, II.
2 (V. 1679). Personnes. Vx. D'un abord, d'accès difficile. || Un grand seigneur hautain, distant, inabordable. || Un monde inabordable, fermé (→ Fortune, cit. 37). — Fam. || Il est inabordable ce matin, il est d'humeur revêche. → Il n'est pas à prendre avec des pincettes.
4 (…) un assez grand fat qui est plus inabordable qu'un Napoléon à Sainte-Hélène.
Sainte-Beuve, Correspondance, 200, 9 nov. 1831.
5 (…) il déployait en tout une sorte de dignité qui venait sans doute de la conscience d'une vie occupée par quelque chose de grand, et qui le rendait inabordable.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 645.
6 Songeur jusqu'à l'heure où il courait au-devant d'elle avec une anxieuse exactitude, alors pressé, inabordable, fiévreux, sa vie semblait dévorée par les ennuis et réglée par la discipline.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 823.
3 (1847). Cour. D'un prix élevé, qui n'est pas à la portée de toutes les bourses. ⇒ Cher (II.), exorbitant; hors (de prix). || Les asperges sont inabordables cette année.
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Encyclopédie Universelle. 2012.