inférer [ ɛ̃fere ] v. tr. <conjug. : 6>
• v. 1380; lat. inferre « porter dans », fig. « mettre en avant, produire »
♦ Littér. Tirer (d'un fait, d'une proposition) une conséquence. ⇒ arguer, conclure, déduire, induire. J'infère de ce que vous me dites, j'en infère que nous pouvons réussir.
● inférer verbe transitif (latin inferre, alléguer) Tirer une conséquence de quelque chose, conclure, induire quelque chose de quelque chose : Qu'avez-vous inféré de tels propos ? ● inférer (difficultés) verbe transitif (latin inferre, alléguer) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : il infère, nous inférons ; il inféra. ● inférer (homonymes) verbe transitif (latin inferre, alléguer) ● inférer (synonymes) verbe transitif (latin inferre, alléguer) Tirer une conséquence de quelque chose, conclure, induire quelque chose de quelque chose
Synonymes :
- conclure
- déduire
- induire
inférer
v. tr. Didac. Admettre, établir par inférence.
⇒INFÉRER, verbe trans.
A. — LOG. Tirer, d'un fait ou d'une proposition donné(e), la conséquence qui en résulte.
— Inférer qqc. Cet « optimisme logique » (expression des néo-hégéliens) qui infère la perfection de considérations toutes formelles (G. MARCEL, Journal, 1914, p. 90). Il n'a rien trouvé dans l'expérience que l'aveu de son impuissance et aucun prétexte à inférer quelque principe satisfaisant (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 51).
— Inférer que + ind. Je songe au « Et violæ nigræ sunt » que Virgile traduit de Théocrite, qui permit d'inférer que l'œil dans ce temps ne distinguait pas encore les tons ultra-bleus (GIDE, Journal, 1931, p. 1053) :
• 1. Le père Mersenne (1588-1648), méditant sur la formation des mouches à partir des chairs décomposées, en infère que, dans ce cas, « l'effet tire de sa cause quelque réalité qui n'était pas en elle ».
J. ROSTAND, Genèse vie, 1943, p. 14.
— Emploi pronom. :
• 2. Enfin la multiplicité des premières familles humaines s'infère avec une grande probabilité des études de grammaire comparée, en ce que les langues ne se rapportent point à un type grammatical unique et ne sont nullement réductibles à un seul système primitif.
RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p. 196.
B. — P. ext. Tirer une conclusion d'un fait ou d'un événement donnés. Quand ils [les républicains] arguent de ce qu'elle [la République] dure depuis quarante ans pour inférer, pour conclure, pour proposer qu'elle est durable pour quarante ans (PÉGUY, Notre jeun., 1910, p. 22). Tante Félicité parut un jour pour mesurer d'un œil furtif la ceinture de la jeune femme. On inféra de cette mine abattue que Noémi était grosse (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 172).
Prononc. et Orth. : [], (il) infère []. Conjug. : change é du rad. en è devant syll. muette sauf au fut. et au cond. inférerai(s). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1370 « introduire, faire naître (une fraude dans une affaire) » (JEAN LE FÈVRE, Lamentations Matheolus, éd. A.G. Van Hamel, I, 497); 2. 1372 « tirer une conséquence » (DENIS FOULECHAT, trad. du Policraticus de Jean de Salisbury, III, 8, 48 ds R. Ling. rom. t. 33, p. 322). Empr. au lat. inferre, proprement « porter, jeter dans, vers, sur », également « porter une accusation », « tirer une conséquence ». Fréq. abs. littér. : 57. Bbg. GOHIN 1903, p. 322.
inférer [ɛ̃feʀe] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1372; « introduire dans, faire naître, causer », v. 1370; lat. inferre, même sens, proprt « porter, jeter dans, vers, sur, contre », d'où « produire, mettre en avant (un raisonnement) », de in- (→ 2. In-), et ferre « porter » (→ -fère).
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♦ Tirer une conséquence (d'un fait, d'une proposition) par la démarche logique de l'inférence. ⇒ Arguer, conclure, déduire, induire. || Inférer que… (et indic.). || J'infère de ce que vous me dites, j'en infère que nous pouvons réussir. ⇒ Argument (tirer argument). || On peut donc en inférer que… ⇒ Preuve (c'est la preuve que…). || « Quelle morale puis-je inférer de ce fait ? » (→ Imparfait, cit. 2, La Fontaine). || Inférer qqch., inférer que… de ce que… (→ ci-dessous, cit. 3). || J'infère de là que… — (Sans compl. second). → ci-dessous, cit. 2.1. || Inférer qqch., que qqch. est arrivé.
1 Toutefois je ne voulais pas inférer de toutes ces choses que le monde ait été créé en la façon que je proposais (…)
Descartes, Discours de la méthode, V.
2 De ce que je pense, je n'infère pas plus clairement que je suis esprit, que je conclus de ce que je fais, ou ne fais point selon qu'il me plaît, que je suis libre (…)
La Bruyère, les Caractères, XVI, 47.
2.1 (…) elle inféra premièrement que l'amour qu'il avait pour elle, dont il ne cessait de lui donner des marques en toutes rencontres, était sincère (…)
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 402.
3 (…) de ce qu'elle avait beaucoup d'esprit et de raisonnement pour vous aider à sortir de peine dans beaucoup de choses possibles, on inférait qu'elle pouvait en faire d'autres qui ne le sont pas.
G. Sand, la Petite Fadette, VIII.
4 Et comme si j'avais deviné juste autrefois, en inférant de là qu'elle devait être une jeune fille très libre (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 228.
♦ Absolument :
5 Son âme alors pense, raisonne, infère, conclut, juge, prévoit (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 113.
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DÉR. Inférence.
Encyclopédie Universelle. 2012.