interrogation [ ɛ̃terɔgasjɔ̃ ] n. f.
• XIIIe; lat. interrogatio
1 ♦ Action de questionner, d'interroger (qqn). ⇒ demande, question. « chez Blondet une pause équivalait à une interrogation » (Balzac). L'interrogation des témoins.
♢ Spécialt Question, ensemble de questions que l'on pose à un élève, à un candidat. Interrogation écrite (⇒ 2. devoir) , orale (⇒ colle) . Abrév. fam. (1931) INTERRO [ ɛ̃tero ]. Des interros.
2 ♦ Type de phrase logiquement incomplète qui a pour objet de poser une question ou qui implique un doute. ⇒ interrogatif.
♢ (1550) POINT D'INTERROGATION : signe de ponctuation (?) qui marque la fin de toute phrase d'interrogation directe. Fig. Chose incertaine. Quant à l'avenir, c'est un point d'interrogation.
⊗ CONTR. Affirmation, assertion, négation.
● interrogation nom féminin (latin interrogatio, -onis) Action d'interroger, de poser des questions à quelqu'un ; question ou série de questions : Je voyais dans son regard une muette interrogation. Action de s'interroger, de se poser des questions : Ses continuelles interrogations sur la nature humaine. Question ou série de questions posées oralement à un élève ou à un candidat. Action d'interroger un ordinateur. Type de phrase, marquée par certains procédés (intonation, ordre des mots, etc.), qui a pour objet de poser une question ou qui implique un doute. ● interrogation (expressions) nom féminin (latin interrogatio, -onis) Interrogation écrite, contrôle écrit des connaissances fait en classe. Point d'interrogation, signe de ponctuation (?) que l'on place à la fin de toute phrase d'interrogation directe ; problème dont la solution est incertaine : L'emploi dans l'entreprise sera-t-il maintenu ? c'est un point d'interrogation.
interrogation
n. f.
d1./d Action d'interroger, question, demande.
|| Spécial. Ensemble de questions posées à un élève, à un candidat à un examen. Interrogation écrite.
d2./d GRAM Construction utilisée pour interroger. Interrogation directe (quand la phrase interrogative est indépendante); interrogation indirecte (quand elle forme une proposition subordonnée, après demander, par ex.).
|| Point d'interrogation: signe de ponctuation (?) qui indique une interrogation directe.
⇒INTERROGATION, subst. fém.
A. — Action d'interroger quelqu'un; demande, question. Interrogation du regard, des yeux; interrogation anxieuse, indiscrète, inquiète, muette; poser une interrogation; répondre à une interrogation. J'ai des phrases banales pour répondre aux interrogations de chaque jour, et un sourire qui dit : « Oui », quand je ne veux même pas prendre la peine de parler (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Solitude, 1884, p. 928). J'étais au milieu de cette foule comme un intrus à qui l'on n'a pas donné le mot de passe, et qui sent chaque visage tourner vers le sien une insupportable interrogation (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 106) :
• 1. Seulement, Florentine, pour faire ce qu'on va faire, il faut être bien sûr de s'aimer. De s'aimer pour la vie. C'était une très grave interrogation qu'il lui posait, revenant comme il le faisait d'un troublant voyage dans le temps. C'était même presque une prière qu'il lui adressait.
ROY, Bonheur occas., 1945, p. 418.
— En partic. Épreuve; question ou ensemble de questions que pose un examinateur à un élève ou à un candidat. Interrogation orale, de contrôle. Ils avaient commencé tout à l'heure la tournée des classes : un séjour d'une demi-heure dans chacune, passée à écouter silencieusement les réponses aux interrogations du professeur (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 82). Des classes longues, consacrées à des interrogations fréquentes, à des explications copieuses (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 194). L'interrogation écrite du lendemain comprendrait trois questions auxquelles il faudrait répondre dans l'espace de cinq minutes (GREEN, Moïra, 1950, p. 74).
B. — Action de s'interroger soi-même; demande, question. Interrogation essentielle, humaine, métaphysique. Lucile était une personne très-timorée, et qui fatiguait souvent son ame à force de scrupules et d'interrogations secrètes sur sa conduite (STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 354). C'était André Walter que déjà je commençais d'écrire et que j'alimentais de toutes mes interrogations, de tous mes débats intérieurs (GIDE, Si le grain, 1924, p. 506).
C. — 1. GRAMM. ,,Énoncé dont certaines caractéristiques (procédés interrogatifs), montrent qu'il doit être perçu comme une question par l'auditeur`` (MOUNIN 1974). Interrogation absolue, disjonctive, elliptique, totale. Hors le cas où rien, répondant à une interrogation, contient ou suppose une ellipse, nous ne pouvons employer ce mot qu'avec une négation, parce qu'il n'est point négatif (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 124).
— STYLISTIQUE :
• 2. Quelle vilaine manière d'écrire que celle qui convient à la scène! Les ellipses, les suspensions, les interrogations et les répétitions doivent être prodiguées si l'on veut qu'il y ait du mouvement, et tout cela en soi est fort laid.
FLAUB., Corresp., 1873, p. 22.
a) Interrogation directe. Interrogation contenue dans une phrase indépendante et qui se termine par un point d'interrogation. L'interrogation directe est caractérisée, soit simplement par le ton (...) soit par un changement de construction et par le ton (GREV. 1969, § 175).
b) Interrogation indirecte. Interrogation contenue dans une proposition subordonnée et introduite par un verbe interrogatif ou qui implique une interrogation. Il faudrait ici (...) une conjonction latine de style indirect, (d'interrogation indirecte) (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1233). L'interrogation indirecte a une forme extrêmement libre (DUPRÉ 1972).
c) Point d'interrogation. Signe de ponctuation que l'on place en français à la fin d'une phrase exprimant l'interrogation directe :
• 3. « Il habite Balbec? » chantonna le baron, d'un air si peu questionneur qu'il est fâcheux que la langue française ne possède pas un signe autre que le point d'interrogation pour terminer ces phrases apparemment si peu interrogatives.
PROUST, Sodome, 1922, p. 1104.
— Au fig. Problème en suspens, question non résolue. Je ne me serais jamais douté que vous puissiez attacher tant d'importance à pénétrer les secrets de ce grand peut-être, et à retourner dans tous les sens cet immense point d'interrogation (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 55). Nous jalonnerons donc le passé lointain de quelques dates sûres et de quelques points d'interrogation (DUMAZEDIER, RIPERT, Loisir et cult., 1966, p. 47).
2. RHÉT. Interrogation rhétorique, oratoire. ,,Question qui n'attend point de réponse, mais qui est uniquement posée pour suggérer à l'auditeur ou au lecteur une réponse mentale évidente`` (MORIER 1975).
Prononc. et Orth. : [] ou [-]. [-RR-] ds MART. Comment prononce 1913, p. 297. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1283 plur. « questions posées dans un procès » (BEAUMANOIR, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1245, t. 2, p. 144); b) 1680 rhét. (RICH.); 2. 1550 gramm. interrogacion, point d'interrogacion (L. MEIGRET, Tretté de la gramm. fr., éd. W. Foerster, p. 190). Empr. au lat. class. interrogatio « question, interrogation » spéc. terme de dr. (« interrogatoire de témoins »), de rhét. et de grammaire. Fréq. abs. littér. : 605. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 383, b) 722; XXe s. : a) 1 145, b) 1 169. Bbg. AL (B.). Probl. concernant la description transformationnelle de l'interrogation en fr. mod. In : Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14. 1974. Naples. Napoli-Amsterdam, 1979, pp. 566-578. - BORILLO (A.). Rem. sur l'interrogation indir. en fr. In : Méthodes en gramm. fr. Paris, 1976, pp. 15-40. - DANJOU-FLAUX (N.), DESSAUX (A.-M.). L'Interrogation en fr. In : Gramm. transformationnelle : synt. et lex. Villeneuve-d'Ascq, 1976, pp. 139-231. - TEYSSIER (J.). La Gramm. de l'interrogation et ses présupposés. R. Lang. rom. 1974, t. 81, pp. 7-56.
interrogation [ɛ̃tɛʀɔgɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIIe; lat. interrogatio « question, interrogation » (aussi en gramm. et rhétor.), et « interrogatoire », du supin de interrogare. → Interroger.
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1 a Action de questionner, d'interroger (qqn). ⇒ Demande (II.), question (→ Explication, cit. 12; immonde, cit. 8). || L'interrogation de qqn à qqn. || L'interrogation de qqn par qqn. — Plus cour. (sans compl. exprimé). || Répondre à des interrogations (→ Entrecouper, cit. 7). || Interrogations indiscrètes, gênantes.
1 — Cette cause, la voici, reprit l'abbé Brossette en croyant avec raison que chez Blondet une pause équivalait à une interrogation.
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 90.
2 Notre civilisation est séparée de celles de jadis (…) à l'exception de la grecque, par le primat qu'elle reconnaît à l'interrogation.
Malraux, les Voix du silence, p. 601.
♦ (XIXe). Spécialt. Question ou ensemble de questions que l'on pose à un élève, à un candidat. || Interrogation écrite (⇒ Devoir), orale (⇒ Colle). || Les diverses interrogations constituant l'oral d'un examen, d'un concours. ⇒ Épreuve (→ Examinateur, cit. 1). — Abrév. fam. ⇒ Interro.
♦ Vx. ⇒ Interrogatoire.
3 S'il (Foucquet) continue, ses interrogations lui seront bien avantageuses.
Mme de Sévigné, 55, 18 nov. 1664.
b (Au sens 2 de interroger). || L'interrogation métaphysique. || L'interrogation humaine. → Confrontation, cit. 2. || L'interrogation de qqch., d'un art, d'une civilisation… || C'est une interrogation majeure, essentielle pour notre temps.
3.1 (…) toute interrogation d'un art de l'imaginaire rencontre de façon fugitive, le sentiment religieux.
Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 201 (1976).
2 (1550, interrogacion). Gramm. Type de phrase logiquement incomplète qui a pour objet de poser une question ou qui implique un doute (ex. :Sortez-vous ? Vous sortez ? Le facteur est-il passé ? Est-ce que le facteur est passé ? Il est passé, le facteur ?; Je ne sais pas s'il viendra). || L'interrogation diffère de l'assertion (positive ou négative) en ce que l'énoncé en est non résolu et appelle une réponse. — L'interrogation peut être marquée par l'ordre des mots (inversion), par un mot interrogatif ou simplement par le ton montant de l'énoncé : « Après tous mes discours, vous la croyez fidèle ? » (Racine, Britannicus, III, 6); « Vous faites de la musique ? demanda-t-elle » (Flaubert, Mme Bovary, II, 2). || Le verbe savoir exprime souvent l'interrogation (savoir si…, qui sait, reste à savoir, etc.). — Formes de l'interrogation. || Interrogation directe (formant une phrase indépendante : « Rodrigue, as-tu du cœur ? » Corneille). || Interrogation indirecte (amenée par un verbe comme demander, s'informer, ou par un verbe énonçant l'ignorance, ne pas savoir : « Elle lui demanda s'il faisait de la musique »). — Portée de l'interrogation. || Interrogation totale, absolue, primaire… (portant sur l'ensemble de la phrase : Pleut-il ? Je ne sais pas s'il pleut), partielle, relative, secondaire, médiate… (portant sur une circonstance, sur un terme de l'énoncé autre que le verbe : Qui est là ? Où allez-vous ? Il m'a demandé quand je partais). — Interrogation disjonctive (comprenant deux questions formant une alternative : « Ordonne-t-elle ou bien implore-t-elle ? » Maeterlinck, Vie des abeilles, p. 56; « Êtes-vous souffrant, ou si c'est un méchant caprice ? » Musset, Chandelier, III, 3). ⇒ Si. — Interrogation double (portant sur deux termes juxtaposés : comment l'aurait-il fait, et pourquoi ?). — (1680). || Emplois stylistiques de l'interrogation : a) Interrogation apparente, fictive, destinée à suggérer une réponse évidente : « Est-ce là une façon d'agir ? » (Marouzeau); b) Interrogation oratoire, rhétorique. ⇒ Figure (→ Associer, cit. 9, Brunot); c) Interrogations exprimant un ordre (Voulez-vous vous taire ?), une proposition (Si nous partions ?), un regret (« Dieux ! que ne suis-je assise à l'ombre de forêts ! » Racine). — REM. Parfois l'interrogation apparente a la valeur d'une subordonnée temporelle ou hypothétique : « Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même, Je suis Gros-Jean comme devant » (La Fontaine, Fables, VII, 10). — Interrogations elliptiques, dans lesquelles la phrase interrogative se passe du verbe principal : (« Et à présent, pourquoi vivre ? Pour qui ? » Vigny, Chatterton, III, 7) et peut même se réduire à un mot interrogatif : (— Quelqu'un est venu vous voir. — Qui ?).
♦ (1550, aussi point interrogatif). || Point d'interrogation : signe de ponctuation qui marque la fin de toute phrase d'interrogation directe, qu'elle contienne ou non une inversion : Tu viens ? Viens-tu ? — Syn. vx : point interrogant. — La queue de l'écureuil, en forme de point d'interrogation (→ Gratter, cit. 10). — ☑ Fig. C'est un grand point d'interrogation pour nous, une question non résolue (→ Guillotine, cit. 2, Hugo).
4 (…) la petite mademoiselle Clarke qui est faite comme un point d'interrogation, ?, comme Pope.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 9.
5 « Il habite Balbec ? », chantonna le baron, d'un air si peu questionneur qu'il est fâcheux que la langue française ne possède pas un signe autre que le point d'interrogation pour terminer ces phrases apparemment si peu interrogatives.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 304.
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CONTR. Affirmation, assertion, négation.
DÉR. Interro.
Encyclopédie Universelle. 2012.