intimiste [ ɛ̃timist ] n. et adj.
• 1881; de intime
♦ Littér.
1 ♦ Peintre de scènes d'intérieur. — Adj. Peintre intimiste.
2 ♦ Poète, écrivain qui prend pour sujet des sentiments délicats, intimes. — Adj. Mouvement intimiste. Par ext. Atmosphère intimiste d'un film.
● intimiste adjectif et nom (de intime) Se dit d'un écrivain, d'un poète, qui exprime les émotions les plus intimes, les plus discrètes. (Parmi les intimistes, on peut citer M. Desbordes-Valmore, Sainte-Beuve, Joubert, Amiel, Senancour, F. Coppée, Sully Prudhomme et, au XXe s., Ch. Vildrac et J.-J. Bernard.) Se dit d'un peintre qui peint des scènes d'intérieur de caractère intime, ou qui exprime une vision intime. ● intimiste adjectif Se dit d'une œuvre ou d'une atmosphère de caractère familial ou intime.
intimiste
n. et adj. ART
d1./d écrivain qui décrit les sentiments et la vie intimes sur un ton de confidence.
|| adj. Littérature intimiste.
d2./d Peintre de scènes d'intérieur.
|| adj. L'école intimiste.
⇒INTIMISTE, adj.
A. — LITT. Qui s'attache à exprimer, de manière nuancée, les pensées, les sentiments les plus secrets; qui évoque l'existence familière quotidienne. Le théâtre du silence, théâtre intimiste, où tout se passe dans la pénombre des âmes, où les velléités ne se traduisent presque jamais en actes ni en aveux (Arts et litt., t. 2, 1936, p. 30-9). On distinguerait aisément dans le Parnasse (...) le courant intimiste sorti de Baudelaire (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 330).
— Emploi subst. Écrivain qui a pour thème privilégié la vie intérieure profonde. Les intimistes italiens, eux (F.M. Martini, Cesare Ludovici, Ugo Betti) ont subi à la fois l'influence de l'école française du silence et de Tchékov (Arts et litt., t. 2, 1936, p. 30-9).
Rem. S'emploie parfois dans ce sens dans les domaines de la peint. et du cin. Les intimistes [Cottet, Simon, Blanche...] ont prouvé qu'ils avaient profité de l'impressionnisme mais sont allés dans une direction toute différente en cherchant à traduire les émotions de conscience (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 200). Œuvre intimiste axée sur un drame familial, « Un jour pour mon amour » bénéficie d'une excellente mise en scène, toute en souplesse et en pudeur (Télé 7 jours, mai 1980, n° 1043).
B. — PEINT. Qui s'attache à traiter des scènes d'intérieur, qui se plaît à évoquer l'existence familière quotidienne. Il y a dans les modestes paysages d'Elsheimer (...) une sensibilité recueillie et cordiale, où l'on retrouve le génie intimiste, la familiarité tendre (...) des peuples du Nord (FOCILLON, Maîtres estampe, 1930, p. 56). Ce néo-réalisme qui, avec Chardin, s'élève jusqu'à la poésie intimiste, fixe sur l'école hollandaise des regards admiratifs (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 154) :
• Les thèmes (...) sont (...) empruntés à la rue parisienne ou à la maison, à la vie contemporaine, à la réalité de tous les jours, et tout empreints de cette « modernité » dont, à l'exemple de Degas, Vuillard, Bonnard et Vallotton se gardent de faire fi, y trouvant trop de poésie pour en négliger les richesses; leur liberté désinvolte dans le traitement de ces sujets intimistes, le goût de l'imprévu, (...) leur permettent de les pimenter d'une note d'ironie qui évoque Jules Renard.
DORIVAL, Peintres XXe s., 1957, p. 20.
— Emploi subst. Peintre qui a pour thème privilégié la vie d'intérieur, l'existence familière quotidienne et dont l'art se caractérise par un charme simple, sans apprêts apparents. [Le Sidaner] c'est un intimiste par sa piété naïve dans le dessin (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 244). Fantin-Latour (...) à la fois intimiste, peintre de fleurs, évocateur des grandes compositions de Berlioz et de Wagner (DACIER 1944, p. 119). Vermeer est un intimiste hollandais pour un sociologue, non pour un peintre (MALRAUX, Voix sil., 1951, p. 473).
Rem. S'emploie except. dans le sens plus gén. de : « personne qui aime la vie d'intérieur ». C'était une chambre de pauvre, parbleu! mais meublée à ma guise : la chambre d'un sédentaire, d'un « intimiste » (COPPÉE, Vingt contes nouv., t. 2, 1883, p. 137).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1. 1881 quartier intimiste (HUYSMANS, L'Art mod., L'Exposition des Indépendants, p. 267 — Stock — ds QUEM. DDL t. 12); 2. 1905 subst. masc. « peintre qui a pour thème privilégié la vie d'intérieur » (MAUCLAIR, loc. cit.). Dér. de intime; suff. -iste.
intimiste [ɛ̃timist] n. et adj.
ÉTYM. 1881, Huysmans, l'Art moderne, in D. D. L.; de intime.
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1 Arts. Peintre de scènes d'intérieur. — Adj. || Un peintre intimiste. || Vuillard est, par la majeure partie de son œuvre, un peintre intimiste. — Peinture intimiste.
1 Vermeer est un intimiste hollandais pour un sociologue, non pour un peintre.
Malraux, les Voix du silence, p. 473, in T. L. F.
2 Littér. Poète, écrivain qui prend pour sujet des sentiments délicats, intimes.
2 Que de pages pourtant charmantes, où s'annonce déjà le lyrique rêveur et le tendre intimiste des Voix intérieures et des Feuilles d'automne.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 34.
♦ Adj. || Poète intimiste. — Par ext. || Mouvement intimiste. || Poésie intimiste.
♦ (Dans des domaines autres que la littérature et les arts plastiques traditionnels). || Un film intimiste.
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DÉR. Intimisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.