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irresponsabilité

irresponsabilité [ irɛspɔ̃sabilite ] n. f.
• 1790; de irresponsable
Qualité d'une personne irresponsable, absence de responsabilité (légale ou morale). Plaider l'irresponsabilité de l'accusé.
Dr. L'irresponsabilité du chef de l'État. L'irresponsabilité parlementaire. immunité, inviolabilité.
Cour. Un sentiment d'impuissance et d'irresponsabilité ( inconscience, légèreté) . « il venait de perdre l'irresponsabilité de la première jeunesse » (Beauvoir).
⊗ CONTR. Responsabilité.

irresponsabilité nom féminin État de quelqu'un qui n'est pas responsable : Plaider l'irresponsabilité d'un accusé. Caractère de quelqu'un qui agit à la légère : Agir avec une totale irresponsabilité. Protection particulière de l'indépendance des élus les faisant échapper à toute poursuite judiciaire pour les opinions ou votes émis à l'occasion de l'exercice de leur mandat. Privilège en vertu duquel le chef de l'État échappe à tout contrôle parlementaire ou juridictionnel pour ses actes accomplis dans l'exercice de ses fonctions, hormis cas exceptionnel prévu par la Constitution.

irresponsabilité
n. f. Fait d'être irresponsable, absence de responsabilité.

⇒IRRESPONSABILITÉ, subst. fém.
Absence de responsabilité morale ou légale.
A. — 1. État d'une personne qui ne veut pas répondre de ses actes. Tourmentée par l'angoisse de l'infini, l'âme recule épouvantée... Mourir à l'irresponsabilité, à l'indolence, à la liberté, c'est aussi une mort intérieure devant laquelle notre moi craintif recule (AMIEL, Journal, 1866, p. 141). Au fond, à tel point le travail m'apparaît la solution à peu près de toutes choses, qu'à condition que je m'y livre, j'y baigne dans une sorte d'irresponsabilité qui me comble, et qui semble bien somme toute m'être bienfaisante (DU BOS, Journal, 1928, p. 99) :
1. On peut donc se faire une nourriture de ce qui empoisonne, et une volupté de sa peine. Volupté malsaine, séduction terrible qui est au fond de toutes les habitudes dépravées. Le fin mot de cette séduction, c'est la joie de l'irresponsabilité, le bonheur de se sentir ou de se croire sans maître, la suppression de l'obéissance.
AMIEL, Journal, 1866, p. 459.
P. ext. Légèreté. Tous les jeunes gens me paraissent odieux. Mais j'envie leur sens de l'irresponsabilité, de l'improvisation (NIZAN, Conspir., 1938, p. 98).
2. Au fig. État d'une chose qui est dépourvue de responsabilité. Il subissait l'oppression d'un ensemble épuisant. L'obstacle, tranquille, vaste, ayant l'irresponsabilité apparente du fait fatal, mais plein d'on ne sait quelle unanimité farouche, convergeait de toutes parts sur Gilliatt (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 297).
B. — 1. DR. CONSTIT.
a) [À propos du chef de l'État] Privilège en vertu duquel le chef de l'État est soustrait au contrôle juridictionnel et parlementaire dans l'exercice de ses fonctions sauf dans le cas de haute trahison. Irresponsabilité du Président de la République. La royauté, de même, n'obtient son plus haut attribut, l'irresponsabilité, l'impeccabilité que lorsqu'elle devient une royauté moins absolue, royauté constitutionnelle (MICHELET, Journal, 1841, p. 360).
b) [À propos des parlementaires] Privilège octroyant aux parlementaires le droit d'échapper aux poursuites judiciaires par les opinions et les votes émis pendant l'exercice de leur mandat. Synon. immunité :
2. ... le conseil n'est pas associé à l'Assemblée Nationale pour élire le Président de la République; les compte-rendus de ses séances sont publiés non par le Journal officiel proprement dit mais dans un bulletin spécial; ses membres bénéficient des immunités parlementaires (irresponsabilité et inviolabilité) mais ce n'est pas le conseil lui-même qui statue sur la levée de l'inviolabilité quand il y a lieu à poursuites contre un de ses membres...
VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 302.
2. DR. PÉNAL. Dispense de responsabilité accordée pour raison pathologique. Plaider l'irresponsabilité d'un accusé. Ces messieurs concluaient contre les nouvelles théories criminalistes; avec cette belle invention de l'irresponsabilité dans certains cas pathologiques, il n'y avait plus de criminels, il n'y avait que des malades (ZOLA, Nana, 1880, p. 1372) :
3. Pendant ce temps-là on ravage les bois, on braconne jour et nuit, on se bat dans les cabarets, et une vachère du Chêne-Fendu a donné son nouveau-né à manger aux cochons. (Au bout de quelques jours on a mis fin aux poursuites, Dutretre ayant réussi à prouver l'irresponsabilité de cette fille... On ne s'occupe déjà plus de l'affaire).
COLETTE, Cl. école, 1900, p. 266.
Prononc. et Orth. : [()]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1790 « état de celui qui n'est pas responsable » (Ami du peuple, 8 sept., p. 6 ds FREY, p. 63). Dér. sav. de irresponsable; suff. -(i)té. Fréq. abs. littér. : 53. Bbg. RANFT 1908, p. 38.

irresponsabilité [i(ʀ)ʀɛspɔ̃sabilite] n. f.
ÉTYM. 1790; de irresponsable.
1 État d'une personne irresponsable (1.); absence de responsabilité (légale ou morale).
1 (…) cette irresponsabilité dans l'anonymat qui, sur tous les plans, est érigée en règle.
Daniel-Rops, Ce qui meurt…, p. 11.
2 (…) lorsque (cette littérature) se fera provocation au meurtre, on verra l'écrivain, par un enchaînement paradoxal mais logique, poser explicitement le principe de sa totale irresponsabilité.
Sartre, Situations II, p. 175.
Dr. || L'irresponsabilité du chef de l'État. || L'irresponsabilité parlementaire. || Irresponsabilité et inviolabilité. ImmunitéDr. pénal. Dispense de responsabilité en matière criminelle (pour raison psychiatrique ou d'âge). || Plaider l'irresponsabilité.
2 Cour. Caractère d'une personne qui agit à la légère, sans assumer de responsabilité (alors qu'elle le devrait). || Un sentiment d'impuissance et d'irresponsabilité (→ Épaule, cit. 22).
3 (…) il venait de perdre l'irresponsabilité de la première jeunesse; il entrait dans l'univers détestable des adultes.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 26.
CONTR. Responsabilité.

Encyclopédie Universelle. 2012.