languissant, ante [ lɑ̃gisɑ̃, ɑ̃t ] adj.
• 1280; languissan 1181; de languir
1 ♦ Vx Qui languit, est abattu, anémié. « Un corps souffreteux, amaigri, languissant » (Taine). — (Végétaux) Qui s'étiole. « des arbustes languissants » (Loti).
2 ♦ Littér. Qui languit d'amour, exprime la langueur amoureuse. ⇒ languide; 2. transi. Air, regard languissant. — Par ext. ou plaisant. ⇒ langoureux.
3 ♦ Cour. Qui manque d'énergie, d'entrain. « La conversation fut languissante » (Flaubert). ⇒ 1. morne.
⊗ CONTR. Actif, ardent. Énergique, vif.
● languissant, languissante adjectif Littéraire. Qui est dans un état d'affaiblissement physique, qui dépérit : Enfant anémique et languissant. Littéraire. Qui se languit d'amour. Qui manque d'énergie, de vigueur, qui se morfond : Regard languissant. Qui manque d'activité, de force, de vie, de mouvement : Commerce languissant. ● languissant, languissante (synonymes) adjectif Littéraire. Qui se languit d'amour.
Synonymes :
- languide (littéraire)
Qui manque d'énergie, de vigueur, qui se morfond
Synonymes :
- amorphe
- indolent
- mou
languissant, ante
adj. Qui manque de force, de vivacité; qui périclite. économie languissante.
⇒LANGUISSANT, -ANTE, part. prés. et adj.
I. — Part. prés. de languir.
II. — Adjectif.
A. — [En parlant d'une pers.]
1. Vx. Qui languit, qui se trouve dans un état de grande faiblesse physique ou psychologique. Il me parut grandi, mais faible et languissant d'un coup d'épée qu'il avait reçu dans la poitrine (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 98) :
• 1. Âgée de près de soixante-dix ans, et dès lors fort languissante, fort affaiblie de santé, elle était comme un général malade, qui se fait porter là où est le danger.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 51.
— [P. méton., en parlant de l'état de santé] Sa santé déjà languissante ne résista pas à l'atteinte que lui porta ce hideux spectacle (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1594).
2. P. ext.
a) Qui est abattu par des tourments persistants, par de longues épreuves. La lassitude que m'a causée la révolution involontaire que je me suis faite, en lisant ta dernière lettre à moitié, n'est pas finie. Je suis languissant; je ne retrouve pas mes jambes (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1846, p. 190).
b) Qui est sans ardeur, sans énergie. Maxime resta languissant. La chaleur était suffocante (ZOLA, Curée, 1872, p. 485) :
• 2. Vous demandez où est votre femme, vous la croyez sur pied. — Madame est encore au lit, dit la femme de chambre. Vous trouvez votre femme languissante, paresseuse, fatiguée, endormie.
BALZAC, Ptes mis., 1846, p. 22.
— En partic. Qui languit d'une passion amoureuse; langoureux. Elle-même avait perdu de sa belle tranquillité; des frissons l'agitaient, elle restait languissante, les mains lasses et inoccupées (ZOLA, Page amour, 1878, p. 888). Elle lui jeta soudain ses bras autour du cou, comme languissante d'un abandon voluptueux (TOULET, Mar. Don Quichotte, 1902, p. 156).
♦ [P. méton.]
[En parlant d'un comportement (gestes, regards) qui exprime la langueur] Il posa ses pistolets sur le guéridon, et étreignit dans ses bras le corps souple et languissant de Valentine (SAND, Valentine, 1832, p. 194). Cette blonde aux yeux languissants et à la taille inclinée comme un beau saule (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 828) :
• 3. Pourquoi donc rougit la pucelle
En face de l'adolescent?
Pourquoi ce rire languissant
Et cette allure qui chancelle?
ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 26.
[En parlant d'une chose] Qui est empreint de langueur ou qui la suscite. Ce charme tendre et languissant des nuits sereines (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Clair de lune, 1882, p. 32) :
• 4. Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber;
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui, pour moi seul, a des charmes secrets.
NERVAL, Chât. Bohême, 1853, p. 19.
B. — [En parlant d'une chose] Qui manque de ressort, de dynamisme; dont l'activité, l'ardeur est diminuée. Ni reproches ni encouragements ne parviennent à ranimer une foi languissante (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 56) :
• 5. L'archiprêtre (...) satisfait peut-être de n'avoir que deux fois par semaine à mener un catéchisme languissant, se tut.
TOULET, Mar. Don Quichotte, 1902p. 228.
— En partic. [En parlant d'une production de l'esprit, d'une œuvre littér.] La conversation fut languissante, Madame Bovary l'abandonnant à chaque minute (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 120). Dans cette copie, tous les contours sont amollis (...). Je n'ai pas besoin de montrer combien la dernière phrase est languissante (FRANCE, Vie littér., 1888, p. 250).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694.
DÉR. Languissamment, adv. D'une manière languissante. Les femmes allèrent languissamment rétablir le désordre de leurs toilettes devant les glaces (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 191). Il jetait un regard de côté sur les bras nus, un peu maigres, languissamment levés autour des cheveux défaits (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 272). — []. — 1re attest. 1573 (PONTUS DE TYARD, Sonnets d'amour, VI, éd. Ch. Marty-Laveaux, p. 166); de languissant, v. languir, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 97.
languissant, ante [lɑ̃gisɑ̃, ɑ̃t] adj.
ÉTYM. 1280; languissan, 1181; p. prés. de languir.
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1 (1487). Vieilli. Qui languit, est abattu, anémié. ⇒ Abattu, atone, langoureux (vx), languide (vieilli). || Corps amaigri (cit. 5) et languissant. ⇒ Anémié. || Vieillard languissant. ⇒ Faible (→ Attachement, cit. 13). — Elle est toute languissante d'ennui. || Prendre un air languissant. ⇒ Alangui, indolent. — (En parlant des végétaux). Qui s'étiole. || Végétation languissante. — REM. Dans les deux exemples suivants (cit. 1 et 2), la distinction est malaisée entre l'adjectif et le participe présent, qui s'accordait parfois.
1 Languissante elle (la rose) meurt, feuille à feuille déclose.
Ronsard, Second livre des amours, Amours de Marie, « Stances », IV.
2 Le malheureux lion, languissant, triste et morne,
Peut à peine rugir, par l'âge estropié.
La Fontaine, Fables, III, 14.
3 La pauvre Madelonne (Mme de Grignan) est toujours languissante; sa mauvaise santé fait le plus grand chagrin de ma vie.
Mme de Sévigné, 714, 27 févr. 1679.
4 Et, alentour, des arbustes languissants, des herbages brûlés sont comme pour jeter ici, dans ce Sud indien éternellement humide et vert, la notion de l'anormale sécheresse dont tout le Nord, tout le pays radjpoute est en train de mourir.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), IV, II.
5 Après quoi, Constant vieillira; et sa femme aussi, languissante jusqu'à tant qu'elle devienne sa veuve; et elle lui survivra quinze ans.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 251.
♦ Par ext. Qui manque de force. || Vieillesse languissante (→ Courber, cit. 5). || Santé languissante. ⇒ Défaillant. || Gestes languissants. ⇒ Mou, nonchalant.
♦ Par métaphore :
6 (…) il y a des jouissances étiques et languissantes (…)
Montaigne, Essais, III, V.
7 À la pâle clarté des lampes languissantes (…)
Baudelaire, les Épaves, Pièces condamnées, III.
2 (V. 1280). Littér. ou plais. Qui languit d'amour, exprime une langueur amoureuse. ⇒ Langoureux, languide, mourant. || Un amoureux languissant. ⇒ Transi. — Par ext. || Une blonde (cit. 9) aux yeux languissants. || Un regard languissant. — REM. « Au fig. languissant marque l'état ou la façon d'être naturels, langoureux, une affectation de langueur pour se faire plaindre ou pour séduire par une douceur exagérée » (Bénac).
8 Mes soupirs languissants et mes tristes regrets.
Molière, le Sicilien, 3.
9 (…) les baisers, languissants ou joyeux.
Baudelaire, les Épaves, Pièces condamnées, II.
10 Toute brûlante ! toute mourante ! toute languissante ! Tu me tends la main, tu ouvres les lèvres (…)
Claudel, Cinq grandes odes, Première ode.
♦ Qui représente ou évoque la langueur amoureuse, dans le domaine de l'expression artistique.
10.1 Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
G. de Nerval, « Fantaisie ».
3 (1487). Fig. et cour. Qui manque d'animation, d'énergie, d'entrain. || Affecter (cit. 2) un ton de voix languissant. ⇒ Mourant, traînant. || Conversation (cit. 6 et 7) languissante. ⇒ Morne, terne.
11 Je jugeai devoir animer un peu cette scène languissante (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXXV.
♦ Qui manque d'ardeur, de ferveur. || De languissantes pratiques de dévotion (→ Alors, cit. 3). — Qui ne présente qu'une faible activité. || Commerce languissant. || Carrière (2. Carrière, cit. 23) languissante.
12 Je ne puis appeler la vie cette activité languissante qui me sépare de la mort.
France, in Carnets intimes, 13 avr. 1911.
♦ Spécialt. Littér. || Style, vers languissants. ⇒ 1. Froid, inanimé, lâche (→ 1. Faux, cit. 51; inexact, cit. 1).
13 La composition du Moïse sauvé est languissante, le vers lâche et prosaïque (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, II, I, IV.
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CONTR. Actif, ardent, énergique, remuant, vif.
DÉR. Languissamment.
Encyclopédie Universelle. 2012.