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manitou

manitou [ manitu ] n. m.
• 1627; mot algonquin « grand esprit »
1Esprit du bien (bon, grand manitou) ou du mal (méchant manitou), chez certaines peuplades indiennes.
2(1842) Fig. et fam. Personnage important et puissant. fam. huile. « Le père est un grand manitou dans les chemins de fer » (Céline). mandarin, 1. patron.

manitou nom masculin (algonquin manitu) Chez les Indiens Dakotas et chez les Sioux, pouvoir surnaturel, pouvant s'incarner dans différentes personnes étrangères ou dans certains objets mystérieux, inhabituels. (C'est par méconnaissance que certains anthropologues ont assimilé le manitou à un dieu unique, dit « Grand Manitou ».) Familier. Personnage puissant dans un certain domaine d'activité : Un grand manitou de l'industrie.

⇒MANITOU, subst. masc.
A. — Dieu ou esprit chez les Indiens Algonquins d'Amérique du Nord. Les sauvages n'entreprennent aucune hostilité sans consulter leur manitou (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 298). Chactas sacrifie aux Manitous protecteurs des étrangers; il brûle en leur honneur des feuilles de saule (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 117). Les insulaires des mers du Sud ont créé un concept abstrait pour toutes les formes du pouvoir surnaturel. Ils l'appellent mana et l'appliquent aux objets personnels comme aux impersonnels. Les Indiens Algonkin possédaient une notion analogue, celle du manitou (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 330).
Le Grand Manitou. L'Être suprême, Grand Manitou, qui anime toute la création (Symboles 1969).
P. méton. Fétiche, amulette. Outougamiz soutint que le guerrier blanc dont il portoit le Manitou d'or, gage de l'amitié jurée, n'avait péché que par ignorance (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 254). Un combattant doit porter avec lui dix livres de maïs ou d'autres grains, sa natte, son Manitou et son sac de médecine (CHATEAUBR., Voy. Amér. et Ital., t. 2, 1827, p. 10).
B.P. anal., fam. Personnage important dont l'autorité, l'influence sont reconnues. Costals sort de chez le docteur Rosenbaum, après quatre jours de consultations et d'examens avec des manitous (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1502). M. Valentin, grand manitou des anciens combattants, est député de Meurthe-et-Moselle (L'Œuvre, 21-22 sept. 1941).
Prononc. et Orth.:[manitu]. Att. ds Ac. 1935. Qqf. avec majuscule à l'initiale, notamment au sens A (CHATEAUBR. et Symboles 1969 supra). Au plur. des manitous. Étymol. et Hist. 1. 1627 «divinité dans la croyance des indigènes de l'Amérique du Nord» (CHAMPLAIN, Voyage et Descouvertes faites en la Nouvelle France, depuis l'année 1615 jusques à la fin de l'année 1618, 2e éd., fol. 100b cité ds KÖNIG, p. 143: le diable Oqui, ou Manitou); 1681 (M. THÉVENOT, Rel. de div. Voy., V, p. 7, ibid.: grand Manitou, c'est le nom qu'ils donnent à Dieu), 2. fig. 1788 «fétiche» (S. MERCIER, Tableaux de Paris, ch. 86 ds WAGNER Magie 1939, p. 156, note: Marcher sur la patte d'un chien, vous êtes perdu dans l'esprit d'une femme; elle pourra dissimuler mais elle ne vous le pardonnera jamais: vous avez blessé son manitou); 3. p. ext. 1877, 2 mars «personnage influent» (Le Figaro ds QUEM. DDL t. 18). Mot algonquin manitu «grand esprit»; l'extension du sens 3 a été peut-être favorisée par l'expr. pop. manie-tout. Fréq. abs. littér.:91. Bbg. BOULAN 1934, p. 206. — QUEM. DDL t. 12.

manitou [manitu] n. m.
ÉTYM. 1627, Champlain; mot algonquin, « grand esprit ».
1 Didact. Esprit du bien (bon, grand manitou) ou du mal (méchant manitou), chez certaines peuplades indiennes. Divinité, esprit.
Par ext. et vieilli. Fétiche (cit. 1).
1 (…) une superstition commune à tous les Indiens (…) c'était celle des manitous. Chaque sauvage a son manitou, comme chaque nègre a son fétiche : c'est un oiseau, un poisson, un quadrupède, un reptile, une pierre, un morceau de bois, un lambeau d'étoffe, un objet coloré (…)
Chateaubriand, Voyage en Amérique, « Religion ».
2 (1842, D. D. L.). « Extension de sens favorisée par l'homonymie manie-tout » (Dauzat).
Fam. Personnage haut placé, puissant, influent ou dont le nom fait autorité. || Son père est un grand manitou…, une huile (cit. 36). || Les manitous de la médecine. Patron (grand patron), mandarin.
2 Il avait bien entendu dire, à Arago, que le « fils Lebeau » avait succédé à son père, mais de là à penser que ce danseur mondain fût le manitou, fût le maître (…)
Montherlant, les Célibataires, I, IV.

Encyclopédie Universelle. 2012.