milice [ milis ] n. f.
1 ♦ Vx Art de la guerre.
2 ♦ Vx Armée. Rome « nourrissait une milice admirable » (Bossuet).
♢ Mod. Armée belge. — Service militaire, en Belgique. Certificat de milice.
3 ♦ Hist. Milices communales, urbaines, bourgeoises : troupes armées formées dans les villes de communes. Les milices bourgeoises furent remplacées en 1789 par la garde nationale. — Milices provinciales : troupes de réserve de l'armée régulière, recrutées par tirage au sort.
4 ♦ Mod. Troupe de police supplétive qui remplace ou renforce une armée régulière. Milices populaires.
♢ Spécialt La Milice : corps paramilitaire de volontaires français formé par le gouvernement de Vichy pour soutenir les forces allemandes d'occupation contre la résistance française, de 1943 à 1944.
♢ Police, dans certains pays.
♢ Formation illégale chargée par une collectivité (parti politique, groupe de pression, entreprise, etc.) de la défendre ou de défendre ses intérêts, en recourant à la force. Milices privées.
● milice nom féminin (latin militia, service militaire) Du Moyen Âge au XVIIIe s., troupe levée dans les villes ou les paroisses pour renforcer l'armée régulière. Organisation paramilitaire constituant l'élément de base de certains partis totalitaires ou de certaines dictatures. En Belgique, service militaire. ● milice (expressions) nom féminin (latin militia, service militaire) Armée de milice, armée fondée sur le principe du citoyen soldat, très rapidement mobilisable, dont la formation comprend notamment de fréquentes périodes d'instruction. (L'armée suisse est le type d'une armée de milice.) Milice privée, organisation paramilitaire, tout groupement de personnes détenant ou ayant accès à des armes, doté d'une organisation hiérarchisée et susceptible de troubler l'ordre public. (La participation à une milice ou à un groupe de combat, son organisation, sa reconstitution après dissolution sont punies par le Code pénal.)
milice
(la) organisation franç. créée par le gouv. Pétain-Laval en janv. 1943 pour lutter contre la Résistance, en collaboration avec les Allemands. Jusqu'à la Libération, elle participa aux persécutions contre les Juifs.
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milice
n. f.
d1./d Corps de police supplétif.
d2./d Formation de police, sans caractère officiel.
d3./d (Belgique) Service militaire.
d4./d Loc. adj. (Suisse) De milice: formé de membres non professionnels. Armée de milice. Parlement de milice.
⇒MILICE, subst. fém.
A. — Vx. Art, pratique de la guerre; expédition militaire. Végèce a écrit sur la milice des Romains (Ac. 1798-1878).
— P. anal. [Dans un cont. relig.] Combat, lutte. Ce monde est une milice, un combat éternel (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.2, 1821, p.172).
B. — 1. Vieilli, littér. Armée, corps de troupes. Une si vaillante milice lui promettait la victoire (Ac. 1835, 1878).
— P. anal., poét. Milice céleste. Ensemble des Anges. Saint Michel (...) prévôt du ciel et gardien du paradis, à la fois le chef des milices célestes et l'ange du Jugement (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.34). Ensemble des Bienheureux. Le frère Népomucène serait le second du nom placé au premier rang de la milice céleste, en vertu des canons de l'Église (SAND, Mauprat, 1837, p.284).
2. HIST. [Au Moy. Âge et jusqu'au XVIIIe s.] Troupe constituée par levées parmi les hommes en état de porter les armes. Exemption de milice; officier, uniforme de la milice:
• 1. Quand des levées de milices avaient lieu, elles étaient partielles, locales et pour un temps très court. Rien qui ne ressemblât, même de loin, à notre conscription et à notre mobilisation (...). Lorsque des milices étaient convoquées, au douzième et au treizième siècle, c'était pour une période limitée au delà de laquelle il n'y avait pas moyen de les retenir.
BAINVILLE, Hist. Fr., t.1, 1924, p.63.
— Milice communale, urbaine, bourgeoise. Troupe permanente ou temporaire formée par les bourgeois de la ville d'une commune, astreinte à certains services à l'intérieur de la ville ou à renforcer, à suppléer l'armée régulière en cas de conflits. En 1789, le corps des électeurs exprima le désir de la réorganisation des milices bourgeoises, et, en effet, elles furent transformées la même année en garde nationale (Lar. 19e). La ville était défendue par six mille gens d'armes et gens de trait et plus de trois mille hommes des milices bourgeoises (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.XLIII).
— Milice (provinciale). Troupe temporaire puis permanente, recrutée par tirage au sort dans les paroisses et qui servait de réserve à l'armée de ligne. Je ne suis pas déclaré, dit l'enfant, je ne tirerai pas au sort. Ma pauvre mère, qu'était fille, est accouchée aux champs (...). M'man m'a sauvé de la milice. Je ne m'appelle pas plus Mouche que rien du tout (BALZAC, Paysans, 1844, p.83).
♦Tirer à la milice. Tirer au sort lors des levées de milices. Si l'on m'oppose qu'en rendant communs quelques-uns de ces privilèges, comme par exemple celui de ne point tirer à la milice, on s'interdirait le moyen de remplir un besoin social, je réponds que tout besoin public doit être à la charge de tout le monde, et non d'une classe particulière de citoyens (SIEYÈS, Tiers état, 1789, p.35).
3. Mod. Troupe de police supplétive, formation militaire ou paramilitaire levée par appel ou par enrôlement qui remplace ou renforce l'armée régulière. Milice nationale, ouvrière, populaire. Je suis lieutenant, j'ai une milice et j'exerce mes hommes (FLAUB., Corresp., 1870, p.156). Les soldats de ces milices ont lutté et ont souffert pour restaurer en France la démocratie (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p.434). À côté des «autochtones» indochinois incorporés dans les unités régulières, des troupes supplétives (...) éléments de défense des chrétientés, et surtout milices villageoises levées par nos soins (...) font office de «partisans» (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p.2, col. 2). V. milicien ex. 1:
• 2. ... ils avaient acheté des canons et des fusils, équipé une milice, formé des bataillons et des compagnies, et ils s'exerçaient tout le jour sur la place d'armes. Tous, boulangers, épiciers, bouchers, notaires, avoués, menuisiers, libraires, pharmaciens eux-mêmes, manoeuvraient à tour de rôle...
MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Prisonn., 1884, p.277.
— HIST. Milice fasciste. Organisation paramilitaire constituée de volontaires fondée par Mussolini en 1922 pour assurer la sécurité nationale. P. ext. [Dans les partis fascistes] Section d'assaut destinée à l'encadrement politique (d'apr. DEBB.-DAUDET Pol. 1978). La milice fasciste (...) ne connaît de la force et de l'ordre que ce qui est agréable (...) jouer le double jeu politique de la vigilance et de la force, bousculer, bâtonner, fouetter ceux qui se moquent ou qui seulement refusent de saluer, c'est partie gagnée d'avance (ALAIN, Propos, 1928, p.774).
— [En France de 1943 à 1944] Milice française. Organisation issue du Service d'ordre légionnaire qui joua le rôle de police supplétive dans la lutte contre la résistance. Emblême de la Milice. J'ai été arrêtée. Prise dans une ferme occupée par le maquis et cernée par la Milice (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.135). Le 30 janvier 1943, était créée la milice, dont Darnand, déjà incorporé dans la police allemande, devenait le secrétaire général et qui s'employait activement à traquer les patriotes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.89).
C. — Organisation paramilitaire illégale effectuant des actions de commando (pour le compte d'un mouvement politique, de chefs d'entreprises, etc.). Milice de choc, privée; dissolution des milices patronales, privées. L'utilisation de milices armées, de «polices» d'usine avec, fréquemment, la collaboration du «syndicat» C.F.T. est assez générale dans les grandes entreprises depuis 1968 (...). Le 9 octobre 1970, la milice patronale de Simca-Chrysler, à Poissy, agresse à coups de barre de fer, de pierre et de matraque douze militants C.F.D.T. qui distribuaient des tracts (Le Nouvel Observateur, 21 avr. 1973, p.41, col. 3).
Prononc. et Orth.:[milis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1578 «maniement des armes» (BRANTÔME, Discours sur les duels, VI, 297 ds HUG.); 2. 1611 «art militaire» (COTGR.); 3. id. celestielle milice (ibid.); 1617 «corps de troupes, armée» (J. CRESPIN, Le Thresor des trois langues); 4. 1636 «troupe de citoyens levée dans les communes pour renforcer l'armée régulière» (MONET); 5. 1874 «soldats citoyens dans les pays qui n'ont pas d'armée permanente, et dans lesquels chacun est obligé de servir au moment du danger» (Lar. 19e); 6. 1937 «formation militaire remplaçant, pendant la guerre civile espagnole, les forces régulières» (MALRAUX, Espoir, p.473); 7. 1943, 3janv. «organisation paramilitaire» (Décret de loi). Empr. du lat. militia «service militaire» d'où en lat. eccl. «la milice celeste, les puissances du ciel, les anges» (v. BLAISE Lat. chrét.); milice a supplanté la forme milicie «organisation militaire» (1371, ORESME, Politiques, fol. 54a ds Arch. St. n. Spr. t.198, p.317). Fréq. abs. littér.:346. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 882, b) 468; XXe s.: a) 204, b) 344. Bbg. QUEM. DDL t.11.
milice [milis] n. f.
ÉTYM. Fin XVIe, Brantôme; milicie, 1372; lat. militia « service militaire ».
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1 Vx. Art, exercice de la guerre; expédition militaire.
1 Rome encor(e) pauvre et attachée à l'agriculture, nourrissait une milice admirable (…)
Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, III, VI.
b Mod. Français de Belgique. Armée belge. — Service militaire, en Belgique. || Certificat de milice.
3 Hist. (Sous l'ancienne monarchie). || Milices communales (ou urbaines, bourgeoises) : « Troupes formées dans les villes de communes par les bourgeois sous le commandement du maire, et auxquelles le roi en confirmant la charte communale imposait certaines obligations militaires à son profit » (Lepointe). || Les milices bourgeoises furent remplacées à la Révolution par la garde nationale. || Milices provinciales : troupes qui servaient de réserves à l'armée régulière et qui étaient formées d'hommes tirés au sort dans chaque paroisse sur une liste dressée par l'intendant. || L'institution des milices provinciales, première ébauche du service militaire. || La qualité des nobles les exempte (cit. 3) du tirage à la milice. — (1789). || Milice nationale.
2 Il (Louis XIV) établit en 1688 trente régiments de milice, fournis et équipés par les communautés. Ces milices s'exerçaient à la guerre sans abandonner la culture des campagnes.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, XXIX.
3 En 1688, Louvois renforça l'armée permanente en créant des milices provinciales. Chaque paroisse devait fournir un ou plusieurs miliciens, tirés au sort parmi les hommes valides et non dispensés.
Olivier-Martin, Précis d'histoire du droit franç., p. 356.
4 Mod. a Garde nationale, troupe de police supplétive levée par appel ou par enrôlement et qui, dans certains pays ou dans certaines circonstances, remplace ou renforce l'armée régulière. || Milices populaires.
4 Ils (les communistes) avaient voulu armer, « contre l'ennemi de l'intérieur », les milices patriotiques, que leurs adversaires appelaient, par bienveillante abréviation, les mil-pat : les mille-pattes. Le général (de Gaulle) voulait l'amalgame de toutes les unités combattantes avec l'armée régulière, contre la Wehrmacht : armée ou police, la défense de la nation n'appartenait qu'à l'État. Il s'était seul opposé à l'armement des milices, et les milices n'avaient pas été armées.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 117.
b (De 1943 à 1944). || La Milice, corps de volontaires français formé pour soutenir les forces allemandes d'occupation contre la résistance française.
♦ Police, dans certains pays.
c Formation sans caractère officiel chargée par une collectivité (parti politique, groupe de pression, entreprise, etc.) de la défendre ou de défendre ses intérêts, en recourant au besoin à la force, à la violence armée. (Surtout, dans le discours des adversaires de ce parti, de ce groupe). || « Milices patronales » (le Nouvel Obs., 13 mars 1972, p. 10). || « Milices ouvrières »; « milices multinationales » (le Nouvel Obs., 13 mars 1972, p. 29). || Une loi de 1934 interdisait la constitution de milices privées.
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DÉR. Milicien.
Encyclopédie Universelle. 2012.