mitiger [ mitiʒe ] v. tr. <conjug. : 3> ♦ Vieilli Rendre plus doux, moins rigoureux. ⇒ adoucir, édulcorer, tempérer. Chercher « des demi-mots pour mitiger l'annonce fatale » (Stendhal) . ⊗ CONTR. Aggraver.
● mitiger verbe transitif (latin mitigare, de mitis, doux) Littéraire. Édulcorer quelque chose, l'adoucir en y mêlant quelque chose d'autre : Mitiger ses reproches de quelques compliments. ● mitiger (difficultés) verbe transitif (latin mitigare, de mitis, doux) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je mitige, nous mitigeons ; il mitigea. ● mitiger (synonymes) verbe transitif (latin mitigare, de mitis, doux) Littéraire. Édulcorer quelque chose, l'adoucir en y mêlant quelque chose d'autre
Synonymes :
- couper
- entremêler
- panacher
⇒MITIGER, verbe trans.
A. —Vieilli. Rendre moins acide. Synon. édulcorer. Mitiger par du sucre l'acidité d'un citron (Ac. 1935).
— MÉD. Atténuer les effets de quelque chose. Le vinaigre pourra (...) être employé (...) comme un moyen propre à mitiger l'action du sinapisme (NÉLATON, Pathol. chir., t.1, 1844, p.33).
B. —Au fig., vieilli et littér.
1. Rendre quelque chose moins pénible, moins douloureux pour quelqu'un. Synon. adoucir, édulcorer. Mitiger un châtiment, une peine. Après avoir cherché des demi-mots pour mitiger l'annonce fatale, il finit cependant par lui tout dire (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.345).
— Dans le domaine jur. Obéir avait peut-être chance de faire mitiger la sentence. Désobéir était obliger à aggraver celle-ci (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p.85).
— Emploi pronom. passif. Tous [les événements] se mitigent ou s'aggravent, suivant les besoins d'une cause ou selon le tempérament de l'écrivain qui les manie (HUYSMANS, Là-bas, t.1, 1891, p.30).
2. Rendre quelque chose moins absolu ou moins rigoureux (au plan doctrinal ou éthique). Synon. tempérer. Ce fameux système de la grâce générale, qui mitige tout le jansénisme (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.4, 1859, p.481).
3. Rendre quelqu'un moins violent, moins entier. Synon. calmer, modérer, retenir, tempérer. Tout indique qu'il était doux, modéré, de bon conseil, plus fait pour mitiger et retenir celle qu'il dirigeait que pour la pousser aux extrêmes (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.2, 1850, p.114).
— [P. méton. du compl. d'obj.] Un bon moyen d'attacher à la Révolution les familles riches ou du moins de mitiger leur haine (STENDHAL, H.Brulard, t.1, 1836, p.305).
C. —P. ext., vieilli
1. [Le suj. désigne une pers.] Mêler quelque chose à quelque chose pour le rendre moins pur, moins austère. Elle mitige sa lecture par l'éducation de ses serins, par la conversation avec son chat (BALZAC, Œuvres div., t.3, 1840, p.218).
2. [Le suj. désigne un inanimé] Se mêler à quelque chose de manière à le rendre moins pur. Elle [l'eau] élimine les choses qui pourraient mitiger son reflet (RODENBACH, Règne silence, 1891, p.46). Le triomphe du vainqueur était mitigé par le peu de cas qu'il faisait de la valeur du vaincu (PERGAUD, De Goupil, 1910, p.27).
— Emploi pronom. passif. Les tempéramens se combinent et se mitigent de cent manières différentes. On n'en rencontre presque point qui soient exempts de mélange (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.47).
REM. Mitigeur, subst. masc. Robinet à réglage instantané de température d'eau pour appareils sanitaires. Mitigeur mécanique, à touches. Un nouveau robinet mixte bain-douche facilite le réglage instantané de la température de l'eau, c'est «le mitigeur» (Le Monde, 6 mars 1976 ds GILB. 1980).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1355 «apaiser, calmer (une personne)» (BERSUIRE, Tit.-Liv., B.N. 20312ter, f°90 v° ds GDF. Compl.); 1558 dr. mitiguer la peine (SEYSSEL, Hist. de Louys XII, p.83 ds HUG.); 1714 part. passé subst. les mitigés «ceux qui ont des opinions modérées» (FÉNELON, Lettre à Mxxx, 20 janv. ds B. de l'Inst. genevoix, t.36, p.462); 2. 1850 «varier, rendre moins uniforme» (BALZAC, loc. cit.); 3. 1893 mitigé de «mêlé, mélangé»(COURTELINE, Ronds-de-Cuir, II, p.45); 4. 1574 «devenir moins pénible (d'une affaire)» (E. COSMOPOLITE, Premier dialogue du réveille-matin des Français, 65 ds FEW t.6, 2, p.182b). Empr. au lat. mitigare «amollir, rendre doux, calmer». Fréq. abs. littér.: 17.
mitiger [mitiʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
❖
♦ Vieilli à l'actif. Rendre plus doux, moins rigoureux. ⇒ Adoucir, affaiblir, atténuer, diminuer, édulcorer, tempérer. || Chercher des demi-mots (cit. 1) pour mitiger ce qu'on va dire. || Mitiger une peine. ⇒ Mitigation. || « Mitiger une règle trop austère » (Académie).
1 Nul crime ou délit ne peut être excusé, ni la peine mitigée, que dans les cas et dans les circonstances où la loi déclare le fait excusable, ou permet de lui appliquer une peine moins rigoureuse.
Code pénal, art. 65.
2 (La Direction générale du Ministère). Mixte, bâtarde, équivoque, d'une austérité de monastère que mitigerait la banalité d'un magasin à fourrages (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, I, II.
——————
mitigé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1660; mitigué, 1596).
1 Vx. Adouci, atténué. || Les limbes (cit. 1), espèce d'enfer mitigé.
3 (…) son envie de lâcher la boîte le lendemain, mitigée de sa crainte des complications s'il donnait suite à son projet.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, II, II.
3 Cour. Mélangé, mêlé. || Des compliments mitigés. || Il a une attitude assez mitigée, incertaine, ni bonne ni mauvaise.
REM. Cette évolution de sens peut s'expliquer par les tours du type mitigé de, et l'attraction de mi « moitié » (cf. Mi-figue, mi-raisin), de mixte. La même remarque s'applique à mitiger.
4 Et il commente (Criticus) : « Les puristes réprouvent cet emploi d'un verbe mitigeant le sens de dire par celui d'une nuance d'attitude ». Mitiger, qui signifie : atténuer, est ici tout à fait impropre.
René Georgin, Jeux de mots, p. 257.
❖
CONTR. Aggraver, exagérer.
DÉR. Mitigeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.