non-conformiste [ nɔ̃kɔ̃fɔrmist ] n. et adj.
• 1688; de l'angl. nonconformist
1 ♦ Hist. Protestant qui n'est pas conformiste. — Adj. Doctrine, église non-conformiste. ⇒ dissident.
2 ♦ Par ext. (1830) Personne qui ne se conforme pas aux usages établis, aux opinions reçues, qui fait preuve d'originalité. ⇒ anticonformiste, marginal, 2. original. D'irréductibles non-conformistes.
♢ Adj. ⇒ indépendant, individualiste. Peintre, musicien non-conformiste. — Morale non-conformiste.
non-conformiste
n. et adj. Personne qui ne se conforme pas aux traditions, aux moeurs, aux manières d'être en usage. Des non-conformistes.
|| adj. Intellectuel non conformiste.
— Attitude non conformiste.
⇒NON-CONFORMISTE, adj. et subst.
A. —RELIG. (Protestant) qui, en Grande-Bretagne, appartient à une Église autre que l'Église anglicane. Synon. dissident. Affrontant l'Église anglicane, d'innombrables sectes séparatistes (...) s'agitent (...). Tous ces non-conformistes engendreront cette démocratie anglaise si peu connue de nous, qui a pris le pouvoir avec Lloyd George et Ramsay Mac Donald (MORAND, Londres, 1933, p.37). V. conformiste rem.
— P. anal., rare. Prêtre qui, sous la Révolution française, n'a pas prêté serment à la constitution civile du clergé. Les prêtres constitutionnels sont peut-être les seuls fonctionnaires qui aiment sincèrement la Révolution, et il est bien à craindre que les persécutions que leur suscitent les non-conformistes (...) ne finissent par les dégoûter de leur pénible et rebutant ministère (La Société des Amis de la Constitution (...) aux sociétés affiliées, 15 févr. 1792, Paris, in AULARD, La Société des Jacobins, III, 378 ds QUEM. DDL t.11).
B. —(Personne) qui refuse les normes sociales, morales, intellectuelles, esthétiques de son époque. En ce moment, il existe une certaine manière d'employer les mots qui vous donne des effets pittoresques dans le discours; vous accablez le non-conformiste par une éloquence (...) dont il est stupéfait (BALZAC, OEuvres div., t.2, 1830, p.37). Demander bourgeoisement à tout non-conformiste pourquoi il ne se suicide pas, à tout révolutionnaire pourquoi il ne va pas vivre en U.R.S.S. (BRETON, Manif. Surréal., 2e Manif., 1930, p.95):
• ♦ ... il est dans la logique des choses qu'un jour ou l'autre une haine et une vindicte religieuse s'éveillent contre les fidèles des autres religions, pour peu qu'ils refusent de suivre la ligne, comme généralement contre tout non-conformiste politique...
MARITAIN, Human. intégr., 1936, p.48.
— [P. méton.] Attitude, goût, opinion non-conformiste. Cette liberté non-conformiste lui fait dire [à Spencer] bien des bêtises en esthétique (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p.101).
C. —Vx. Homosexuel. (Ds LITTRÉ).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. V. non-. Étymol. et Hist. 1. 1672 «Anglais dont la pratique religieuse n'est pas conforme à celle de la religion officielle de son pays» (GALLAND, Journal d'un Séjour à Constantinople, éd. Ch. Schefer, 1881, t.1, p.157); 1683 (Journ. des Savants, 80: Le Non-conformiste anglois dans ses écrits, dans ses sentiments et dans sa pratique, In 4° à Londres et se trouve à Paris, chez Antoine Dezallier); 2. 1688 «homosexuel» (MÉNAGE, Anti-Baillet, t.2, p.104), cf. aussi DIDEROT, Essais sur la peint., OEuvres esthétiques, éd. P. Vernière, p.706; 3. 1791 v. conformiste étymol. et hist. 2; 1830 v. supra B. Empr. à l'angl. non-conformist (comp. de non de même orig. que le fr. non et de conformist, v. conformiste) att. dep. 1619 et désignant à l'orig. des membres de la religion officielle qui n'étaient en désaccord que sur des points de pratique du culte et qui est att. dès 1677 pour désigner des personnes ayant un comportement non conforme aux usages établis et convenances, généralement en matière religieuse (cf. NED).
DÉR. Non-conformisme, subst. masc. a) Relig., rare. ,,État de celui qui se sépare de l'Église anglicane`` (LITTRÉ Suppl. 1877). b) Attitude de refus des normes sociales, morales, intellectuelles, esthétiques. L'un nomme culpabilité ce qui n'est pour l'autre que non-conformisme (G. MARCEL, Journal, 1919, p.211). Le surréalisme, tel que je l'envisage, déclare assez notre non-conformisme absolu (BRETON, Manif. Surréal., 1erManif., 1924, p.75). c) Vx. Homosexualité. Il n'était pas libertin, et il pliait un peu au non-conformisme; il se divertissait innocemment avec des amis de son âge à un jardin près d'Avignon, où une soeur de la jardinière l'amusait quand ses amis n'y étaient pas (CASANOVA, Hist. de ma vie, t.7, 1791-98, p.66 ds QUEM. DDL t.20). — []. V. non-. — 1res attest. 1. 1791-98 (ID., ibid.), 2. 1877 (LITTRÉ Suppl.); de non-conformiste par substitution du suff. -isme à -iste, 2 peut-être d'apr. l'angl. nonconformism att. dep. 1844 (NED). — Fréq. abs. littér.: 10.
non-conformiste [nɔ̃kɔ̃fɔʀmist] n. et adj.
ÉTYM. 1672; de non, et conformiste.
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1 Hist. relig. Protestant qui n'est pas conformiste (cit. 1). — Adj. || Doctrine, église non-conformiste. ⇒ Dissident.
2 (1704). Personne qui ne se conforme pas aux usages établis, aux opinions reçues, qui fait preuve d'originalité. || D'irréductibles non-conformistes. — Adj. ⇒ Hétérodoxe, indépendant, individualiste. || La jeunesse est volontiers non-conformiste. || Peintre, musicien non-conformiste. — Par ext. || Attitude, morale, goûts non-conformistes.
3 (1694). Spécialt, par plais. Homosexuel.
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CONTR. Conformiste.
DÉR. Non-conformisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.