noyé, ée [ nwaje ] adj. et n.
1 ♦ Marins noyés en mer. ⇒ disparu; périr. — Fig. Être noyé : être dépassé par la difficulté ou l'ampleur d'un travail, ne pas savoir s'en tirer. ⇒ perdu. Élève complètement noyé, qui n'arrive plus à suivre.
♢ Par anal. Des yeux noyés de pleurs. Par ext. Pièce noyée dans la pénombre. « Une résidence d'été, noyée dans la verdure » (Loti).
♢ Fig. Quelques bons passages noyés dans un fatras de digressions inutiles.
2 ♦ N. (nooié fin XIIe) Personne morte noyée; cadavre noyé. Repêcher un noyé. — Personne qui est en train de se noyer, a perdu connaissance. Secours aux noyés. Ranimer un noyé par la respiration artificielle.
● noyé, noyée nom Personne noyée, que la mort s'en soit suivie ou non : Repêcher un noyé. ● noyé, noyée (homonymes) nom noyer nom masculin noyer verbe
noyé, ée
adj. et n.
rI./r adj.
d1./d Mort par asphyxie dans un liquide.
d2./d Mouillé, baigné. Des yeux noyés de larmes.
d3./d TECH Noyé dans la masse: enrobé d'une matière formant un bloc.
d4./d Fig. être noyé: être incapable de surmonter des difficultés.
rII./r n. Personne asphyxiée par immersion (morte ou simplement sans connaissance).
⇒NOYÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. —Part. passé de noyer1.
II. —Emplois adj. et subst.
A. —1. (Personne) mort(e) par immersion dans un liquide. Le fleuve débordé qui roule les paysans noyés avec les cadavres des boeufs et les poutres arrachées aux toits (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Boule de suif, 1880, p.116):
• 1. Le reporter racontait qu'une fois le corps du noyé transporté au commissariat, on avait fouillé les poches sans trouver de papier.
BOURGET, Actes suivent, 1926, p.47.
— P. anal. [En parlant d'un inanimé] Disparu sous, anéanti par de grandes quantités d'eau. Quel tableau pour un peintre! Un cimetière de vaisseaux noyés au fond de la mer (RENARD, Journal, 1896, p.364). Le feu, noyé d'un côté, reprend de l'autre; les arrosoirs s'emplissent et se vident, l'eau coule à flots (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p.1044).
— PÊCHE. Pêche à la mouche noyée. V. mouche II A ex. de Schreiner.
2. (Personne) qui est train de se noyer; qui a subi un début d'asphyxie par immersion et a perdu connaissance. Sauver, ranimer un noyé; secours aux noyés. Il n'y avait rien là de l'agonie du noyé ouvrant sous l'eau des yeux horribles (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.951). Le noyé blanc sera légèrement penché en arrière —Le noyé bleu légèrement penché en avant (R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941, p.161).
B. —P. anal ou au fig. uniquement adj.
1. [En parlant d'une pers.]
a) Dépassé par les événements, les difficultés; perdu. Synon. submergé. Noyé de dettes. Si je réussis je suis tiré d'affaire pour longtemps; si je sombre, je suis un homme noyé sans retour (CHATEAUBR., Corresp., t.1, 1800, p.19). Consterné par la niaiserie gigantesque de ces vers sublimes. Imaginer un étranger noyé là-dedans! (GIDE, Journal, 1918, p.660).
b) Qui se perd dans un ensemble, ne se distingue plus. Coureur noyé dans le peloton; noyé dans la foule.
2. [En parlant d'un inanimé]
a) Noyé de. Rempli de, plein de. Synon. inondé. Des yeux noyés de larmes. Celui qui sait d'où vient l'aurore qui se lève Ouvre ses yeux noyés d'allégresse et d'amour (LAMART., Harm., 1830, p.357). Les chemins noyés d'ombre dans les lentisques et les oliviers (CAMUS, Caligula, 1944, II, 14, p.57).
b) Noyé dans. Dissimulé par, perdu dans. Tuiles et ardoises noyées dans le mortier (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.24). La brume indécise des lointains noyés dans l'ombre (MORAND, New-York, 1930, p.66):
• 2. Il est un pays superbe, un pays de cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord...
BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p.86.
♦Regard noyé. Regard perdu dans le vague. Le coude sur le genou, le front dans le creux de la main, le regard noyé, il resta longtemps assis devant sa cheminée (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p.57).
REM. Noyé-d'eau, subst. masc, technol. Nébulosité dans la pâte du papier. (Dict. XIXe et XXes.).
Prononc.:[nwaje]. Homon. noyer2. Étymol. et Hist. 1. 1200 subst. noiiés «personne morte par noyade» (J. BODEL, Jeu st Nicolas, éd. A. Henry, 525: Il resuscite les noiiés); 1690 «personne qui est en train de se noyer» sauver un noyé (FUR., s.v. sauver); 2. 1546 fig. id. «se dit d'une personne ruinée, perdue» estre noyé en debtes (EST. d'apr. FEW t.7, p.75b); 3. 1832 adj. regards noyés «perdus dans le vague» (HUGO, N.-D. Paris, p.555); 4. 1863 id. pêche à la mouche noyée (Lar. encyclop.). Part. passé adj. et subst. de noyer1. Fréq. abs. littér.:1586. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1420, b) 3270; XXes.: a) 3237, b) 1833.
Encyclopédie Universelle. 2012.