paternalisme [ patɛrnalism ] n. m.
• 1894; angl. paternalism (1881)
♦ Conception patriarcale ou paternelle du rôle de chef d'entreprise. — Polit. Tendance à imposer un contrôle, une domination, sous couvert de protection. « le paternalisme de Salazar » (Beauvoir).
● paternalisme nom masculin (anglais paternalism) Conception selon laquelle les rapports entre patrons et ouvriers doivent être régis par les règles de la vie familiale, caractérisées par l'affection réciproque, l'autorité et le respect. (Il a été théorisé par Fréderic Le Play.) Comportement, attitude consistant à maintenir un rapport de dépendance ou de subordination tout en lui donnant une valeur affective à l'image des relations familiales.
paternalisme
n. m. Péjor. Conception selon laquelle les personnes qui dÉtiennent l'autorité doivent jouer, vis-à-vis de ceux sur qui elle s'exerce, un rôle analogue à celui du père vis-à-vis de ses enfants; bienveillance condescendante dans l'exercice de l'autorité.
⇒PATERNALISME, subst. masc.
A. —Attitude du chef d'entreprise qui, de sa seule initiative, octroie à son personnel des avantages sociaux dans le but d'affermir son autorité; comportement bienveillant et autoritaire du patron envers ses salariés. Il avait une voix (...) dont l'affectation même de cordialité trahissait un paternalisme tyrannique (ARNOUX, Solde, 1958, p.90). Immobilisme des négociations (...) et paternalisme traditionnel se complétaient pour empêcher tout dialogue syndical (REYNAUD, Syndic. en Fr., 1963, p.49):
• 1. Au plan de l'entreprise, le paternalisme est ressenti comme particulièrement insupportable lorsque l'employeur tend à organiser toute la vie du personnel en dehors des heures de travail (spectacles de l'usine, sociétés sportives de l'usine, maternité de l'usine, etc.).
SUAVET 1975.
B. —P. anal., POL. Attitude d'une personne au pouvoir, d'une collectivité ou d'un pays qui, sous couvert de protection désintéressée, cherche à imposer une tutelle, une domination. Il existe aussi un paternalisme au plan des peuples. Les nations économiquement puissantes n'y échappent guère. C'est dans la mesure où les nations maintenues en tutelle manifestent leur exigence d'indépendance que cesse le paternalisme des autres (BRANC. Écon. 1978):
• 2. ... le paternalisme de Salazar est une ignoble dictature (...) les Américains devraient se dépêcher de le vider (...). Malheureusement ce n'est pas pour demain: il va leur vendre des bases aériennes aux Açores.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.105.
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1894 (J. NOVICOW, Les Gaspillages des sociétés mod., p.143 ds QUEM. DDL t.20). Prob. empr. à l'angl. paternalism att. au même sens dep.1881 (NED) et dér. de paternal corresp. au fr. paternel d'apr. le lat. médiév. paternalis (LATHAM et DU CANGE).
DÉR. Paternaliste, adj. et subst. a) Adj. et subst. (Personne) qui pratique le paternalisme; partisan du paternalisme. Chef d'entreprise, patron paternaliste. (Dict.XIXe et XXes.). b) Adj. Qui concerne le paternalisme; qui en a les caractères. Mesures paternalistes. Cette revendication et cette conquête (...) sont si peu typiques pour le socialisme qu'on peut les retrouver dans des conceptions réformistes ou paternalistes (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p.245). On invoquait les réformes destinées à réduire les abus, la bienveillance paternaliste d'une partie des planteurs (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.12). — []. — 1re attest. 1936 (MARITAIN, loc. cit.); de paternalisme par substitution du suff. -iste à -isme.
paternalisme [patɛʀnalism] n. m.
ÉTYM. 1894, J. Novicow, in D. D. L.; de l'angl. paternalism (1881).
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♦ Conception patriarcale ou paternelle du rôle de chef d'entreprise. — REM. Le mot est ordinairement employé par dénigrement, les adversaires du paternalisme dénonçant l'état d'esprit d'un patronat qui prétend accorder par charité ou générosité ce que la justice sociale exige. ⇒ Paternaliste. || On accuse souvent les entreprises japonaises de paternalisme.
♦ (1954). Tendance à imposer un contrôle, une domination, sous couvert de protection.
1 « (…) quelles impressions rapportes-tu du Portugal ? » (…) — C'est dégueulasse (…)
— Eh bien, dis-leur que le paternalisme de Salazar est une ignoble dictature (…)
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 104-105.
2 Dans ces discussions (avec les mouvements d'indépendance nationale) les socialistes révolutionnaires doivent éviter avec soin l'attitude « paternaliste », y compris ce « paternalisme du frère aîné » qu'Aimé Césaire dénonçait à juste titre dans le comportement du Parti communiste.
Yvan Craipeau, la Révolution qui vient, p. 246.
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DÉR. Paternaliste.
Encyclopédie Universelle. 2012.