patricien, ienne [ patrisjɛ̃, jɛn ] n. et adj.
• 1350; du lat. patricius → patrice
1 ♦ Hist. rom. Personne qui appartenait, de par sa naissance, à la classe supérieure des citoyens romains, et jouissait de nombreuses prérogatives. ⇒ noble.
2 ♦ (XVIIIe) Littér. Aristocrate, noble. « Les plus grands coups portés à l'antique constitution de l'État, le furent par des gentilshommes. Les patriciens commencèrent la Révolution, les plébéiens l'achevèrent » (Chateaubriand).
♢ Adj. Aristocratique. « Ce calme patricien qui respire [...] l'impossibilité d'aucune vive émotion » (Stendhal).
⊗ CONTR. Plébéien, populaire, prolétaire, prolétarien.
● patricien, patricienne adjectif (latin patricius) Qui relève du patriciat romain. Littéraire. Qui appartient aux nobles, à l'aristocratie : Une demeure patricienne. ● patricien, patricienne nom Membre du patriciat de l'ancienne Rome (par opposition à plébéien). Personne qui fait partie de la noblesse, de la classe privilégiée. ● patricien, patricienne (synonymes) nom Personne qui fait partie de la noblesse, de la classe...
Synonymes :
- noble
- puissant
patricien, enne
n. et adj.
rI./r n.
d2./d Membre de la noblesse.
⇒PATRICIEN, -IENNE, subst. et adj.
A. —HIST. ROM. Personne qui appartenait, de par sa naissance, à la classe sociale la plus élevée chez les citoyens romains, qui jouissait de nombreux privilèges et qui, à l'origine, pouvait seule prétendre à une haute magistrature. Anton. plébéien. La caste des patriciens. Il était d'usage à Rome que tout patricien portât trois noms. On s'appelait, par exemple, Publius Cornelius Scipio (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p.132). Si l'on avait annoncé à un patricien romain du siècle d'Auguste l'abolition future de l'esclavage, il n'y aurait pas cru (BOURGET, Actes suivent, 1926, p.122):
• 1. Je prends dans le monde ancien une grande situation aristocratique, un patricien romain, par exemple: comme le seigneur féodal, le patricien romain était chef de famille, maître supérieur. Il était de plus magistrat religieux, pontife dans l'intérieur de sa famille.
GUIZOT, Hist. civilis., leçon 4, 1828, p.13.
— Empl. adj. Il y a de l'Alcibiade en lui [César]: c'est un génie patricien (GONCOURT, Journal, 1859, p.622). Les plébéiens obéissaient; faibles, généralement pauvres, ils pliaient sous la force du corps patricien (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p.376).
B. —P. ext. Personne issue de la noblesse, d'une classe sociale privilégiée (dans certaines républiques italiennes notamment). Synon. aristocrate, noble; anton. prolétaire. Des mains, une attitude de patricien. Madame Barrès, de taille altière, belle comme une patricienne florentine, blonde (BLANCHE, Modèles, 1928, p.35). Sous les manières courtoises du patricien, c'est sans bienveillance que Roosevelt considérait ma personne (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.80):
• 2. Cette jolie ville d'Albano, (...) vit naître, en 1542, Hélène de Campireali. Son père passait pour le patricien le plus riche du pays, et, en cette qualité, il avait épousé Victoire Carafa, qui possédait de grandes terres dans le royaume de Naples.
STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p.148.
— Empl. adj.
♦Qui est propre, qui a trait aux nobles, aux privilégiés. Éducation, famille patricienne; gouvernement patricien; orgueil patricien. Faute d'être renouvelé, le sang patricien est usé; (...) pour retrouver la force, la chaleur et la vie (...) il a besoin de se mêler au sang plus jeune, plus chaud, plus vivace du peuple et de la bourgeoisie (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.245). En Italie, la bourgeoisie avait tôt évolué vers une civilisation patricienne et princière (HUYGUE, Dialog. avec visible, 1955, p.153).
♦Qui présente un aspect aristocratique, raffiné; qui évoque la richesse, l'élégance propre à certaines familles de souche ancienne. Allure, demeure patricienne. En passant dans la rue on voit ces grands plafonds patriciens tout peints et dorés (FLAUB., Corresp., 1845, p.168). Ce vêtement changeait Anne. Haute, libre, sportive, d'une patricienne et rêveuse élégance, elle semblait debout sur la terrasse d'un hôtel d'altitude (MALÈGUE, Augustin, t.2, 1933, p.199).
C. —P. anal. Celui, celle qui appartient à une élite (intellectuelle ou morale). L'amour de l'humanité chez les grands patriciens de l'esprit, chez un Érasme, un Malebranche, un Spinoza, un Goethe (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p.98).
REM. Patriciser (se), verbe pronom., hapax. Devenir plus patricien, prendre un aspect plus aristocratique, plus distingué. Son nez (...) s'amenuisait déjà plus droit, s'anoblissait, se patricisait, si l'on peut dire, en s'effilant (HUYSMANS, Oblat, t.1, 1903, p.302).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1355 antiq. romaine subst. (BERSUIRE, Tit.Liv., BN 20312 ter, fol. 3 ds GDF. Compl.); b) 1559 empl. adj. de patricienne maison (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Jules Caesar, XI, éd. G. Walter, t.2, p.423); 2. a) 1765-70 p.ext. en parlant de nobles italiens (J.-J. ROUSSEAU, Confessions, VII ds OEuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t.1, p.302); av. 1780 en parlant de nobles, de privilégiés (CONDILLAC, Études hist., I, 3 ds LITTRÉ); 1795 patriciens accapareurs (Babeuf in Le Tribun du peuple, 6 nov., n° 34, 92 ds QUEM. DDL t.11); b) 1798 empl. adj. famille patricienne (Ac.). Dér. de patrice d'apr. l'étymon lat.; suff. -ien. Fréq. abs. littér.:577. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1026, b) 2032; XXes.: a) 289, b) 314. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.368. —VARDAR Soc. pol. 1973 [1970] p.283.
patricien, ienne [patʀisjɛ̃, jɛn] adj. et n.
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1 Hist. rom. Personne qui appartenait, de par sa naissance, à la classe supérieure des citoyens romains, et jouissait de nombreuses prérogatives. ⇒ Noble, patrice. || Patriciens et clients. || La clientèle d'un patricien. ⇒ Patron. || Les luttes des patriciens et des plébéiens (→ Classe, cit. 3). — Adj. || Prérogatives des familles patriciennes. ⇒ Aristocratique (cit. 1).
1 Les familles patriciennes avaient eu, de tout temps, de grandes prérogatives. Ces distinctions, grandes sous les rois, devinrent plus importantes après leur expulsion. Cela causa la jalousie des plébéiens, qui voulurent les abaisser (…) Une monarchie élective (…) suppose nécessairement un corps aristocratique puissant qui la soutienne (…) mais un État populaire n'a pas besoin de cette distinction des familles pour se maintenir. C'est ce qui fit que les patriciens, qui étaient des parties nécessaires de la constitution du temps des rois, en devinrent une partie superflue du temps des consuls : le peuple put les abaisser sans se détruire lui-même. (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XI, XIV.
2 Il (Romulus) donna (…) au peuple (…) toute l'autorité du nombre pour balancer celle de la puissance et des richesses qu'il laissait aux patriciens. Mais, selon l'esprit de la monarchie, il laissa cependant plus d'avantage aux patriciens par l'influence de leurs clients sur la pluralité des suffrages.
Rousseau, Du contrat social, IV, IV. (→ Client, cit. 1).
2 (XVIIIe). Littér. Aristocrate, noble; privilégié, puissant. — REM. Patricien a été employé comme exact synonyme de noble, en parlant de certaines républiques italiennes (cf. Rousseau, in Littré), de la France (cf. Chateaubriand, ci-dessous); mais le plus souvent il implique une notion morale de fierté, de hauteur plutôt que d'appartenance à une classe sociale précise. || Un bourgeois (cit. 6) et une patricienne. || Des figures fines et des mains petites de patricien (→ Griffe, cit. 5).
3 Les plus grands coups portés à l'antique constitution de l'État le furent par des gentilshommes. Les patriciens commencèrent la Révolution, les plébéiens l'achevèrent : comme la vieille France avait dû sa gloire à la noblesse française, la jeune France lui doit sa liberté, si liberté il y a pour la France.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 219.
4 (…) les patriciennes de V…, aussi fières pour le moins que les femmes des paladins de Charlemagne, ne supposaient pas (…) que la plus belle fille de chambre fût plus pour leurs maris que le plus beau laquais n'était pour elles (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Bonheur dans le crime ».
4.1 Mais on dit qu'un artiste de Venise, Fortuny, a retrouvé le secret de leur fabrication et qu'avant quelques années les femmes pourront se promener, et surtout rester chez elles, dans des brocarts aussi magnifiques que ceux que Venise ornait, pour ses patriciennes, avec des dessins d'Orient.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Folio, p. 566.
♦ Adj. Aristocratique. || Un luxe patricien, une lenteur patricienne (Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, p. 10 et 91). || Des manières, des mains patriciennes, distinguées (→ Dépasser, cit. 19).
5 Julien, de son côté, trouvait dans les façons de la maréchale un exemple à peu près parfait de ce calme patricien qui respire une politesse exacte et encore plus l'impossibilité d'aucune vive émotion.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XXVI.
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Encyclopédie Universelle. 2012.