pavaner (se) [ pavane ] v. pron. <conjug. : 1> ♦ Marcher avec orgueil, avoir un maintien fier et superbe (comme un paon qui fait la roue). ⇒ parader, poser. — Par ext. « Ta tête se pavane avec d'étranges grâces » (Baudelaire).
pavaner (se)
v. Pron. Marcher en essayant de se faire remarquer.
⇒PAVANER (SE), verbe pronom.,PAVANER, verbe
A. —Se pavaner
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Marcher avec orgueil et fatuité; mettre en valeur avec ostentation sa physionomie, son allure, ses vêtements. Synon. crâner (fam.), parader, plastronner, poser, (se) rengorger. Mais quand je le promenai dans le carré français, quand il se pavana en touriste dans ses bars et ses patios, il jubilait comme s'il avait été en train de jouer un bon tour au destin (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.423):
• 1. Callot, au contraire, est le lansquenet fanfaron et grivois qui se pavane sur la place, qui fait du bruit dans la taverne, qui caresse les filles de bohémiens, qui ne jure que par sa rapière et par son escopette, et qui n'a d'autre inquiétude que de cirer sa moustache.
BERTRAND, Gaspard, 1841, p.63.
— [Le suj. désigne la représentation d'une pers.] Entre les Hercules, dans des niches peintes, se pavanaient des bustes d'empereurs romains et autres personnages illustres de l'histoire (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.5). Que me reste-t-il, maintenant, de Monsieur Jean dont la photographie se pavane, dans son cadre de peluche rouge, sur la cheminée? (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.283).
b) Se comporter d'une manière obstentatoire, vaniteuse. Synon. s'afficher, se montrer. J'irai d'abord un peu voir Soulary à Lyon, puis Glatigny à Vichy, où il se pavane avec le musicien Debillement, Coquelin et Gustave Flaubert (MALLARMÉ, Corresp., 1864, p.122). Les traîtres (...), nous les connaissons aussi, ils se pavanent à Vichy, à la cour du grand roi (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.261):
• 2. Ces gens-là ne sont occupés qu'à imaginer des manières d'engager les pauvres gens de façon qu'ils ne puissent plus reculer. Puis, quand on s'est fait assommer pour leur plaire, ce sont eux qui se pavanent, qui passent pour des héros.
RENAN, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, III, 3, p.583.
— Se pavaner de qqn ou de qqc. Tirer vanité de, s'enorgueillir de quelqu'un, de quelque chose. Tout est effet et cause, écrivait-il [Renan] au séminaire, j'aime à me pavaner de cela et j'énumère avec un orgueil comique les différentes causalités que j'ai pu exercer dans le monde (MASSIS, Jugements, 1923, p.10). Sylvie le gâtait [le fils d'Annette], l'adulait (...) elle l'offrait à l'admiration de ses clientes et se pavanait de lui, comme si elle l'eût pondu (ROLLAND, Âme ench., t.2, 1925, p.77). Costals réalise qu'on trouvera sa femme ravissante, et s'en pavane un peu (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p.1413).
2. [Le suj. désigne un animal, en partic. un oiseau] Marcher avec majesté, exécuter les figures ou les danses correspondant à un rite (annexion d'un territoire, prélude à l'accouplement, etc.). Le paon, quoi qu'on en dise, se pavane, non d'orgueil, mais d'amour (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.267). Ailleurs, sur les rives et sur l'îlot, se pavanaient des canards sauvages, des pélicans, des poules d'eau, des becs-rouges (VERNE, Île myst., 1874, p.111). Lorsqu'il [le pigeon paon] se pavane ainsi, sa tête se porte en arrière en même temps qu'il est saisi d'un tremblement de tout le corps (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p.63).
B. —Pavaner, rare
1. Empl. trans. [Avec un compl. d'obj. interne] Mettre en évidence avec ostentation. Synon. afficher, étaler. Avec tant de coeurs navrés de mort, qui s'en vont sur les places affichant leur affront, et pavanant leur défaite (QUINET, Ahasvérus, 1833, intermède de la 2e journée, p.171). Les dernières hésitations qu'elle pouvait avoir s'étaient évanouies à la vue d'Anatole qui, pavanant ses grâces, lui fit un accueil plein de courtoises défiances (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.308).
2. Empl. intrans. Parader. Peut-être avait-il [l'amant de la reine] besoin, pour émoustiller sa royale maîtresse, de pavaner ainsi sous ses fenêtres en compagnie de Suzanne Bloch, dite Suze la Rousse (A. DAUDET, Nabab, 1877, p.55).
REM. Pavanement, subst. masc. Action de se pavaner; résultat de cette action. Une ardeur [des hommes] à lui plaire [à la duchesse], un pavanement autour de son fauteuil qui visait directement la femme et non plus son influence (A. DAUDET Immortel, 1888, p.228). Et pourtant je sentais (...) que dans ce tournoi orgueilleux, ce pavanement rituel, ils [Irène et Jacques] cherchaient obscurément, tout en évoluant si dédaigneux, si fermés, une espèce de revanche (GRACQ, Beau tén., 1945, p.88).
Prononc. et Orth.:[pavane], (il se) pavane [-an]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.1. 1611 (COTGR.: se Pavaner. as se Pavonasser [...] se Pavonasser. To strout it; proudly to glorie in himselfe, or set up his Peacocks feathers); 2. 1771 «faire la roue (en parlant du paon)» (BUFFON, Hist. nat. des Oiseaux, t.2, 330). Dér. de pavane; dés. -er. Le sens s'explique par la fausse étymol. qui faisait dériver pavane du lat. pavo «paon» (cette danse était lente et majestueuse; pavaner a pris le sens des dér. de paon). V. FEW t.8, p.1 et p.84b. Fréq. abs. littér.:106.
pavaner (se) [pavane] v. pron.
ÉTYM. 1611; se paonner, 1544; croisement entre paonner (de paon), et pavane.
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♦ Marcher avec orgueil, avoir une allure, une attitude pleine de vanité, un maintien prétentieux. ⇒ Beau (faire le beau), panader (se), paonner, parader, poser, rengorger (se), roue (faire la roue). || « Ces hommes qui se pavanent, laquais (cit. 1) devant, laquais derrière, en berline de gala ». — « Ta tête se pavane avec d'étranges grâces » (→ Épaule, cit. 7, Baudelaire).
♦ Se comporter d'une manière orgueilleuse, prétentieuse.
0 Mais les consécrations de l'œuvre entière (de Pasteur) accablèrent peu à peu tous les adversaires : les plus cyniques s'abaissèrent en des courbettes lourdaudes, les plus sots, qui s'étaient pavanés agressivement, feignirent de ne pas s'en souvenir.
Henri Mondor, Pasteur, X.
Encyclopédie Universelle. 2012.