perclus, use [ pɛrkly, yz ] adj.
• 1240; lat. perclusus « obstrué »
1 ♦ Privé, complètement ou partiellement, de la faculté de se mouvoir; qui a de la peine à se mouvoir. ⇒ impotent. « une tante à demi percluse, qui ne bougeait jamais de son fauteuil » (Musset). Être perclus de rhumatismes, de douleurs. — Par ext. Bras perclus. ⇒ inerte.
2 ♦ (XVIe) Fig. Paralysé. Être perclus de froid, de peur, de gêne. Ce « grand jeune homme noir et myope, perclus de timidité » (F. Mauriac).
perclus, use
adj. Paralytique, impotent partiellement ou totalement. Perclus de rhumatismes: rendu impotent par les rhumatismes.
|| Fig. Perclus de timidité.
⇒PERCLUS, -USE, adj.
A.— [En parlant d'une pers.] Qui est partiellement ou entièrement privé de la faculté de se mouvoir par l'effet d'une maladie, d'une infirmité. Synon. impotent, paralysé. Il faillit en mourir, et en a conservé toujours depuis de cruelles infirmités : il demeure à peu près perclus de tout un côté (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 123). M. Dubois-Fontanelle était presque perclus de goutte, ses doigts n'avaient plus de forme (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 330). Vieille et percluse au point de ne marcher qu'avec deux cannes (...), elle visite les malades et surtout veille les morts (BERNANOS, Mouchette, 1937, p. 1327).
— Empl. subst. C'était un perclus, à la fois boiteux et manchot, et si manchot et si boiteux que le système compliqué de béquilles et de jambes de bois qui le soutenait lui donnait l'air d'un échafaudage de maçons en marche (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 94). Ils le poussèrent à demander la mort de celui qui l'avoit nourri dans le désert avec sept pains, qui rendoit aux infirmes la santé, la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, et aux perclus l'usage de leurs membres (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 203).
— P. ext. [En parlant d'un animal] Paralysé. L'animal [un cheval], presque perclus, levait avec peine ses jambes lourdes, grosses des genoux et enflées au-dessus des sabots (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, COCO, 1884, p. 429).
— P. anal. [En parlant d'un objet] Qui ne sert plus, qui ne fonctionne plus, hors d'usage. La plaine, hélas! Elle est finie! Et ses clochers sont morts et ses moulins perclus (VERHAEREN, Villes tentac., 1895, p. 109). Il avait (...) forcé la porte percluse qui se trouvait dans un angle de la muraille et devant laquelle on poussait d'ordinaire une provision de fagots (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 133).
B.— P. ext.
1. Qui est entièrement ou partiellement paralysé par l'effet d'une cause passagère. Perclus de fatigue, de froid, de douleur. Les pauvres gars qui soufflent, qui enfoncent les touches de leurs doigts gourds, perclus d'onglée, jouent sans cartons (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 17). Il était tout perclus. Il lui semblait qu'on lui avait retiré les os pour mettre de la bouillie à la place, il lui semblait qu'on avait cherché à le transformer en statue (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 134) :
• ... il y a dans ces terres, brûlées du soleil pendant tout le jour, des glacières qui rafraîchissent ces vents nocturnes; car ils sont si froids, que ceux qui couchent à l'air, sans se couvrir au moins la poitrine, deviennent quelquefois perclus de tous leurs membres.
BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 219.
2. Qui se trouve momentanément frappé d'immobilité par l'effet d'une émotion, d'un sentiment. Perclus de saisissement, de stupéfaction. Folantin, perclus d'ennui, (...) avait exhalé à demi-voix, dans un accès de rage lucide, sa préférence d'une lecture silencieuse des Fleurs du mal au coin de son feu (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 149). Ça n'était pas une femme, Tournefier, mais un gaillard de bon jugement, un homme solide (...). De l'avoir vu ainsi troublé, Raboliot demeurait perclus (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 164). J'avais pris ce grand jeune homme noir et myope, perclus de timidité, pour un être insignifiant (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 115).
REM. 1. Perclue, adj. fém., var. pop. Ce soir-là, il était tout endormi, l'œil vague, les jambes perclues de rhumatismes (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 47). Elle en restait après ça des journées entières toute gémissante et perclue... ça le souciait lui de plus en plus (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 351). 2. Perclure, verbe trans. Rendre perclus, paralyser une personne, une partie du corps. La vieillesse avait brisé sa vigueur, affaibli sa vue et perclu ses membres (DU CAMP, Nil, 1854, p. 107). P. métaph. Rien à dire, rien à écrire, rien à penser; le froid perclut même l'âme (E. DE GUÉRIN, Journal, 1834, p. 27).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-y:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Perclu, -ue p. anal. avec perçu, -ue, etc. V. ex. supra rem. 1 et 2. Étymol. et Hist. 1. Ca 1240 « qui ne peut plus se mouvoir » (Saint François, 4144 ds T.-L.); 2. fig. 1536 « qui est frappé d'immobilité » (ROGER DE COLLERYE, 170 ds IGLF : je suis perclus par leurs voulloirs iniques). Empr. au lat. méd. du Moy. Âge perclusus (IIIe s. d'apr. FEW t. 8, p. 219b) part. passé de percludere « fermer entièrement » (FORC. t. 3), dér. de claudere « former », préf. per- à valeur intensive. Fréq. abs. littér. :142.
perclus, use [pɛʀkly, yz] adj.
ÉTYM. 1420; lat. médical médiéval perclusus, même sens; du lat. per (→ Per-), et claudere « fermer ».
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1 (Personnes). Qui est privé, complètement ou partiellement, de manière permanente (par l'effet d'une maladie, d'une infirmité, d'un accident…) ou passagèrement (par l'effet du froid, de l'immobilité prolongée…) de la faculté de se déplacer, de se mouvoir; qui a de la peine à se mouvoir (⇒ Impotent; paralytique, REM. .). || Être perclus de rhumatismes (par des rhumatismes). || Transi de froid, immobile et perclus (→ Frisonner, cit. 1). || Être perclus de tous ses membres. || Être perclus, tout perclus, perclus de douleurs, ankylosé, gêné par des douleurs. — (Animaux). || Un serpent gelé (cit. 16), perclus. — Par ext. En parlant d'un membre. || Bras perclus. || Jambes percluses. ⇒ Inerte.
REM. À côté de percluse, seul féminin donné par les dictionnaires (Académie, Hatzfeld, Littré, qui signale perclue comme genevois), il existe une forme perclue attestée aussi dans la langue littéraire (cf. Grevisse, Le Bon Usage, §683, n. 2, qui cite Mauriac et J. Schlumberger).
1 (…) il reste toujours entre paralysé ou paralytique, d'une part, et perclus, de l'autre, une sensible différence. Paralytique et paralysé marquent un état plus grave, une affection arrivée au point qu'elle mérite d'être appelée de son nom scientifique et rigoureux, une paralysie (…) Il n'en est pas ainsi de perclus : c'est un mot vague qui exprime une sorte de paralysie, une quasi-paralysie (…) La Fontaine applique l'épithète de perclus à un serpent qui n'était qu'engourdi par le froid.
Lafaye, Dict. des synonymes, Suppl., Paralytique…
2 — Moi ! cria Cornélius qui, après ce mot, resta debout et silencieux, comme un homme perclus de ses membres.
Balzac, Maître Cornélius, Pl., t. IX, p. 947.
3 Tout bien examiné, on découvrit, au quatrième étage d'une vieille maison, une tante à demi percluse, qui ne bougeait jamais de son fauteuil, et qui n'était pas sortie depuis quatre ou cinq ans.
A. de Musset, Nouvelles, « Croisilles », VI.
♦ Nom (Rare) :
4 C'était un perclus, à la fois boiteux et manchot, et si manchot et si boiteux que le système compliqué de béquilles et de jambes de bois qui le soutenait lui donnait l'air d'un échafaudage de maçons en marche.
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, VI.
2 (1580). Paralysé. || Il restait immobile, sans dire un mot, perclus de crainte. || Perclus de peur, de gêne. — Cerveau, esprit perclus. ⇒ Inactif.
5 (…) Duroy, tout à coup perdant son aplomb, se sentit perclus de crainte, haletant.
Maupassant, Bel-Ami, I, II.
6 (…) j'étais déplorablement timide, perclus de réticences, paralysé de scrupules.
Gide, Si le grain ne meurt, I, VIII, p. 217.
7 Les premiers jours, j'avais pris ce grand jeune homme noir et myope, perclus de timidité, pour un être insignifiant (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, VII.
Encyclopédie Universelle. 2012.