pharamineux → faramineux
⇒FARAMINEUX, EUSE, PHARAMINEUX, EUSE, adj.
A.— Fam. [En parlant d'une réalité concr.] Qui semble tenir du prodige. Synon. extraordinaire, fabuleux, fantastique (fam.), prodigieux. Agrafé presque aussitôt par une serre si puissante qu'il ne put aucunement comprendre à quel pharamineux autour elle appartenait (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 43). Quelque pharamineux butin! ... (...) tous les trésors de Golconde! Galères! Frégates! Caravelles! Bisquines! pleines à craquer de rubis et Koh-I-Nors! De doublons « triples effigies » (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 515).
B.— P. ext., péj. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est excessif. Prix faramineux. Synon. exagéré, exorbitant, outrancier. Des fades compliments en mots pharamineux (BARBIER, Satires, 1865, p. 68). Tout de même, c'est un peu « pharamineux » que la cervelle du docteur ait pu accepter un moment l'idée que la nièce de l'Empereur faisait dire une messe pour son amant dans le tombeau de l'Empereur (GONCOURT, Journal, 1893, p. 405). Le nombre faramineux de milliards ainsi dépensés en soins pharmaceutiques et médicaux, et en indemnités journalières remboursées (R. SCHWARTZ, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 132).
Rem. La docum. atteste a) Le syntagme (bête) faramine, région. (Ouest et Centre). Animal fabuleux et féroce. La bête faramine, monstre certainement très horrifique, mais dont la forme et l'activité sont laissées au caprice de l'imagination (AYMÉ, Vouivre, 1943, p. 10). b) Le dér. pharamineusement, adv. rare. D'une manière pharamineuse. Quelque chose de « pharamineusement » paradoxal et d'éminemment drolatique (GONCOURT, Journal, 1885, p. 411).
Prononc. et Orth. :[faraminø], fém. [-ø:z]. Certains dict. indiquent l'anc. graph. pharamineux en soulignant que l'étymol. ne la justifie nullement (cf. ROB. [qui rappelle que E. Rostand l'emploie dans Cyrano de Bergerac I, 4], FRANCE 1907, HANSE 1949, THOMAS 1956, COLIN 1971, DUPRÉ 1972). Étymol. et Hist. Av. 1521 faramineux « ? » (Très. anc. Cout. de Bret. ap. MICHEL SAUVAGEOT. Cout. de Bret., t. II ds GDF.); 1834-35 pharamineux « étonnant » (DECOURCHAMP, Souv. de la marquise de Créquy, II, 11 ds LITTRÉ Suppl.); 1892 faramineux (TIMM.). Dér. de faramine « bête nuisible » (XIVe s. Très ancienne coutume de Bretagne, éd. M. Planiol, Rennes, 1896, p. 273 § 293), attesté surtout dans la loc. bête faramine, en Bourgogne (JOSSIER et GUILLEMAUT) et dans l'Ouest (DOTTIN : bet faramin) pour désigner un animal fantastique que l'on craint, empr. à feramina plur. neutre (pris pour un fém. sing.) du b. lat. feramen, -inis « bête sauvage, gibier » (VIe-IXe s. ds NIERM.) dér. de fera « bête sauvage ». De feramen est issu l'a. fr. ferain (XIIe s. ds T.-L.) et l'a. prov. feram (RAYN.). Fréq. abs. littér. :14. Bbg. SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 324; t. 3 1972 [1930], p. 420 (s.v. faramine).
Encyclopédie Universelle. 2012.