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DIJON
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Le site primitif de Dijon est proche du confluent de deux rivières, le Suzon et l’Ouche, venant des plateaux de calcaire jurassique qui dominent à l’ouest les plaines de la Saône. Un habitat urbain préexistait à la construction (attribuée à l’empereur Aurélien) d’un castrum dont les murs ont remployé les restes de divers monuments, non loin de la voie de Lyon à Trèves. C’est là que se fixèrent, du Ve au Xe siècle, les évêques de la cité des Lingons, qui avaient fui Langres. La tombe du martyr saint Bénigne est à l’origine d’un monastère. Considérée comme imprenable, la forteresse, résidence d’un comte, attira les reliques au temps des Normands; elle fut cédée en 967 par le roi à l’évêque de Langres, mais, rétrocédée en 1015 à Robert le Pieux, elle fut désormais la principale place du duché capétien de Bourgogne. Un marché important s’étant établi à l’est du castrum , et un bourg ayant été construit entre celui-ci et le monastère, le duc entoura l’ensemble d’une enceinte, peu après l’incendie de 1137, le vieux château n’étant plus (jusqu’en 1360) qu’un réduit fortifié où le duc et ses vassaux avaient leur résidence. Les sept paroisses se définissent à la même époque.

En 1187, Dijon reçoit une charte de commune, de type soissonnais. Un vignoble réputé, un artisanat actif qui alimente le marché, la présence de marchands italiens acheteurs de laine bourguignonne enrichissent une bourgeoisie dans laquelle se fondent les descendants de lignages chevaleresques, et où figurent de nombreux hommes de loi. Le duc se tient à l’écart, dans son château de Talant. Les ducs de Valois font de Dijon leur véritable capitale, rebâtissant leur palais, fixant dans la Sainte-Chapelle le siège de l’ordre de la Toison d’or, créant une Chambre des comptes, une Chambre du conseil, fondant la chartreuse de Champmol, employant les bourgeois, attirant les artistes, et cela jusque vers 1455. Les États de Bourgogne s’y réunissent.

En 1477, mairie, conseil et états négocient leur soumission à Louis XI. En dépit d’un bref sursaut (la «mutemaque»), Dijon en tire profit, par le transfert dans ses murs du parlement de Beaune et par la création de la Généralité, amorce du futur bureau des Finances auprès duquel se fixera l’Intendance. Mais le roi a fait bâtir un château, à cheval sur l’enceinte, pour surveiller la ville; Dijon, devenue place frontière, doit supporter de nombreux travaux de fortification; elle subit en 1513 le siège des Suisses. Fidèle au roi pendant les guerres de Religion, elle adhère à la Ligue, se soumet en 1595; la révolte du Lanturelu (1630), réprimée par la mairie elle-même, n’entraîne que des sanctions de courte durée.

Résidence de parlementaires, la ville draine les ressources de la province au profit de ceux-ci et de ceux qui travaillent pour eux, d’autant plus que les gens de robe ont acquis, au cours des épreuves du XVIIe siècle, nombre de seigneuries dans la Bourgogne entière. La ville s’embellit, se dote d’une place Royale, d’un palais des États, d’une université (1722), d’un évêché (1731), d’une académie (1740), d’une école de dessin, et permet à de nombreux talents de s’exprimer dans le domaine intellectuel et artistique. Aussi la Révolution, qui fait perdre à la ville son rôle régional, suscite une crise grave. Les clubistes, qui avaient pris le pouvoir et persécuté les «aristocrates» en juillet 1789, sont écartés par les éléments modérés en 1790. Mais ils reprennent le dessus; la Terreur fait un certain nombre de victimes. Et Dijon n’est plus qu’un simple chef-lieu de département, que Napoléon dote cependant d’une cour d’appel et de trois facultés. Mal placée pour un renouveau économique, malgré l’ouverture du canal de Bourgogne, il lui faut attendre d’avoir attiré la voie ferrée de Paris à Lyon et les voies qui s’y joignent (1854) pour commencer un vigoureux redressement, que marque l’Exposition universelle de 1858. La guerre de 1870 fait de Dijon le théâtre de combats; la ville accueille des réfugiés alsaciens et une importante garnison. Par la suite, retrouvant peu à peu son rôle de capitale régionale et développant des activités industrielles variées, elle s’accroît: la population passe en effet de 20 000 habitants en 1800 à 96 000 en 1940.

Dijon est au cœur d’une agglomération en pleine expansion: 230 476 habitants en 1990, contre 111 700 en 1946, la ville elle-même en comptant 146 679. Le développement urbain, postérieur à 1945, s’est fait dans la plaine. C’est seulement depuis 1970 qu’une Z.U.P. est montée à l’assaut des plateaux, de part et d’autre d’un lac artificiel dû à un barrage sur l’Ouche. Chef-lieu du département de la Côte-d’Or et de la région Bourgogne, elle jouit d’une position de carrefour entre le nord de l’Europe et la Méditerranée d’une part, entre l’Atlantique et l’Europe orientale de l’autre, grâce à l’étoile ferroviaire aménagée à partir du grand axe Paris-Lyon; un nœud routier est complété par des autoroutes et des liaisons aériennes sont assurées quotidiennement. Les fonctions de la ville sont essentiellement tertiaires (77 p. 100 des actifs); Dijon est le siège d’une cour d’appel et d’une université; son patrimoine architectural et ses musées en font aussi un centre touristique. Le secteur secondaire est plus modeste (22,8 p. 100 des actifs); il se consacre, hormis le bâtiment et les travaux publics, à des constructions automobiles et mécaniques, aux industries électriques, alimentaires et chimiques.

Dijon
v. de France, ch.-l. du dép. de la Côte-d'Or et de la Rég. Bourgogne; 151 936 hab. Marché aux bestiaux. Presse. Industr. alim. (moutarde, pain d'épice, etc.) et diverses.
Académie et facultés; musées. Palais des ducs de Bourgogne (rebâti à partir de 1682). Palais de justice (XVe-XVIe s.). Cath. St-Bénigne (XIIIe-XIVe s.). égl. goth. Notre-Dame (XIIIe s.).

Encyclopédie Universelle. 2012.