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policer

policer [ pɔlise ] v. tr. <conjug. : 3>
• fin XVIIIe; « gouverner » 1461; de police
Vieilli ou littér. Civiliser, adoucir les mœurs de, par des institutions, par la culture. « Les maîtres, au lieu de nous policer, nous ont rendus barbares » (Babeuf). ⊗ HOM. Police :polissent (polir).

policer verbe transitif (de police 2) Littéraire. Civiliser quelqu'un, un groupe adoucir les comportements par les institutions, par la culture. ● policer (difficultés) verbe transitif (de police 2) Conjugaison Le c devient ç devant a et o : je police, nous poliçons ; il poliça. Remarque Ne pas confondre nous poliçons, vous policez, formes du verbe policer, avec nous polissons, vous polissez, formes du verbes polir, qui se prononcent de la même façon. ● policer (homonymes) verbe transitif (de police 2)

policer
v. tr. Litt. Civiliser, adoucir les moeurs (d'un pays).
Pp. adj. Un peuple policé.

⇒POLICER, verbe trans.
A. —Réglementer, discipliner. Il faut que le régime du travail, du crédit et du commerce change; que le salaire et la valeur, ce qu'il y a de plus libre au monde, arrivent à se policer (PROUDHON, Guerre et paix, 1861, p.192). À partir du moment où l'on tente de policer la force pulsionnelle, un désir, surtout refoulé, surtout inconscient, déclenche la terreur et l'autopunition (CHOISY, Psychanal., 1950, p.11). Régler les tarifs douaniers est jeu d'enfant à côté de la tâche de policer toutes ces pratiques (Univers écon. et soc., 1960, p.38-10).
B.Littér. Adoucir et affiner les moeurs (d'une personne ou d'un peuple) par des institutions adaptées, par la culture et la civilisation. Il ne s'agissait de rien moins que de policer un peuple sauvage (MICHELET, Mémor., 1820-22, p.183). René, on trouve les guerriers de ton pays chez tous les peuples: les plus civilisés des hommes, ils en deviennent, quand ils le veulent, les plus barbares. Ils ne cherchent point à nous policer, nous autres sauvages; ils trouvent plus aisé de se faire sauvages comme nous (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p.244).
P. anal.:
♦ Ces mornes plaines et ces siècles qui d'abord semblaient ordinaires et maussades à Sturel, maintenant il leur sentait du caractère: il leur savait gré de n'être ornés d'aucun romanesque fade, mais nus et bruts comme l'histoire avant que les historiens la policent.
BARRÈS, Appel soldat, 1900, p.301.
Au part. passé en empl. adj. Synon. civilisé, éduqué, raffiné. La description de l'Amérique sauvage appelleroit naturellement le tableau de l'Amérique policée (CHATEAUBR., Natchez, 1826 p.13).
Empl. pronom. On doit honorer en Mme de Stein un magnifique ressort du développement de Goethe. Cette amitié fut pour le poète une incomparable excitation morale; elle lui inspira des besoins plus relevés, une plus haute idée de lui-même et l'amena à sentir la beauté d'une existence vraiment noble. Au contact de Mme de Stein il lui fut donné de se policer, de se modérer, d'atteindre au calme et à la solidité (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p.148).
Prononc. et Orth.:[], (il) police []. Homon. et homogr.: police2, polissent (de polir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1461 «administrer» (Ord. de Ch. de Bourg., Arch. mun. Nevers, HH 4 ds GDF., s.v. policier); 1611 «gouverner avec sagesse» (COTGR.); 2. 1601 part. adj. «parvenu à un certain degré de civilisation, d'éducation» (P. CHARRON, De la Sagesse, L. 3, chap.21, p.706: Les [parties du monde] barbares et farouches sont polies et policées [grâce aux guerres et aux fléaux], les arts et sciences sont respandues et communiquées à tous). Dér. de police1; dés. -er. Fréq. abs. littér.:132.

policer [pɔlise] v. tr. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. 1641; de police.
1 Vx. Gouverner, régir par une police (1.). || « Policer sagement les peuples dans la paix » (Fénelon, Télémaque).
2 (Fin XVIIIe). Vieilli ou littér. Civiliser, affiner ou corriger les mœurs par des institutions, par la culture… Civiliser.|| Pierre le Grand « poliçait ses peuples, et il était sauvage » (Voltaire, Charles XII, I, in Littré).Pron. || Pays, empire, société, peuple qui se police, se civilise.
1 Si ces pauvres sauvages sont aussi malheureux qu'on le prétend, par quelle inconcevable dépravation de jugement refusent-ils constamment de se policer à notre imitation ou d'apprendre à vivre heureux parmi nous (…)
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, p. 72, notes p.
2 Les maîtres, au lieu de nous policer, nous ont rendus barbares, parce qu'ils le sont eux-mêmes.
Babeuf, cité par Jaurès, Hist. socialiste…, t. I, p. 305.
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policé, ée p. p. adj.
Civilisé, éduqué, raffiné (→ Habitant, cit. 12; homme, cit. 140). || Il n'est pas assez policé pour agir en diplomate.Peuples instruits et policés (→ Hâtif, cit. 1). || Société policée (→ Inassimilable, cit. 3). || Nation policée (→ Monnaie, cit. 2).
3 (…) cette sorte de hâte, que montrent les gens les mieux élevés, aussitôt qu'il y a à manger et à boire, et qui révèle brutalement la persistance de l'animal humain, dans les sociétés les plus policées, en apparence.
Edmond Jaloux, le Jeune Homme au masque, I.
Par ext. || Mœurs policées.
CONTR. (du p. p.) Agreste, barbare, brut, primitif, sauvage.

Encyclopédie Universelle. 2012.