Akademik

poulaine

poulaine [ pulɛn ] n. f.
XIVe; fém. de l'a. adj. poulain « polonais »
1Souliers à la poulaine : chaussures à l'extrémité allongée en pointe, généralement relevée, portées à la fin du Moyen Âge.
2(XVIIe) Mar. anc. Construction triangulaire en saillie, à l'avant du navire.

poulaine nom féminin (ancien français Polain, Polonais) Autrefois, chaussure d'origine polonaise, munie d'une pointe d'un demi-pied de long ou plus, qui était baleinée ou rattachée à la jambe par une chaîne ; aujourd'hui, forme de tige fantaisie s'inspirant de ce type de chaussure. (La poulaine connut une mode en France au XIVe s. et au XVe s.) [On disait aussi soulier à la poulaine.] Dans l'ancienne construction en bois, saillie des pièces de construction montées sur l'étrave et l'avant du navire qui abritait des cabinets d'aisances.

⇒POULAINE, subst. fém.
A.En loc. adj. Souliers/chaussures à la poulaine. Chaussures à l'extrémité allongée en pointe, parfois relevée, à la mode aux XIVe et XVes. Des pantalons à la hussarde forment accordéon autour de ses jambes gamines que terminent de littéraux souliers à la poulaine (VERLAINE, Souv. et fantais., 1896, p.270). Des bottines à boutons, carrées du bout, et longues, longues, longues comme des chaussures à la poulaine (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.773):
♦ Les souliers pointus et rembourrés à la poulaine furent long-temps en vogue. L'ouvrier en découpoit le dessus comme des fenêtres d'église; ils étoient longs de deux pieds pour le noble, ornés à l'extrémité de cornes, de griffes ou de figures grotesques; ils s'allongèrent encore, de sorte qu'il devint impossible de marcher sans en relever la pointe et l'attacher au genou avec une chaîne d'or et d'argent.
CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t.3, 1831, p.444.
P. anal. Séoul et ses toits à la poulaine (TOULET, Comme une fantaisie, 1918, p.64).
En loc. adv. Comme les souliers à la poulaine. [Les cavaliers chinois] ont (...) des bottes de velours noir dont les bouts pointus se relèvent à la poulaine (LOTI, Fleurs ennui, 1882, p.136).
P. ell.
♦Souliers à la poulaine. Jeunes gentilhommes glabres, engoncés des épaules (...) les pieds pointus dans les poulaines (A. FRANCE, J. d'Arc, t.1, 1908, p.193). Ce Ploycbouche de prévôt (...) est plus occupé à lécher les poulaines de Marigny qu'à assainir la ville (DRUON, Roi de fer, 1955, p.123).
♦Extrémité de cette sorte de chaussures. Les chevaliers (...) se hâtèrent de revêtir leurs armures et de monter à cheval. Ils laissèrent là leurs vêtemens d'or et de soie, et coupèrent les poulaines de leurs souliers (BARANTE, Hist. ducs Bourg., 2, 1821-24, p.189).
B.P. anal. (de forme), MAR. Sur les anciens navires, plate-forme triangulaire, formant saillie à l'extrême avant, où les matelots lavaient leur linge et où se trouvaient les latrines. Il passait ses journées assis à la poulaine, regardant en face de lui, disant parfois un mot pour indiquer la manoeuvre (DU CAMP, Nil, 1854, p.84). Le navire en vue était un grand brick-goëlette, bâti à la hollandaise, peint en noir, avec une poulaine voyante et dorée (BAUDEL., Avent. Pym, 1858, p.123).
P. méton., arg. des marins. Lieux d'aisance de l'équipage, à bord et aussi dans les casernements de la marine. Pressé de satisfaire un besoin, au lieu de s'asseoir simplement sur un des sièges de la poulaine, il avait eu la funeste idée d'aller se percher sur le garde-fou de babord (DUMONT D'URVILLE, Voy. Pôle Sud, t.3, 1842, pp.125-126).
Gabier de poulaine. ,,Marin bon à rien (sauf à nettoyer les poulaines)`` (LE CLÈRE 1960). S'agit plus de faire le gabier de poulaine (LA VARENDE, Esculape, 1949, p.169).
Tuyau de poulaine. ,,Racontar sans valeur`` (LE CLÈRE 1960).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1365 soulers a la poulaine «souliers à pointe très allongée» (Inventaires mobiliers et extraits des comptes de Philippe le Hardi, n° 515 ds B. PROST, Inventaires mobiliers ... des ducs de Bourgogne..., t.I, p.78); ca 1375 poullaine «pointe effilée de certains souliers» (Modus et Ratio, 75, 62, éd. G. Tilander, t.I, 147); 2. 1573 mar. «extrême avant d'un navire» polaine (DU PUYS); 1643 id. poulaine (FOURNIER). Fém. de l'adj. Poulain «Polonais» 4e quart XIVes. (FROISSART, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.17, p.201); cf. ca 1450 langaige poulain (ANTOINE DE LA SALE, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, 144, ligne 25), cette mode passant pour venir de Pologne; le sens 2 p.compar. Fréq. abs. littér.:15. Bbg. DARM. Vie 1932, p.79. —JÄNICKE (O.). Zu den slavischen Elementen im Frz. Mél. Wartburg (W. von), 1968, t.2, p.452.

poulaine [pulɛn] n. f.
ÉTYM. 1365, souliers à la poulaine; fém. de l'anc. adj. poulain « polonais ».
1 Souliers à la poulaine : chaussures à l'extrémité allongée en pointe, généralement relevée, qui furent à la mode aux XIVe et XVe siècles. || Solerets à la poulaine des armures gothiques. || Poulaine d'une armure.
0 Les naïves (…) effeuillaient une marguerite de leurs doigts pointus, retroussés comme des souliers à la poulaine.
Flaubert, Mme Bovary, I, VI.
2 (1643; polaine, 1573). Mar. anc. (Par anal. de forme). Construction triangulaire en saillie, placée sous le beaupré, à l'avant du navire.
3 (1573). Mar. Cabinet d'aisance (situé dans la poulaine à bord des anciens navires).Injure. || Gabier de poulaine : mauvais matelot, marin d'eau douce; propre à rien.

Encyclopédie Universelle. 2012.