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préséance

préséance [ preseɑ̃s ] n. f.
précéance 1562; de pré- et séance
Droit de précéder (qqn) dans une hiérarchie protocolaire. Ordre des préséances dans une assemblée, un cortège. Avoir la préséance sur qqn. « Il y a eu souvent des disputes entre les duchesses et les princesses étrangères pour la préséance » (Saint-Simon).
Prérogative du rang. « Thérèse s'étonnait qu'ils crussent encore aux préséances » (F. Mauriac).

préséance nom féminin Rang des autorités dans la hiérarchie officielle, tel qu'il se manifeste notamment lors des cérémonies publiques. Prérogative due à la condition sociale, au rang, à l'âge, etc.

préséance
n. f. Supériorité, priorité selon l'usage, l'étiquette.

⇒PRÉSÉANCE, subst. fém.
A. —1. Droit issu d'un privilège, créé par l'usage ou institué par une règle, de prendre place au-dessus de quelqu'un, de le précéder dans une hiérarchie protocolaire. Ordre de préséance; admettre la préséance; tenir à la préséance. L'ancienneté règle la préséance entre les membres d'un tribunal (Ac.). Les cours d'appel ont la préséance sur les tribunaux de première instance (Ac. 1878, 1935). Les nonces ont encore la préséance sur tous les ambassadeurs; mais cette vieille prérogative n'est plus qu'une simple politesse (STENDHAL, Rome, Naples et Flor., t. 2, 1817, p.338). La discorde (...) éclata entre le duc d'Orléans et le duc de Bretagne. Ils eurent querelle sur la préséance (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p.382):
1. La rumination minutieuse et tatillonne des préséances et des mérites passés avait fait jusque-là chez nous le fonds commun des méditations politiques...
GRACQ, Syrtes, 1951, p.313.
2. P. anal., souvent au plur. Prérogative(s) liée(s) à la condition sociale, à l'âge, au rang etc. Préséances de table d'hôtes. Non, non! pas comme ça, répétait Rose, en replaçant son monde. Vous n'observez pas les préséances (ZOLA, Fécondité, 1899, p.549). Cela me rappelle ce chef de mess (...) qui pour éviter aux repas les querelles de préséance fait, une fois pour toutes, construire une table ronde, et, pour y loger cette table, une maison ronde (MORAND, Paris-Tombouctou, 1929, p.27):
2. J'avais beau (...) me gaver sans les interrompre, de choux à la crème et de tartes (...) dans l'espérance qu'elles arriveraient plus vite à résoudre ces délicats problèmes de préséances familiales, elles n'en sortaient pas.
CÉLINE, Voyage, 1932, p.471.
B.P. ext. Supériorité reconnue à quelque chose, par institution ou par habitude, dans une hiérarchie de réalités ou de valeurs. Il faut (...) éviter soigneusement toute oiseuse discussion, de vaine préséance entre ces deux éléments sociaux [ordre spirituel et ordre temporel] (COMTE, Philos. posit., t. 2, 1839-42, p.33). C'est de cette philosophie même, en ce qu'elle donne au général la préséance sur le particulier, qu'André Gide fait le procès (MASSIS, Jugements, 1924, p.49). Mais l'aptitude de la conscience au projet nous contraint à renverser la préséance du réel sur le possible (RICOEUR, Philos. volonté, 1949, p.53).
Loc. Donner la préséance à qqn/qqc. Faire passer quelqu'un, quelque chose avant quelqu'un ou quelque chose d'autre. Mais, pardonnez-moi de donner la préséance à la question de coeur, car le second motif ressemble bien à une question de fait et aurait peut-être dû passer devant (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1851, p.162).
Au fig. L'horrible et l'abject se disputent la préséance. Les malades, après avoir épouvanté, deviennent l'objet des plus tristes dégoûts (LATOUCHE, L'HÉRITIER, Lettres amans, 1821, p.98).
Rare. [Avec un compl. indiquant ce qui fonde la préséance] Les plus difformes de la bande obtenaient de préférence la parole (...). D'après ces préséances de hideur, passait successivement, mêlée aux fantômes des Seize, une série de têtes de gorgones (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p.376).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694 et 1718: -seance; dep. 1740: -séance. Étymol. et Hist. 1562 précéance (Corresp. de Catherine de Médicis, 20 sept., éd. H. de La Ferrière, t. 1, p.404); 1578 preseance ([J. LOURDEREAU] trad. de P. MORIGI, Hist. de l'orig. de toutes les relig., 35 ds Fonds BARBIER). Dér., au moyen du préf. pré-, de séance, att. au XVIes. aux sens «droit de s'asseoir, de prendre place, de siéger; place où l'on s'assied; ordre dans lequel on est assis» (cf. HUG.). Fréq. abs. littér.:78.

préséance [pʀeseɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1580; de pré-, et séance.
1 Droit de précéder (une ou plusieurs personnes) dans une hiérarchie protocolaire, d'occuper une place plus honorifique dans une cérémonie officielle. || « Des rangs et préséances », titre 1er du décret du 19 juin 1907 qui fixe les préséances entre les corps officiels. || Dans les États à majorité catholique, le cérémonial, le protocole veulent que le légat du pape ait la préséance sur les autres représentants de puissances étrangères. 1. Pas; passer (devant). || Ordre des préséances dans une assemblée, un cortège, une procession…
1 (…) aux cérémonies de la cour, entrées, mariages des Rois, baptêmes, obsèques, il y a eu souvent des disputes entre les duchesses et les princesses étrangères pour la préséance (…)
Saint-Simon, Mémoires, I, XLII.
Par anal. || Politesses de préséance entre convives (→ Interpeller, cit. 1). || Rivalités de préséance entre femmes (→ Féroce, cit. 3).
2 Rex et Philippe s'excusèrent d'être légèrement en retard; puis ils firent le tour des convives en souhaitant à chacun le bonjour et en leur serrant la main, selon l'ordre des préséances.
A. Hermant, l'Aube ardente, XIV.
2 (1686). Prérogative due au rang, à l'âge, etc. || Princes très formalistes (cit. 2) quant à leurs préséances. Prérogative. || Des querelles de préséance. || Des questions d'étiquette et de préséance.
3 Et eux feignaient de ne vouloir pas entendre parler d'un mariage qu'ils jugeaient humiliant. Appauvris, et presque ruinés, Thérèse s'étonnait qu'ils crussent encore aux préséances.
F. Mauriac, la Fin de la nuit, II.

Encyclopédie Universelle. 2012.