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raisonné

raisonné, ée [ rɛzɔne ] adj.
raisonné « plaidoyer » n. m. 1462; de raisonner
1Qui obéit aux règles du raisonnement. Bien, mal raisonné.
2(1611) Appuyé de raisons, de preuves. Projet raisonné, calculé, étudié. Une docilité raisonnée, réfléchie.
Didact. Qui explique par des raisonnements. rationnel. Grammaire, arithmétique raisonnée, accompagnée de commentaires, d'explications.
⊗ CONTR. Irraisonné. ⊗ HOM. poss. Résonner.

raisonné, ée
adj.
d1./d Qui s'appuie sur le raisonnement; fondé sur des preuves, des raisons. Projet raisonné.
d2./d Didac. Qui explique et illustre les règles d'un art, d'une science. Une grammaire raisonnée. Un catalogue raisonné.

⇒RAISONNÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de raisonner1.
II. — Adjectif
A. — 1. Qui obéit aux règles du raisonnement; qui a un cadre logique, rationnel. Doctrine raisonnée; plan, système raisonné; (qqc. est) bien, très, minutieusement, puissamment, solidement raisonné. Les machines, les engrais chimiques, toutes les méthodes nouvelles, voyez-vous, c'est très beau, c'est très bien raisonné, et ça n'a qu'un inconvénient, celui de vous ruiner d'après la saine logique (ZOLA, Terre, 1887, p. 369). À ces rapports tenant du rêve, se substituèrent à la longue des rapports raisonnés, liés à des idées morales de plus en plus élevées (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 40):
1. Ma tante lisait exactement comme lit une mère tendre qui fut institutrice dans sa jeunesse, avec une emphase didactique, d'après des principes raisonnés, et selon toutes les règles de l'épellation la plus strictement régulière, en sorte que c'était un charme de l'entendre.
TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 462.
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Éviter avec soin la confusion (...) entre le vu, le pensé, le raisonné, le senti (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 106).
2. [Dans le domaine de l'expr., notamment dans le cadre d'exposés écrits, de publications à caractère didact.] Qui prouve par le raisonnement; qui est accompagné de commentaires, d'explications. Analyse, description, méthode raisonnée; exposé, extrait, recueil raisonné; catalogue raisonné d'une œuvre; arithmétique, dictionnaire, grammaire raisonné(e). Je lui ferais apprendre (...) la géographie détaillée et raisonnée (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 298). Il réserva plusieurs heures chaque après-midi à des lectures raisonnées dont il rédigeait un compte rendu (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 81). V. anomalie ex. 4, classer ex. 4:
2. Il est plus important qu'on ne pense de maintenir la domination de la langue française, et pour cela il seroit temps de faire, dans un dictionnaire, l'inventaire raisonné de ses richesses, dont nous n'avons encore que des nomenclatures.
BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 346.
B. — 1. Inspiré, guidé par la raison ou fondé sur des raisons, des motifs déterminés. Synon. réfléchi. Conviction, opinion raisonnée; choix, effort, projet, sacrifice, suicide raisonné. Ses privations raisonnées [de l'économie de la bienfaisance], sa sévérité volontaire, sont plus douces que toutes les recherches et l'abondance d'une vie voluptueuse (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 108). Au seuil d'une vie nouvelle, qu'il voulait raisonnée et laborieuse, il avait éprouvé le besoin de se recueillir, de recenser ses forces (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 77). Il y avait, dans son découragement, une part de choix, un désistement raisonné, peut-être aussi la conscience de sa responsabilité (COLETTE, Sido, 1929, p. 129).
En partic. [En parlant d'un état d'esprit ou d'un sentiment; s'oppose à instinctif, passionné ou irraisonné] Qui reste dans les limites de la raison, qui obéit à des motivations connues, à un choix. Synon. raisonnable, réfléchi. Mon affection pour lui est (...) tout instinctive et n'a (...) rien de raisonné (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 836). L'ivresse de se battre, cette ivresse non raisonnée qui vient du sang vigoureux, celle qui donne aux simples le courage superbe (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p. 147). Leur mutuelle tendresse était devenue plus calme et plus raisonnée (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 144).
♦ [Souvent en parlant d'un sentiment ou d'un comportement nég.] Qui est pleinement conscient, complètement actif, volontaire. Haine, lâcheté raisonnée; dédain, désespoir, mépris raisonné. Une vengeance froide, raisonnée, méthodique, machiavélique (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 169). Une sorte de suicide moral dont la cruauté raisonnée, raffinée, secrète, donne le frisson (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 159).
2. Qui s'appuie sur des raisons, sur des arguments, sur des preuves. Synon. argumenté. Requête raisonnée; compte raisonné; débat raisonné (des motifs de qqc.). Il n'y avait que deux livres dans tout le château: le compte rendu de M. Necker, ennuyeux budget raisonné des finances pour servir de texte aux états généraux (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 112):
3. ... il ne résista pas à la tentation d'écrire un véritable mémoire, long et raisonné, à son tailleur, afin de lui indiquer des coupes et un choix de couleurs des plus propres à faire reconnaître au premier abord que l'infortuné qui en était recouvert ne pouvait se trouver que dans la position déplorable qui était la sienne [aux arrêts].
GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 114.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.:429. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 722, b) 658; XXe s.: a) 621, b) 480.

Encyclopédie Universelle. 2012.