ratatouille [ ratatuj ] n. f.
• 1778; de tatouiller et ratouiller, formes expressives de touiller
1 ♦ Fam. et péj. Vx Ragoût grossier. ⇒ rata. — Par ext. Mauvaise cuisine. La ratatouille des gargotes.
2 ♦ Préparation culinaire constituée d'un mélange de courgettes, de tomates, d'aubergines, de poivrons et d'oignons, cuits à l'huile et servie comme légume. Ratatouille niçoise.
3 ♦ Fig. et fam. Volée de coups. Prendre une ratatouille.
● ratatouille nom féminin (de touiller, avec l'influence du radical tat- exprimant la diminution) Familier. Nourriture, plat grossiers ou mal préparés. Mélange d'aubergines, de courgettes, de tomates et de poivrons cuits à l'huile d'olive. (Spécialité niçoise.)
⇒RATATOUILLE, subst. fém.
I. A. — ART CULIN. Mets composé de divers ingrédients coupés en morceaux et cuits ensemble. Synon. ragoût. On aurait pu lui servir la ratatouille la mieux accommodée, son estomac se barrait, ses dents molles refusaient de mâcher (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 694). C'était des ratatouilles énormes! Des véritables goinfreries! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 606).
— [Suivi d'un ou de plusieurs compl. introd. par de, indiquant la composition du plat] C'était Mélane qui lui cuisait [au berger] (...) d'énormes ratatouilles de légumes et de viande (VIALAR, Faux fuyants, 1953, p. 32). On prépare en hâte une ratatouille de colin (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 291).
— Ratatouille (niçoise). Plat d'origine provençale composé d'aubergines, de courgettes, de tomates et d'oignons coupés en petits morceaux et revenus dans de l'huile d'olive avec de l'ail et divers aromates. La ratatouille niçoise. Depuis que la cuisine populaire est devenue à la mode, sur la Côte d'Azur, la ratatouille a acquis une grande faveur. C'est un plat d'été puisque tout ce qui y entre ne se récolte qu'à ce moment (L. GINIÈS, Cuis. prov., 1976, p. 75).
B. — P. ext. et le plus souvent péj.
1. Vieilli. Ragoût (mauvais), mets grossièrement cuisiné. Synon. ragougnasse, rata, tambouille. Un pain particulier et du chocolat (...) pour mon estomac beaucoup trop délicat pour digérer les ratatouilles d'auberge (BALZAC, Début vie, 1842, p. 382). Nous dînions tous les deux ou trois jours chez les Charles Gide; leur cuisine était excellente et contrastait avec la ratatouille que nous apportait le reste du temps un traiteur (GIDE, Si le grain, 1924, p. 419).
2. Au fig.
a) Mélange hétéroclite. Synon. salade, salmigondis. Une vie se compose d'une sacrée ratatouille d'ingrédients (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 203).
b) Vieilli. Manœuvre, intrigue louche. Synon. cuisine (v. ce mot B 1). Sa dextérité [de Briand] pour la ratatouille parlementaire (...) se double d'un esprit d'intrigue qui remplit de peur ses collègues et concurrents (L. DAUDET, Police pol., 1934, p. 13).
II. — Pop. Volée de coups. Synon. raclée. Prendre une bonne, une sacrée ratatouille. Un jour, je serai plus fort que lui — et alors, quelle ratatouille je lui foutrai! (PAGNOL, Fanny, 1932, II, 7, p. 150).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) 1778 « ragoût » (d'apr. ESN.); 1807 (d'apr. CLARIS, Éc. polytechn., p. 34); b) 1962 ratatouille niçoise (Ac. Gastr.); 2. 1866 « coups donnés ou reçus » (DELVAU). Formé du croisement de tatouiller « remuer, manier beaucoup; renverser dans la boue » et ratouiller « troubler (l'eau), secouer, remuer; salir », eux-mêmes formés, comme de nombreux verbes expr. répandus dans les parlers région., à partir de touiller, avec des préf. ou des syll. de renforcement, v. FEW t. 13, 2, p. 396a. Fréq. abs. littér.:34.
ratatouille [ʀatatuj] n. f.
ÉTYM. 1778; de tatouiller, et ratouiller, formes expressives de touiller, et doublet possible de ratatiner, du rad. tat- (P. Guiraud).
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1 Fam. Vx. Ragoût grossier. || Ratatouille informe (→ Goût, cit. 7). — Par ext. Mauvaise cuisine. || La ratatouille des gargotes. ⇒ Tambouille.
1 (…) nous voulons la fortune et nous n'avons pas le sou, nous mangeons les ratatouilles de maman Vauquer et nous aimons les beaux dîners du faubourg Saint-Germain (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 933.
2 (…) leur cuisine était excellente et contrastait avec la ratatouille que nous apportait le reste du temps un traiteur.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IV, p. 107.
2 Plat, ragoût. (S'est dit de divers plats régionaux.)
3 Je demandai du poulet à dîner, et l'on me donna à manger cet agréable mélange de pommes de terre, de mouton et de pain qui se nommait, se nomme et sans doute se nommera toujours la ratatouille.
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, II, VIII.
4 Je faisais la soupe à merveille; j'en recevais de grands compliments, surtout quand je mêlais à la ratatouille du lait et des choux, à la mode de Bretagne.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 42.
3 (Répandu XXe). Mod., cour. Plat d'origine niçoise, mélange de courgettes, de tomates, d'aubergines, etc. cuites ensemble à l'huile.
5 — Qu'est-ce que c'est que ce truc jaunâtre, là-bas ? — De la ratatouille niçoise ! dit le garçon (…) — Eh bien ! dit M. Thuillier, va pour la ratatouille.
H. Troyat, la Tête sur les épaules, VIII.
4 Fig. et fam. Volée de coups, raclée. || Prendre une ratatouille. — Par ext. Défaite écrasante. || Quand ils sont venus, on les a battus, mais au match retour, ils nous ont collé une sacrée ratatouille !
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DÉR. Rata.
Encyclopédie Universelle. 2012.