réconciliation [ rekɔ̃siljasjɔ̃ ] n. f.
• XIIIe; lat. reconciliatio, de reconciliare → réconcilier
1 ♦ Liturg. Cérémonie catholique par laquelle une personne est réintégrée dans l'Église. Réconciliation d'un clerc suspens. — Cérémonie par laquelle un lieu saint qui a été violé est béni de nouveau. Réconciliation d'une église profanée, d'un cimetière violé. ⇒ bénédiction.
2 ♦ (v. 1350) Cour. Action de rétablir l'amitié (entre des personnes brouillées); fait de se réconcilier. ⇒fam. rabibochage, raccommodement. Aider à la réconciliation de deux personnes. Réconciliation sincère, solide; fragile; superficielle (⇒ replâtrage) ; feinte. « La naissance d'un dernier fils avait scellé leur réconciliation » (A. Gide). Prendre l'initiative d'une réconciliation (cf. Faire le premier pas). — Réconciliation des époux en instance de divorce.
♢ Réconciliation nationale, des peuples, oubli des querelles. « L'Église en son admirable tentative d'universelle réconciliation » (Alain).
⊗ CONTR. Brouille, désunion, division, divorce, rupture.
● réconciliation nom féminin (latin reconciliatio) Action de réconcilier des adversaires, des gens fâchés entre eux ; fait de se réconcilier. Rétablissement des liens conjugaux entre époux en instance de divorce ou séparés de corps. Cérémonie solennelle par laquelle un pécheur public est pardonné et réadmis à la communion par l'Église ou qui a pour objet de purifier un lieu saint profané. ● réconciliation (expressions) nom féminin (latin reconciliatio) Sacrement de la réconciliation, nom donné dans les perspectives théologiques nouvelles au sacrement de pénitence. ● réconciliation (synonymes) nom féminin (latin reconciliatio) Action de réconcilier des adversaires, des gens fâchés entre eux ;...
Synonymes :
- replâtrage (familier)
réconciliation
n. f.
d1./d Action de réconcilier, de se réconcilier.
d2./d LITURG CATHOL Sacrement de la réconciliation, par lequel le prêtre, au nom de Dieu, absout les péchés confessés par le pénitent. (Appelé auparavant sacrement de pénitence.)
⇒RÉCONCILIATION, subst. fém.
A. — 1. Action de réconcilier des personnes ou de se réconcilier avec quelqu'un; résultat de cette action. Réconciliation feinte, fragile, sincère, complète; baiser de paix et de réconciliation; travailler à la réconciliation de deux anciens amis; tendre la main en signe de réconciliation. Entre les ménages surtout qui logeaient porte à porte, les brouilles et les réconciliations étaient quotidiennes (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1468).
♦ Réconciliation de qqn avec qqn. La politique angevine rendait difficile la réconciliation du duc de Bourgogne avec le roi de France (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 106).
♦ Réconciliation entre qqn et qqn. Ce fut pour moi une réconciliation tacite entre le plus obscur et le plus illustre des hommes de notre siècle (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 201).
♦ Réconciliation normande.
— DR. CIVIL. Fait pour deux époux en instance de séparation de corps ou de divorce de reprendre la vie commune. La réconciliation interrompt la procédure (Jur. 1981).
2. P. ext. Retour à la concorde, entente, paix. Réconciliation universelle; réconciliation des partis, des peuples. Bien loin d'être un sujet de discorde, Jeanne d'Arc peut accomplir, une fois de plus le miracle de la réconciliation nationale (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 164):
• Ce tout jeune homme [Fernand Bonnier de La Chapelle], cet enfant, bouleversé par le spectacle d'événements odieux, pensait que son acte serait un service rendu à la patrie déchirée en débarrassant d'un obstacle à ses yeux scandaleux le chemin de la réconciliation française.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 67.
3. Au fig. Accord entre choses qui semblent opposées. Il n'est de perfection que dans la réconciliation de l'âme et du corps, redevenus ce qu'ils étaient dans leur innocence originelle (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 90). L'art réalise, sans effort apparent, la réconciliation du singulier et de l'universel dont rêvait Hegel (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 318).
B. — RELIG. CATH.
1. ,,Acte solennel par lequel un hérétique est réuni à l'Église et absous des censures qu'il avait encourues`` (Ac.).
2. Acte par lequel un pécheur se réconcilie avec Dieu, avec l'Église. Il laissait percer l'espoir du salut de ma grand'mère, dût-elle mourir sans réconciliation officielle avec l'Église, dût-elle mourir même sans y avoir songé! (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 294).
♦ Sacrement de la réconciliation. Synon. de sacrement de pénitence. Quand le sacrement de la Réconciliation nous trouve en état de péché grave et qu'il est accueilli avec les dispositions nécessaires, alors il nous libère des fautes et nous rend la vie de la grâce (JEAN PAUL II, Paix et reconciliation, Paris-Tournai, Desclée, 1985, p. 101).
3. Cérémonie au cours de laquelle un lieu saint profané est béni de nouveau. Réconciliation d'un autel, d'un cimetière, d'une église. La réconciliation est nécessaire lorsqu'il y a eu dans le lieu saint effusion criminelle du sang, meurtre, inhumation d'un excommunié, d'un hérétique ou d'un infidèle, ou quand une église a été consacrée par un évêque excommunié ou hérétique (BOUILLET 1859). L'islâm ne connaît aucun rite de consécration pour une nouvelle mosquée, ou de réconciliation d'une mosquée profanée (G.-H. BOUSQUET, Prat. rit. Islâm, 1949, p. 119).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) Fin XIIIe s. reconciliacion « acte par lequel Jésus-Christ réconcilie les hommes avec Dieu » (ds M. von ORELLI, Der altfr. Bibelwortschatz des Neuen Testamentes im Berner Cod. 28, p. 335 [Romains 5, 11]: nostre seingnor Jhesucrist, par lequel nos avons ore receu reconciliacion); b) 1526-27 « cérémonie par laquelle un lieu saint qui a été profané est béni à nouveau » (Compte de Hugues Tripier, CC 142, A. Avallon ds GDF. Compl.: la reconciliation du cimetiere saint Julien); c) 1690 « absolution, par laquelle le pécheur est réconcilié avec Dieu » (FUR.); 2. ca 1355 « action de rétablir l'amitié, l'entente » (P. BERSUIRE, Tite-Live, f ° 52 ds LITTRÉ: la paix et la reconciliation); 3. 1803 dr. (Loi sur le divorce, 30 Ventôse, an XI [21 mars 1803], art. 266 ds B. des Lois de la République fr., n ° 261, p. 653: l'action en divorce sera éteinte par la réconciliation des époux); 4. 1831 pol. « oubli des querelles » (LAMENNAIS ds L'Avenir, p. 158: la réconciliation des partis et l'union des Français). Empr. au lat. reconciliatio (dér. de reconciliare « réconcilier ») « rétablissement; réconciliation, raccommodement », lat. chrét. « réconciliation de l'homme avec Dieu » (dans la Bible); réconciliation avec l'Église, absolution (ST AUGUSTIN ds BLAISE Lat. chrét.), lat. médiév. « reconsécration d'une église profanée » (1097 ds NIERM.). Fréq. abs. littér.:473. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 553, b) 547; XXe s.: a) 480, b) 957.
réconciliation [ʀekɔ̃siljɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIIe, sens religieux; lat. reconciliatio, de reconciliare. → Réconcilier.
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1 Liturgie cathol. Cérémonie par laquelle une personne est réintégrée dans l'Église. || Réconciliation d'un clerc suspens.
♦ (XVIe). Cérémonie par laquelle un lieu saint qui a été violé est béni de nouveau. || Réconciliation d'une église profanée, d'un cimetière violé, d'un autel « exécré » (dont la consécration a été perdue)… ⇒ Bénédiction.
2 (V. 1350). Cour. Action de rétablir l'amitié entre deux personnes brouillées; fait de se réconcilier. ⇒ Accommodement, raccommodement, rapatriage (vx), rapprochement. || La réconciliation de deux personnes (par qqn). — (Une, des réconciliations). || Réconciliation sincère, solide; réconciliation fragile; feinte, normande, plâtrée (⇒ Replâtrage). || Aider, travailler à la réconciliation de deux personnes. || Prendre l'initiative d'une réconciliation. ⇒ Avance (faire des avances). → Faire les premiers pas, tendre la main. || Baiser de paix donné en signe de réconciliation. || Depuis leur réconciliation… (→ Héroïque, cit. 3). || Rétablir, retrouver l'harmonie, la paix par une réconciliation.
1 La réconciliation avec nos ennemis n'est qu'un désir de rendre notre condition meilleure, une lassitude de la guerre, et une crainte de quelques mauvais événements.
La Rochefoucauld, Maximes, 82.
2 (…) sur ces entrefaites, Racine ménagea entre les deux adversaires (Boileau et Perrault) une réconciliation qui, sans être jamais fort tendre, fut honnête du moins et suffisante.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 29 déc. 1851.
3 La naissance d'un dernier fils avait scellé leur réconciliation.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, II.
♦ (1804). Dr. || Réconciliation des époux en instance de séparation de corps ou de divorce.
4 L'action en divorce s'éteint par la réconciliation des époux survenue, soit depuis les faits allégués dans la demande, soit depuis cette demande.
Dans l'un et l'autre cas, le demandeur est déclaré non recevable dans son action; il peut néanmoins en intenter une nouvelle pour cause survenue ou découverte depuis la réconciliation, et se prévaloir des anciennes causes à l'appui de sa nouvelle demande.
Code civil, art. 244.
♦ Par ext. || La réconciliation nationale (→ Distinction, cit. 3), des peuples : l'oubli des querelles entre partis, entre nations hostiles. ⇒ Fraternisation (→ aussi Forme, cit. 36). — Réconciliation de partis, d'Églises, de sectes…
5 L'Église en son admirable tentative d'universelle réconciliation se fondait sur cette idée que les hommes, si différents qu'ils soient par l'aspect, la force, les aptitudes, et encore divisés par les passions et les intérêts, ont en commun, l'esprit, qui est justement ce qu'il y a de plus éminent en chacun d'eux, et qui soutient et porte tout le reste.
Alain, Propos, 22 avr. 1921, Le catéchisme.
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CONTR. Brouille (cit. 1), désaccord, désunion, différend, dispute, division, divorce, fâcherie.
Encyclopédie Universelle. 2012.