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regimber

regimber [ r(ə)ʒɛ̃be ] v. intr. <conjug. : 1>
XV e; regiber, regimber « ruer » XIIe; de re- et gib- « sauter »; cf. région. gibe « ruade »
1Résister en ruant. Cheval qui regimbe.
2Cour. Résister en refusant. se cabrer, se rebiffer. « je proteste et regimbe devant cette aventure » (A. Gide). Inutile de regimber.
Pronom. ( XVIIIe; avec infl. de se rebiffer, se révolter) « L'humiliation le fait se regimber » (A. Gide). N. m. REGIMBEMENT , littér.
⊗ CONTR. Céder, consentir.

regimber verbe intransitif se regimber verbe pronominal (ancien français regiber, ruer, de giber, sauter) En parlant d'un cheval, d'un âne, ruer, se cabrer au lieu d'avancer. Littéraire. Résister, se montrer récalcitrant : Il se regimbe contre ses parents.regimber (synonymes) verbe intransitif se regimber verbe pronominal (ancien français regiber, ruer, de giber, sauter) Littéraire. Résister, se montrer récalcitrant
Synonymes :
- protester
- ruer dans les brancards (familier)
- se cabrer
- se rebiffer (familier)
- se récrier
- se révolter
- s'insurger

regimber
v. intr.
d1./d Refuser d'avancer, en ruant. Cheval qui regimbe.
d2./d Fig. Résister en refusant d'obéir. Regimber contre un ordre.

⇒REGIMBER, verbe intrans.
A. — [Le suj. désigne un animal, une monture] Ruer en refusant d'avancer. Une bonne bourrade. Le cheval regimbait. « C'est comme ça? Sale carne. Attends tes côtes!... » (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 98).
Regimber contre/sous l'aiguillon, contre/sous l'éperon. Se laisser conduire comme un cheval et un mulet (...) ou plutôt, afin que l'obéissance soit encore plus parfaite, parce que ces animaux regimbent sous l'éperon, il faut être, entre les mains du supérieur, comme une bûche (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 188). Au fig., fam., vieilli. [Le suj. désigne une pers.] Résister inutilement, refuser d'obéir. Ne regimbe pas contre l'aiguillon, de peur que mal ne t'en arrive (CLAUDEL, Agamemnon, 1896, p. 910).
B. — Au fig. Se montrer récalcitrant. Synon. protester, résister. Cessez de regimber. Tu demandes, en rentrant du bal, ta chandelle à ton portier, et il regimbe quand il n'a pas eu ses étrennes (MUSSET, Il ne faut jurer, 1840, I, 1, p. 97). Mary, voulez-vous signer ceci? Je vous tiens dans ma main, vous le sentez. Il est inutile de regimber (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 304).
Regimber contre qqc. Je ne consens pas à m'abandonner à la tristesse, voyant dans cet abandon même une sorte de complaisance que je réprouve, contre laquelle je proteste, je regimbe (GIDE, Journal, 1929, p. 940).
Empl. pronom. Synon. se rebiffer (fam.), s'insurger. Mais, lorsque Madame Gérard voulut semoncer Aristide, l'amant de Madame Vieuxnoir se regimba fièrement et dit: « Je ferai ce qui me plaira (...) » (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 283). Se regimber devant qqc. Sautant ce qu'il ne comprenait point, à cause du jargon, et de toutes sortes d'histoires dont il ignorait le point de départ, Armand se regimbait devant ce qu'il trouvait sommaire dans tout cela (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 110).
REM. 1. Regimbade, subst. fém., rare. Action de regimber, de se regimber. Sauf quelques regimbades à huis-clos, les portes fermées, et qu'il n'osera jamais émettre, parce que la vocation de cet esprit est de ne point se compromettre (GONCOURT, Journal, 1860, p. 803). 2. Regimbeur, -euse, adj., rare. [En parlant d'un animal ou d'une pers.] Qui regimbe. Cheval regimbeur; mule regimbeuse; enfant regimbeur. Ce géant intègre, regimbeur, communiste, et assez génial (Le Nouvel Observateur, 13 juill. 1966, p. 41, col. 3).
Prononc. et Orth.:[], (il) regimbe [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. « résister en ruant » (Raoul de Cambrai, 6437 ds T.-L.); 2. 1450 fig. (J. CHARTIER, Chron. de Charl. VII, C. CCLXXIII ds GDF. Compl.); 1671 regimber contre (POMEY). Var. nasalisée de l'a. fr. regiber (1176-81, CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 7041), dér. avec préf. re- de l'a. fr. giber att. seulement au XIVe s. (1381, Arch. JJ 119, pièce 246 ds GDF.), dér. du rad. expr. gib- (d'orig. inc.), qui traduit l'action de ruer avec les pieds (v. FEW t. 4, p. 132b). Fréq. abs. littér.:135.
DÉR. Regimbement, subst. masc., rare. Action de regimber. a) Action d'un animal qui rue au lieu d'avancer. Regimbement d'un cheval (ROB.). b) Action d'une personne qui résiste ou se rebiffe. Sans cette formation chrétienne (...) je n'eusse écrit ni André Walter, ni L'Immoraliste, ni La Porte étroite, ni La Symphonie, etc... ni même, peut-être, Les Caves et Les Faux-monnayeurs par regimbement et protestation (GIDE, Journal, 1931, p. 1052). []. 1re attest. 1538 (EST., s.v. calcitratus); de regimber, suff. -ment1. Fréq. abs. littér.: 10.

regimber [ʀ(ə)ʒɛ̃be] v. intr.
ÉTYM. XVe; var. regiber « ruer », XIIe, et aussi « résister », XIIIe; de re-, et d'un rad. gib- « sauter », vx; cf. dial. gibe « ruade » mais aussi « cuisse », p.-ê. de gibbus « bosse » (selon P. Guiraud).
1 (En parlant des bêtes de monture). Résister en ruant. || Cheval qui regimbe. aussi Rejinguer.
2 Fig. et cour. (Sujet n. de personne). Résister en refusant. Cabrer (se), mutiner (se; vx), protester, rebiffer (se), résister, révolter (se). || Regimber contre son mauvais sort (→ Empirer, cit. 2), contre l'insistance des gens (→ Entêter, cit. 12). || Inutile de regimber (→ Hilarité, cit. 4).
1 Sentant enfin tous mes efforts inutiles, et me tourmentant à pure perte, j'ai pris le seul parti qui me restait à prendre, celui de me soumettre à ma destinée, sans plus regimber contre la nécessité.
Rousseau, Rêveries…, 1re promenade.
2 Il a donc les charges du gouvernement dont il a les profits, et, sous la lourde main qui les courbe, mais qui les soutient, on ne voit pas que les sujets regimbent.
Taine, les Origines de la France contemporaine, I, t. I, p. 45.
3 (…) je proteste et regimbe devant cette aventure que rien en moi ne peut approuver et qui, de pas en pas, m'apparaît plus ruineuse.
Gide, Journal, 14 mai 1905.
Pron. (XVIIIe). || Se regimber (même sens).REM. Cette forme redondante, que Littré ne mentionne pas, est courante et semble provenir d'un rapprochement avec se rebiffer. L'humiliation (cit. 10) le fait se regimber (Gide).
4 Son bon cœur s'était regimbé, et elle était vraiment en colère contre la Zabelle.
G. Sand, François le Champi, III.
CONTR. Céder, consentir.
DÉR. Regimbement, regimbeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.