DÉISME
DÉISME
Selon Louis de Bonald, un déiste est un homme qui n’a pas eu le temps de devenir athée. Paul Hazard réplique que c’est un homme qui n’a pas voulu le devenir. Effectivement, le déisme (mot forgé au XVIe s., répandu aux XVIIe et XVIIIe s.) désigne une position moyenne, à mi-chemin du théisme chrétien et de l’athéisme. Le déiste ne croit plus au Dieu de la révélation historique; il croit encore en un Être suprême dont l’existence et la nature peuvent être déterminées par les facultés naturelles de l’homme. Dans ce sens, le déisme renvoie à ce qu’on appelle le Dieu des philosophes par opposition au Dieu des Écritures; ou encore, il renvoie à ce que le XVIIIe siècle appelait «religion naturelle» par opposition à la «religion positive» ou religion littérale et statutaire. Kant lui-même donne une définition du déiste, qu’il distingue du théiste. Pour lui, le déiste admet l’existence d’un «être primitif» qui est «toute réalité», mais il renonce à le définir davantage; au contraire, le théiste tient qu’on peut déterminer davantage «cet objet de pensée» et affirmer qu’il est «le principe premier de toutes choses». À quelque degré, l’usage philosophique a retenu cette distinction: le déisme équivaut à une croyance en Dieu qui reste volontairement imprécise, par refus soit de l’enseignement des Églises, soit des prétentions de la métaphysique; le théisme accorde à la raison le pouvoir de démontrer l’existence de Dieu et de déterminer sa nature créatrice par analogie avec la nature créée. Avec le recul du temps, on aperçoit que le déisme fut en réalité une étape vers l’athéisme, ce qui n’en supprime ni la modération ni la sincérité.
déisme [ deism ] n. m.
• 1662; du lat. deus → dieu
♦ Position philosophique de ceux qui admettent l'existence d'une divinité, sans accepter de religion révélée ni de dogme. ⇒ 1. théisme. Un déisme panthéiste.
⊗ CONTR. Athéisme.
● déisme nom masculin (latin Deus, Dieu) Doctrine religieuse qui rejette toute révélation et ne croit qu'à l'existence d'un Dieu comme cause du monde et à la religion naturelle.
déisme
n. m. PHILO Opinion, croyance de ceux qui admettent l'existence d'un être suprême mais qui refusent de lui appliquer toute détermination précise et rejettent la révélation, les dogmes et les pratiques religieuses.
⇒DÉISME, subst. masc.
PHILOS. Doctrine selon laquelle la raison peut accéder à la connaissance de l'existence de Dieu mais ne peut déterminer ses attributs. Elle [la religion naturelle] n'était, (...) que le monothéisme européen des siècles précédents, réduit à la forme pâle et abstraite d'un déisme rationaliste (LÉVY-BRUHL, Mor. et science mœurs, 1903, p. 202) :
• Voltaire (...) professe un déisme plus polémique que doctrinal. Il veut combattre la religion révélée par la religion naturelle. Mais il réduit cette dernière au culte, ou plus exactement à la simple reconnaissance, d'un être suprême, auquel il confie le soin d'intimider les malfaiteurs, qu'il regarde comme l'ordonnateur du monde, mais dont il déclare la nature entièrement inaccessible à l'intelligence humaine.
Théol. cath., t. 4, 1, 1920, p. 1261.
Rem. Au sujet des emplois respectifs de déisme et de théisme, cf. Théol. cath., t. 4, 1, 1920 et LAL. 1968. (qui note s.v. déisme que ce terme ayant été pris en des sens très variables (...) il ,,(...) prête à la confusion et ne nous paraît pas utile à conserver en dehors de ses applications historiques``).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1662 (PASC., Pens., part. II, art. 4 ds LITTRÉ). Dér. avec suff. -isme du rad. du lat. deus « dieu ». Fréq. abs. littér. :43.
déisme [deism] n. m.
ÉTYM. 1662; du lat. deus (→ Dieu), d'après déiste.
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♦ Attitude philosophique de ceux qui admettent l'existence d'une divinité, sans accepter de religion révélée ni de dogme.
0 (…) ils (les hommes) prennent lieu de blasphémer la religion chrétienne, parce qu'ils la connaissent mal. Ils s'imaginent qu'elle consiste simplement en l'adoration d'un Dieu considéré comme grand et puissant et éternel; ce qui est proprement le déisme, presque aussi éloigné de la religion chrétienne que l'athéisme, qui y est tout à fait contraire.
Pascal, Pensées, VIII, 556 (→ Athéisme, cit. 1).
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Encyclopédie Universelle. 2012.