retroussé, ée [ r(ə)truse ] adj.
• 1561; de retrousser
1 ♦ Qui est remonté, relevé. Jupes retroussées. Manches retroussées. Par méton. « Le bon ouvrier qui, les bras retroussés [...] » (Flaubert).
2 ♦ Nez retroussé, court et au bout relevé (cf. fam. En trompette).
retroussé, ée
adj. Replié vers le haut. Manches retroussées.
|| Nez retroussé, au bout relevé.
⇒RETROUSSÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de retrousser.
II. — Adjectif
A. — 1. [En parlant d'un vêtement, de l'extrémité d'un vêtement] Qui est relevé, remonté vers l'extérieur. Manches retroussées. La bonne femme fut émue en voyant la négresse cuisiner. Alors elle l'aida, la jupe retroussée, active malgré son âge (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Boitelle, 1889, p. 277). Derrière les voitures, marchait la grande famille de Duputel, le parlement. Pantalons retroussés, parapluies ruisselants sous l'averse (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 440). [P. méton.] Des bouchers besognaient, les bras retroussés (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 289).
2. [P. méton., en parlant d'une pers.] Dont les vêtements sont relevés. Le bambin, retroussé, agite ses jambes dans le soleil (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1028).
— [En parlant d'une femme] Dont les jupes sont relevées avec impudeur. Ainsi toute cette jeunesse fort retroussée courait vers les barques (TOULET, Demois. La Mortagne, 1920, p. 80). Empl. subst. fém. Elles étaient au moins une centaine ces prestigieuses retroussées, disposées sur une seule ligne de fauteuils, j'arrivai au bureau des entrées si rêveur ayant absorbé une ration de beauté tellement trop forte pour mon tempérament que j'en chancelais (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 247).
— P. métaph. D'autres sévères [journalistes du boulevard, faisant étalage de vertu] (...) se révèlent un beau soir pères de vaudevilles aussi retroussés que décolletés (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 108).
3. P. anal.
a) [En parlant d'une pièce de tissu, d'une passementerie] Qui est relevé, remonté à des fins décoratives ou non; qui forme un retroussis. On est dans son lit bien tranquille, avec un coin de ses rideaux retroussé (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, I, 2, p. 89). Assise sur un strapontin de piano, recouvert en maroquin gris perle, — et dont la guipure retroussée laisse voir deux tiroirs (GONCOURT, Journal, 1859, p. 663). Les jupes s'ornent de nombreux volants, superposés, garnis de rubans, de velours, de bouillonnés (...) de fines dentelles retroussées (VILLARD, Hist. cost., 1956, p. 89). Empl. subst. masc. Retroussis, revers. Le pli au pantalon manquait souvent. Le rempli du bas de jambe, simulant un retroussé, était considéré comme une élégance un peu frivole ou comme une mode de jeunes gens (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 31).
b) [En parlant d'une chose] Dont le bord est relevé, recourbé. D'admirables toiles de Perse (...) étaient à fond jaune (...) et les dessins de toutes nuances (...) représentaient des constructions bizarres, aux toits retroussés (MAUPASS., Notre cœur, 1890, p. 323). Tous les feuillages des cocotiers, des palétuviers, toutes les tiges s'étaient relevées, et je n'en reconnaissais plus les ombres. Au-dessous de ces branches retroussées, les oiseaux apparaissaient plus nus et plus vifs (GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 97).
B. — 1. [En parlant d'une partie du corps] Qui est relevé, redressé vers l'extérieur. Yeux retroussés; doigts au bout retroussé. J'aime à regarder sa frimousse rose de blondinette, ses yeux dorés aux cils retroussés (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 17). Empl. subst. masc. Des yeux qui se mouvaient, blancs, entre les retroussés affreux de deux sanguinolentes paupières (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 2e tabl., II, p. 69).
— En partic. Nez retroussé. Nez court et dont le bout est un peu relevé. Une diablesse haut vêtue, avec des cornes sur la tête, des joues d'un rose de pomme d'api, et un nez retroussé dans une face ronde (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 299).
2. [En parlant d'une voix] Aiguë. Ah! ce n'est pas pour dire, mais avec ces prêtres qui, dans l'espoir d'une recette, permettent, les jours de fête, à des voix retroussées d'actrices de danser le chahut aux sons pesants de l'orgue, elle est devenue quelque chose de pas bien propre, la pauvre Église! (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 228).
Encyclopédie Universelle. 2012.