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• XIII^e; de roue et suff. -age

1 ♦ Vx Ensemble des roues d'une machine.

♢ (XVIII^e) Mod. Chacune des pièces d'un mécanisme d'horlogerie ou d'un mécanisme de ce type (engrenage, etc.). Rouages d'une montre. « Les taraudeuses, avec le tic-tac de leurs rouages d'acier luisant » (Zola).

2 ♦ Fig. Chaque partie essentielle (d'une chose qui fonctionne). Les rouages de la machine sociale. « S'agréger, être un rouage parmi d'autres rouages » (Martin du Gard).

n. m.

d1./d Chacune des pièces circulaires tournantes (roues dentées, pignons, etc.) d'un mécanisme. Les rouages d'une pendule.

d2./d Fig. Chacun des éléments nécessaires au fonctionnement d'un ensemble organisé. Les rouages d'une administration.

⇒ROUAGE, subst. masc.

1. Bois de rouage. ,,Bois qu'on emploie à faire les roues`` (JOSSIER 1881).

2. Ensemble des éléments mobiles d'un mécanisme, d'un engrenage. L'enfant voit marcher les aiguilles, il ne sait rien du rouage caché qui les fait mouvoir (BOURGET, Disciple, 1889, p. 75). [M^lle Olympe] souleva la housse du fauteuil et remonta je ne sais quel rouage qui faisait un grincement bizarre et remettait le mannequin d'aplomb en communiquant à ses bras une grotesque gesticulation d'automate (GIDE, Isabelle, 1911, p. 648).

— P. méton. Chacun de ces éléments: roue dentée, pignon. Graisser, nettoyer les rouages. Une petite horloge (...) indiquait l'heure sur son cadran d'argent niellé. Évidé au milieu et laissant voir la complication intérieure des rouages (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 94). La poupée (...) reprenait peu à peu sa vie mécanique; elle venait de faire trois pas sur le guéridon, avec le grincement des rouages fonctionnant mal encore (ZOLA, Page amour, 1878, p. 970). V. engrenage ex. 1.

B. — P. anal. ou au fig., gén. au plur.

1. [À propos de l'être vivant considéré comme une machine, un mécanisme complexe]

a) Organe en fonctionnement. [Il] interrogea les côtes battantes [de la chatte], le rouage minuscule et désordonné (COLETTE, Chatte, 1933, p. 148). Privé de sommeil, je ne vaux plus rien. Les rouages de ma cervelle s'encrassent; les ressorts de ma volonté se détendent (GIDE, Journal, 1944, p. 262).

b) Dans le domaine psychol. Facteurs qui interviennent dans le comportement, le caractère de quelqu'un. Dès le potage, j'eus la satisfaction de voir net dans tous ses rouages, sans qu'il me comprît le moins du monde (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p. 77):

• 1. [M. Graindonge] se livrait volontiers à la critique, jusqu'à la pratiquer de ses propres mains sur lui-même, démontant les rouages intérieurs de son esprit et de son caractère pour expliquer ses actions, ses opinions, et notamment son pessimisme.

TAINE, Notes Paris, 1867, p. VIII.

2. Élément qui participe au fonctionnement d'un ensemble organisé. La classe ouvrière, croissant en nombre et en puissance, était devenue un des rouages essentiels de l'état (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1263). V. ébarber ex. 1:

• 2. Un ordre de grève, et c'est, en un instant, toutes les usines, tous les magasins, toutes les administrations, qui se vident! (...) plus d'eau, plus de gaz, plus d'électricité! Plus de trains, plus d'autobus, plus de taxis! Plus de lettres ni de journaux! Plus de téléphone ni de télégraphe! L'arrêt brutal de tous les rouages sociaux!

MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 497.

♦ Huiler les rouages. V. huiler A 2.

— En partic. [Cet élément est une pers.]

♦ Personne qui joue un rôle important dans la marche de quelque chose. Ce ministre [Chaudieu] est un de ces rouages secrets qui peuvent le mieux expliquer l'immense action de la Réforme (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 62). Peu à peu, c'était elle, l'étrangère, qui était devenue le rouage, le facteur principal de cette maison dont rien ne lui appartenait! (ESTAUNIÉ, Simple, 1891, p. 73).

♦ Personne n'ayant plus aucune individualité, aucune initiative. Donc, demain, redevenir militaire. Autrement dit, faire abstraction de sa personnalité, redevenir un rouage obéissant, en même temps qu'un rouage aveuglément obéi (LOTI, Vertige mond., 1917, p. 35). N'étant toutefois qu'un rouage de la machine administrative, il [un percepteur] était bien obligé d'envoyer des sommations (AYMÉ, Passe-muraille, 1943, p. 166).

3. a) Actes, faits qui se combinent et caractérisent un comportement. Villefort frissonna à l'idée de ce prisonnier (...); mais il était engagé trop avant pour reculer: Dantès devait être brisé entre les rouages de son ambition (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 144). Je l'ai disséquée... Je l'ai tenue sur la table, nue et ouverte... J'ai vu tous les rouages de ses petits mensonges... (MAUROIS, Climats, 1928, p. 148).

b) Procédés ingénieux qui concourent à un résultat. Allons, cherchez dans quelque tiroir secret de votre boîte à malice un vieux stratagème irrésistible, une fourberie triomphante, une machination à rouages compliqués qui me donne la victoire (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 330). Le piège ouvert étalait ses tortueuses machines. Le moribond et la jeune femme le touchaient, le retournaient, déboîtaient un à un les rouages du mécanisme infernal. Une Élisabeth criminelle surgissait de leur dialogue (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 182).

c) [À propos d'une œuvre littér.] Structures narratives, procédés dramatiques et psychologiques qui caractérisent une œuvre. Des Esseintes (...) faisait l'exégèse de ces textes; il se complaisait à jouer pour sa satisfaction personnelle, le rôle d'un psychologue, à démonter et à remonter les rouages d'une œuvre (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 153).

♦ Rouages d'une intrigue. Les différents événements qui se combinent habilement. L'erreur consiste à vanter la langue de ces dramaturges [Shakespeare, Racine] au désavantage de leur métier théâtral (...). Cette fois, M. Jean-Louis Barrault nous prouve que les textes suffisent et que la poésie se dégage plus des rouages de l'intrigue que des couplets qu'on a coutume d'en retenir (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 166).

d) Événements, faits qui s'enchaînent inexorablement. En prenant la plume, elle eut (...) le sentiment qu'elle arrangeait un peu sa vie selon son caprice et pour sa volupté, qu'aux rouages de leurs deux destinées (...) elle pouvait tout de même donner un petit coup de pouce (PROUST, Plais. et jours, 1896, p. 53).

C. — HIST., DR. FISCAL. ,,Droit seigneurial perçu sur le vin que l'on transportait, et sur toute autre marchandise`` (FÉN.1970).

Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1253 roiage « taxe perçue pour le charroi des vins » (Charte de Rethel, I, 228, 13 ds RUNK., p. 127); 2. 1569 « ensemble des roues d'une pièce d'artillerie » (M. DU BELLAY, Mémoires, fol. 333 ds LA CURNE); 3. a) 1578 « ensemble des pièces d'une machine » (Inventaire de la Collégiale de Palins, p. 149 ds Fonds BARBIER: une garde robbe de sappin fermant a clef a mettre les habbiz de la dite eglise, sur laquelle est le rouaige d'ung petit horeloge); b) 1769 « chacune des pièces qui concourent au fonctionnement d'une machine » (DELISLE DE SALES, De la philos. de la nature, p. 264: une montre sans rouages); 4. fig. 1762 « chaque partie essentielle d'une chose qui fonctionne » (J. J. ROUSSEAU, Émile, p. 578). Dér. de roue; suff. -age. Le sens 1 « impôt » est très ancien comme le montrent les nombreuses attest. en lat. médiév. (cf. FEW t. 10, p. 495b, note 29). Fréq. abs. littér.:330. Fréq. rel. littér.:XIX^e s.: a) 294, b) 373; XX^e s.: a) 565, b) 612. Bbg. WEXLER 1955, p. 54; pp. 59-60; p. 127, 129.

rouage [ʀwaʒ] n. m.

ÉTYM. V. 1268; roage, 1147; de roue.

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1 (V. 1536). Vx. Ensemble des roues (d'une voiture). — (1723). || Bois de rouage, à faire des roues.