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rouer

rouer [ rwe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1450; de roue
Supplicier sur la roue (3o). « Les voleurs joliment roués sur la place du marché » (Balzac).
Loc. Fig. (1648) Rouer qqn de coups, le battre violemment. ⇒fam. tabasser. « Je pourrais te rouer de coups si je voulais ! Mais [...] aucune correction n'amenderait ta conscience » (Sand).

rouer verbe transitif (de roue) Faire mourir par le supplice de la roue. ● rouer (expressions) verbe transitif (de roue) Rouer quelqu'un de coups, le battre violemment. ● rouer (homonymes) verbe transitif (de roue) roué adjectif et nom rouet nom masculinrouer (synonymes) verbe transitif (de roue) Rouer quelqu'un de coups
Synonymes :
- rosser

rouer
v. tr. Rouer qqn de coups, lui donner des coups nombreux et violents.

I.
⇒ROUER1, verbe
A. — Empl. trans.
1. MAR. Enrouler un cordage. Synon. lover. Rouer un cordage. Rouer une manœuvre à contre, c'est la plier de droite à gauche (WILL. 1831).
2. MAN. Rouer l'encolure. [En parlant d'un cheval, d'une mule] Courber l'encolure. Tic avec appui. — (...) le cheval prend un point d'appui en saisissant entre ses dents le bord de sa mangeoire (...). Il roue alors son encolure, contracte sa gorge et suce de l'air en faisant entendre un bruit creux caractéristique (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 134). V. harper ex. de Morand.
B. — Empl. intrans. [Le suj. désigne un oiseau] Faire la roue. Entre les jets d'eau teints de lumière, des paons blancs rouaient avec magnificence, pour humilier les fleurs (TOULET, Comme une fantaisie, 1918, p. 298). P. métaph. Tout un ostensoir de rayons de soleil se mit à rouer à la pointe extrême des nuées (GIONO, Hussard, 1951, p. 220).
Littér., empl. trans. Des paons veilleurs rouant des gloires de saphyr (RÉGNIER, Poèmes, Poèmes anc., 1890, p. 58).
Au fig. [Le suj. désigne une pers.] Parader. Mirez-le donc, il se rengorge à présent et roue, ce paon-là (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 195). Quant à Lirmelar, il court des bruits fâcheux sur ses mœurs. Il roue volontiers près du sexe, mais sans autre plaisir que de parade et de vanité (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 135).
REM. Rouement, subst. masc. État de ce qui est disposé en rond. Tout tournait autour de cette maison. Tout le rouement des champs, l'orient des labours, des lavandes, des vergers, l'enlacement des chemins, des sentiers et des pistes (GIONO, Chron., Noé, 1947, p. 92).
Prononc. et Orth.: [], (il) roue [ru]. Homon. roux. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 « tourner, aller en rond, tournoyer » (MARIE DE FRANCE, Fables, 3, 73 ds T.-L.); 2. a) fin XIIIe-déb. XIVe s. verbe trans. « lancer, envoyer au loin quelque chose » (Un art d'aimer anglo-normand, éd. O. Södergard, 872 ds Romania t. 77, p. 316); b) 1691 mar. « rouler un cordage en cercle » (OZANAM); c) ca 1330 « faire la roue en parlant d'un oiseau » (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Pelerinage de Vie Humaine, 7771 ds T.-L.). Du lat. rotare (dér. de rota « roue ») « faire tourner », « tournoyer ».
II.
⇒ROUER2, verbe trans.
A. — 1. Soumettre quelqu'un au supplice de la roue. Être roué vif. La Régence s'annonce, et le tableau change; le désordre, la licence et la folie s'emparent de la scène; la débauche se montre avec impudence; c'est peu d'être libertin, le bon ton est d'être ou de mériter d'être roué (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 143). Le lendemain, il eut le courage d'assister, de sa fenêtre, à l'exécution des fauteurs de la rébellion qu'on avait condamnés à être roués ou pendus, en gens de peu d'importance (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 172).
2. P. ext.
Rouer de coups. Battre violemment, avec acharnement. Synon. fam. tabasser. Chiquet, exaspéré, se précipitant sur le maraudeur, le roua de coups, tapant comme un forcené, comme tape un paysan volé, avec le poing et avec le genou par tout le corps de l'infirme (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Gueux, 1884, p. 443).
♦ Au part. passé. Elle bondit hors du lit, soulevée par l'obéissance, par sa passive obéissance de femme rouée de coups (MAUPASS., Contes et nouv., Noyé, 1888, p. 1156). P. métaph. Je visitais mal la Ville Éternelle, et plus mal ses musées d'où je sortais écrasée et timide, rouée de chefs-d'œuvre (COLETTE, Gigi, 1944, p. 217).
Empl. pronom. réciproque. V. indiqué ex. 1.
Rouer de coups de + subst. Rouer de coups de pied, de poing. Pour qu'il gardât la chose en mémoire, comme ils dirent, ils le rouèrent de coups de plat de sabre (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 238).
Rouer à coups de + subst. Est-ce qu'il ne s'avisa pas de rouer à coups de canne le cocher qui le ramenait? (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 174).
3. P. anal. ou au fig. Blesser, briser. Lorsque vous aurez une vengeance à exercer contre quelqu'un, vous pourrez rouer votre ami ou votre ennemi par une phrase insérée tous les matins à notre journal en me disant: Lousteau, tuons cet homme-là! Vous réassassinerez votre victime par un grand article dans le journal hebdomadaire (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 329). En prison, ces hommes singuliers sont hommes par la dissimulation et par leur discrétion, qui ne cède qu'au dernier moment, alors qu'on les a brisés, roués, par la durée de la détention (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 550).
B. — Vx. [P. réf. aux roues d'un véhicule] Écraser sous les roues. J'avais pourtant promis à mon cocher vingt-cinq louis, s'il était assez adroit pour accrocher ce damné Sigognac et le rouer contre une borne comme par accident (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 299).
C. — Vieilli. [Corresp. à roué (sous-vedette infra) II B et à rouerie] Tromper, abuser quelqu'un, en particulier une femme. Pourquoi cet homme est-il dans un hôtel et moi dans un garni..., se disait Contenson. Il a trois fois roué ses créanciers, il a volé, moi je n'ai jamais pris un denier (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 129):
Il y a au fond de moi, enfouie, toute prête, (...) l'ambition de prendre une femme qui en mérite la peine, de lui être impénétrable en paraissant m'abandonner à elle, de la rouer [it. ds le texte], comme disait le XVIIIe siècle. Non que j'aime le mal et la souffrance, mais cela me paraît une supériorité flatteuse, de garder son masque dans l'amour, de ne paraître à la femme qu'un enfant et d'être son maître.
GONCOURT, Journal, 1862, p. 1096.
Prononc. et Orth.: [], (il) roue []. Homon. roux. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol et Hist. A. 1. a) 1re moit. XIVe s. part. passé « meurtri comme si le supplice de la roue avait été subi » (Dial. S. Grégoire, ms. Evreux, f ° 79c ds GDF. Compl.: Qui les reins avoit desnouez Et si rompus et si rouez Que desuz ester ne peust); b) mil. XVe s. « subir le supplice de la roue » (MONSTRELET, Chron., II, 253 ds GDF. Compl.); c) 1648 rouer de coups (SCARRON, Virgile Travesti, II, 106b ds RICHARDSON, p. 246); 2. 1643 « écraser sous les roues d'une voiture » (ID., Recueil de quelques vers burlesques, 40, ibid.). B. 1829 « tromper » (BALZAC, Chouans, p. 359: je suis trahie, trompée, abusée, jouée, rouée, perdue). A dér. de roue, dés. -er; B prob. dér. de roué (sous-vedette infra) sens 3. Bbg. LANDIN (E.). Ét. sur les constr. de certains verbes exprimant la prière, la hâte et la nécessité en fr. Thèse, Uppsala, 1938, pp. 105-113.
STAT. Rouer1 et 2. Fréq. abs. littér.: 95.

1. rouer [ʀwe] v.
ÉTYM. XIVe; roer, XIIe; lat. rotare « faire tourner; tourner (comme une roue) »; mais P. Guiraud rappelle que rouer est un syn. de rouler. → Roué.
1 V. tr. Vx ou techn. (mar.). Tourner, rouler en cercle. || Rouer des cordages. Enrouler.
0.1 Descendant des hauteurs où pense la lumière
Jardins rouant plus haut que tous les ciels mobiles (…)
Apollinaire, Alcools, le Brasier, III.
2 Intrans. (Littér.). Faire la roue.
1 Les paons rouaient. Un petit chien jappa en leur courant sus. L'un d'eux prit peur et s'envola (…)
Émile Henriot, le Diable à l'hôtel, XXIX.
Par métaphore :
2 Les incendies rouaient comme des paons superbes et lents dans la savane illimitée.
Patrick Grainville, les Flamboyants, p. 220.
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roué, ée p. p. adj.
ÉTYM. (XIVe; roé, 1080).
En forme de cercle, de roue.(1864). Manège. || Encolure rouée, arrondie.Chasse. || Bois roué : bois du cerf, lorsqu'il est serré. (1870). || Cerf à tête rouée.
HOM. 2. Rouer.
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2. rouer [ʀwe] v. tr.
ÉTYM. 1326; de roue.
1 Hist. Supplicier sur la roue (4.). || Faire rouer un malfaiteur (→ Écarteler, cit. 3).
1 La femme (…) va dire à la justice le crime qui fut découvert, et les voleurs joliment roués sur la place du marché.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 452.
2 (1648). Cour. Rouer qqn de coups, le battre violemment. Dauber, éreinter (vx), tabasser (→ Accès, cit. 10; bœuf, cit. 8; correction, cit. 9; lynchage, cit.).
2 C'était comme si, durant des heures, on les eût roués à coups de matraque (…)
Courteline, le Train de 8 h 47, II, VII.
3 (1643). Vx. Écraser sous les roues (d'une voiture). Cf. Mme de Sévigné, in Littré.
4 (Av. 1857). Fig., vx. Surpasser (qqn) en rouerie.
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roué, ée p. p. adj. et n. 2. Roué.
HOM. 1. Rouer.

Encyclopédie Universelle. 2012.