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EMPHASE
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EMPHASE

Procédure qui semble être le simple produit de la fantaisie du locuteur, et, comme telle, ne nécessiter aucun traitement particulier, l’emphase, ou accentuation au moyen de divers procédés phoniques, syntaxiques ou stylistiques, peut néanmoins faire l’objet d’une étude particulière, dans la mesure où elle fait porter une marque sur un énoncé, qu’elle situe alors au sein d’une opposition dont l’autre membre est précisément l’énoncé minimal généralement retenu comme base pour les transformations ultérieures. Le contour intonatif de la séquence est alors modifié, parfois même en des caractères propres au phonème (longueur, énergie, comme dans «C’est intolérable!», lorsque l’agacement intensifie le t et place le o sous l’accent primaire, ce qui en augmente la durée). Mais les effets les plus intéressants de l’emphase demeurent les incidences syntaxiques de ce phénomène, pour lequel une langue comme l’anglais a recours à un véritable auxiliaire (I do love it , «J’adore!») et le français au présentatif («C’est ta mère qui sera contente!»). Ces procédures complexes de modulation mettent en jeu une rhétorique de la compétence du sujet, et ne peuvent être vraiment analysées que si l’on se donne un ensemble de concepts capables de fonctionner aux confins de la syntaxe et de la sémantique et d’accorder à l’emphase, comme d’ailleurs à d’autres constituants de phrases, un statut dans la production pragmatique du discours.

emphase [ ɑ̃faz ] n. f.
• 1543; lat. emphasis, rhét. gr.
1Vx Énergie, force expressive. « Les mots ont dans sa bouche une emphase admirable » (Boileau).
2(1588) Mod. Péj. Emploi abusif ou déplacé du style élevé, du ton déclamatoire. déclamation, enflure, grandiloquence. Parler avec emphase. pérorer, pontifier. « Il parla à son tour d'un ton doctrinaire, avec l'emphase apprise dans les proclamations » (Maupassant). « D'une gravité, d'une ampleur, d'une solennité admirables, sans emphase aucune » (A. Gide).
Par ext. Exagération dans la manifestation des sentiments. 2. affectation. « Un dévouement sans comédie et sans emphase » (Baudelaire).
⊗ CONTR. Naturel, simplicité. Discrétion.

emphase nom féminin (grec emphasis) Exagération pompeuse dans le ton, le geste, dans les termes employés ; enflure, grandiloquence : Parler avec emphase. Mise en relief d'un des constituants de la phrase par l'intonation ou par l'ordre des mots. ● emphase (synonymes) nom féminin (grec emphasis) Exagération pompeuse dans le ton, le geste, dans les termes...
Synonymes :
- affectation
- cérémonie
- componction
- déclamation
- grandiloquence
- pathos
- pompe
Contraires :
- discrétion
- modestie
- naturel
- réserve
- retenue
- simplicité
- sobriété
- spontanéité

emphase
n. f.
d1./d Péjor. Exagération prétentieuse dans le ton, le geste, l'expression, le style. Parler avec emphase. Une solennité pleine d'emphase. Syn. enflure, grandiloquence. Ant. naturel, simplicité.
d2./d LING Forme d'expression qui consiste à marquer d'une insistance particulière l'un des éléments de la phrase (ex.: Nous, nous voulons bien).

⇒EMPHASE, subst. fém.
A.— RHÉT. Figure consistant à employer un mot ou un groupe de mots d'une force expressive exagérée par rapport à l'idée exprimée. Synon. hyperbole. N'y a-t-il pas un peu d'emphase oratoire dans tous ces participes? (ABOUT, Grèce, 1854, p. 354) :
1. L'emphase de Balzac n'est qu'un jeu, car il n'en est jamais la dupe. Ceux qui le censurent avec amertume et gravité, sont des gens qui n'entendent pas la plaisanterie sérieuse, et qui ne savent pas distinguer l'hyperbole de l'exagération, l'emphase de l'enflure, la rhétorique d'un homme de la sincérité de son personnage, enfin ce qui tient à l'art de ce qui tient à l'artiste.
JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 182.
P. ext., LING.
GRAMM. TRANSFORMATIONNELLE ,,Accent particulier porté sur un constituant de la phrase`` (Ling. 1972). Coefficient emphase, transformation d'emphase (Ling. 1972).
PHONÉT. Cf. consonnes emphatiques A.
P. anal. Outrance, manque de simplicité dans l'expression d'un art (musique, peinture). J'aime son emphase [de Rubens], j'aime ses formes outrées et lâchées (DELACROIX, Journal, 1847, p. 200). La moindre trace d'emphase ou d'enflure (...) déshonore aussi bien la musique que la statuaire (ALAIN, Propos, 1921, p. 325).
B.— Courant
1. Exagération dans la manière de dire ou d'écrire, qui se traduit soit dans le style (emploi de mots ou de formules outrés, pompeux), soit dans le ton, la voix et parfois le geste. Parler, déclamer avec emphase. Parler sans emphase. Simplement, avec naturel. Mme Verdurin (...) faisait elle-même la lecture à haute voix en faisant sonner avec emphase les phrases les plus simples (PROUST, Temps retr., 1922, p. 791) :
2. La banalité de sa pensée se cachait sous un flot d'images. Il s'exprimait avec une emphase qui tenait lieu d'esprit, et trouvait le moyen de servir à chacun un compliment amphigourique.
GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1166.
2. Exagération dans le comportement, dans la manifestation d'un sentiment. Un dévouement sans comédie et sans emphase; une douceur sans faiblesse (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 194) :
3. Mme Roland. « J'aime, disais-je, ce caractère romain dans nos temps. Sa mort est un peu drapée et théâtrale; elle pose, il est vrai, avec un peu d'affectation. » Elle m'interrompt : « Eh, ma foi, il est assez beau d'avoir la force de penser à poser dans ce moment-là. »
(...)
« D'ailleurs, qu'importe? Une petite bourgeoise comme Mme Roland pouvait bien mettre de l'emphase dans sa mort. C'était aux grandes dames à être simples. »
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1842, p. 1187.
Prononc. et Orth. :[]. Mais [a] ant. ds DUB. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1543 rhét. (PASQUIER, Rech., II, 3, p. 53 ds GDF. Compl); 2. av. 1655 « exagération dans la manière de s'exprimer » (DESMARETS, Visionnaires, III, 4 ds LITTRÉ); av. 1741 « solennité exagérée » (ST SIMON, 49, 77, ibid.). Empr. au gr. , terme de rhét. « expression forte ». Fréq. abs. littér. :351. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 553, b) 476; XXe s. : a) 417, b) 514. Bbg. SLACK (A.). Le Coin du pédagogue. Fr. R. 1973, t. 46, p. 984.

emphase [ɑ̃fɑz] n. f.
ÉTYM. 1543; lat. emphasis, du grec emphasis « expression forte ».
1 Vx. (Rhét.). Énergie, force expressive (dans la manière de s'exprimer, dans le ton).(1588). Mod. Péj. Emploi abusif ou déplacé du style élevé, du ton déclamatoire. Affectation, air (de grands airs), boursouflure, déclamation, enflure, grandiloquence, pathos, pédantisme, phrase (faire des phrases), prétention (→ Ambitieux, cit. 9). || Parler avec emphase. Pontifier, pérorer (→ Arme, cit. 29). || Discours, style plein d'emphase. Ampoulé, ronflant. || Écrire avec emphase. || Parler sans emphase, simplement. || Avoir horreur de l'emphase. || Cette tournure marque une certaine emphase (→ Celui-ci, cit. 3). || Prononcer avec emphase une phrase banale. || Avocat qui fait voler ses manches avec emphase.
1 Quel supplice que celui d'entendre (…) prononcer de médiocres vers avec toute l'emphase d'un mauvais poète !
La Bruyère, les Caractères, I, 7.
2 L'emphase de (Guez de) Balzac n'est qu'un jeu, car il n'en est jamais la dupe. Ceux qui le censurent avec amertume et gravité sont des gens qui n'entendent pas la plaisanterie sérieuse, et qui ne savent pas distinguer l'hyperbole de l'exagération, l'emphase de l'enflure, la rhétorique d'un homme de la sincérité de son personnage, enfin ce qui tient à l'art de ce qui tient à l'artiste.
Joseph Joubert, Pensées, XXIV, X.
3 (…) tout le monde nous faisait des récits merveilleux de l'Andalousie avec cette emphase un peu fanfaronne dont les Espagnols ne se déshabitueront jamais, pas plus que les Gascons de France.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 132.
4 Il parla à son tour d'un ton doctrinaire, avec l'emphase apprise dans les proclamations qu'on collait chaque jour aux murs, et il finit par un morceau d'éloquence où il étrillait magistralement cette « crapule de Badinguet ».
Maupassant, Boule de suif, p. 28.
5 Remarquable discours de Valéry. D'une gravité, d'une ampleur, d'une solennité admirables, sans emphase aucune, d'une langue des plus particulières, mais noble et belle au point d'en être comme dépersonnalisée. S'élève loin au-dessus de tout ce qu'on écrit aujourd'hui.
Gide, Journal, 24 janv. 1931.
Par anal. Manque de simplicité dans l'expression d'un art. Outrance. || L'emphase dans la peinture, la musique.
6 Ses deux paysages (sont) d'une native et sévère mélancolie. Les eaux y sont plus lourdes et plus solennelles qu'ailleurs, la solitude plus silencieuse, les arbres eux-mêmes plus monumentaux. On a souvent ri de l'emphase de M. Clésinger (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1859.
2 Ling. Accent particulier, affectif, porté sur un constituant de la phrase. || L'emphase peut se situer au niveau phonologique (intonation) ou syntaxique. || Transformation d'emphase ( Emphatique).
3 Exagération dans la manifestation des émotions, des sentiments. Affectation, cérémonie. || Porter le deuil avec une certaine emphase. || Poignée de main pleine d'emphase scellant une réconciliation. || La réserve et la pudeur sont le contraire de l'emphase.
7 Figurez-vous une personne incapable de commettre une erreur de sentiment ou de calcul; figurez-vous une sérénité désolante de caractère; un dévouement sans comédie et sans emphase; une douceur sans faiblesse (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, XLII.
CONTR. Naturel, simplicité. — Discrétion, réserve.
DÉR. Emphatique.

Encyclopédie Universelle. 2012.