senti, ie [ sɑ̃ti ] adj. et n. m.
• 1758; de sentir
1 ♦ Littér. Empreint de sincérité, de sensibilité.
♢ Cour. BIEN SENTI : exprimé avec conviction et habilement présenté. « Profitez-en pour placer quelques mots bien sentis » (Romains).
2 ♦ N. m. (XXe) Philos. Le senti. Ce qui est senti, ressenti; le résultat de la faculté de sentir.
● senti Participe passé de sentir.
senti, ie
adj.
d1./d Qui dénote sensibilité et authenticité. Une oeuvre bien sentie.
d2./d Qui est exprimé avec force et conviction. Des remarques bien senties.
⇒SENTI, -IE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de sentir.
II. — Adjectif
A. — Qui exprime avec force et sincérité les sentiments, l'intérêt que l'on porte à quelque chose. Marie courait d'un pas délibéré, leste, sur le sable fin d'une contre-allée, disant, comme Raoul, peu de paroles, mais senties et portant coup (BALZAC, Fille Ève, 1839, p. 150). Je lui dis que j'avais passé devant son château, non loin de Balbec. « Oh! comme j'aurais été heureuse de vous le montrer », dit-elle presque à voix basse (...) mais d'un ton senti, tout pénétré du regret de l'occasion manquée (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 428).
— [Précédé d'un adv.] Il m'a aussitôt donné une marque très sentie de sa bienveillance (GOBINEAU, Corresp. [avec Tocqueville], 1854, p. 207). Le Parisien est un monsieur qui va au Maxim's, sait dire deux ou trois phrases bien senties à sa marchande de tabac, et se montre généralement très gentil avec les femmes (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 173).
B. — [En parlant d'une œuvre artist.] Qui est rendu ou exprimé avec art et sensibilité. C'était de la belle musique admirablement comprise et sentie (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 268). [À propos du tableau Apollon et Marsyas, attribué à Raphaël] l'Apollon a les jambes grêles: elles sont d'un modelé faible: les pieds ont l'air de petites planches emmanchées au bout des jambes: le cou et les clavicules sont manqués, ou plutôt ne sont pas sentis (DELACROIX, Journal, 1858, p. 172). Sully Prudhomme dit quelque part, dans ses vers un peu lents et bourgeois, mais sentis, que la contemplation de la Grande Ourse lui fit examiner sa prière du soir (L. DAUDET, Rech. beau, 1932, p. 41).
— [Précédé d'un adv.] Il n'y pas d'œuvre bien sentie qui ne soit naturellement bien peinte (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 68).
— À la forme impers. C'est senti, c'est bien senti. Voilà bien, en effet, des coins de paysage [de Maurice de Guérin] comme je les préfère: c'est délicat, c'est senti, et c'est peint en même temps (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 15, 1860, p. 9).
C. — Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est perçu, éprouvé par les sens ou par l'intuition. Introduire dans ma pensée, quelle qu'elle soit, le souci de la rigueur, et la conscience d'elle-même (...); éviter avec soin la confusion (...) entre les fictions et les vrais actes psychiques, entre le vu, le pensé, le raisonné, le senti (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 106).
Prononc.:[]. Fréq. abs. littér.:5 766. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 8 576, b) 7 239; XXe s.: a) 8 262, b) 8 355. Bbg. GOHIN 1903, p. 236.
senti, ie [sɑ̃ti] adj. et n. m.
ÉTYM. XXe; de sentir; → Sentir.
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1 Adj. ⇒ Sentir.
2 N. m. (Philos.). Ce qui est senti, ressenti; le résultat de la faculté de sentir (cf. Le pensé, le vécu).
Encyclopédie Universelle. 2012.