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AMAZONE
AMAZONE

Un peu plus long que le Nil, avec les 7 025 km de son cours, l’Amazone se place au premier rang, parmi les fleuves du monde, pour l’étendue de la superficie drainée: environ 6 millions de kilomètres carrés qui se répartissent sur six États d’Amérique latine. Sa supériorité est encore plus manifeste en ce qui concerne l’abondance de l’alimentation: le débit moyen à l’embouchure représente cinq fois celui de son compétiteur le plus sérieux, le Zaïre (Congo). Le plus puissant des fleuves du monde est aussi le plus aisément navigable, si bien que les Portugais, ayant découvert ses bouches, purent grâce à lui étendre leur souveraineté sur l’immense plaine amazonienne, où il constituait une magnifique voie de pénétration. Permettant aux Portugais de contenir dans la montagne andine et sur le bassin de l’Orénoque les ambitions rivales des Espagnols et des Hollandais, l’Amazone joue un rôle déterminant dans l’exploitation de la région la plus vaste, mais aussi la plus rude, du Brésil: l’Amazonie forestière.

Le bassin

Né au Pérou, au glacier de Huacra, par 100 de latitude sud et 5 240 m d’altitude, l’Amazone supérieur, ou Marañón, draine d’abord le versant oriental de la Cordillère des Andes septentrionale, dont il s’échappe, à la faveur d’un défilé étroit, pour pénétrer dans la grande plaine amazonienne. Il prend alors, après la confluence de l’Ucayali, le nom de Solimões, puis d’Amazone. Son cours s’établit désormais, au voisinage du 5e parallèle sud, dans l’axe du grand bassin sédimentaire amazonien. Les têtes de source de ses affluents de la rive gauche se trouvent dans l’hémisphère boréal, ce qui lui permet de drainer les eaux du versant méridional du massif guyanais. Celles du versant septentrional du massif brésilien lui parviennent par l’intermédiaire des affluents de la rive droite. L’Amazone reçoit plus de cinq cents affluents dont vingt puissants fleuves, longs de plus de 1 500 km. Le rio Negro, sur la rive gauche, roule autant d’eau que le Zaïre; le Tapajós, ainsi que le Xingú, sur la rive droite, sont aussi abondants que le Gange ou le Brahmapoutre.

Leurs apports successifs augmentent la largeur du fleuve qui, de 1 500 m au niveau de la confluence avec l’Ucayali, atteint de 4 000 à 6 000 m en amont de Manaus, puis 10 000 m et plus dans son cours inférieur. La basse vallée est un véritable bras de mer remonté par la marée sur 1 000 km et dont l’écart entre les rives atteint de 30 à 100 km. Les eaux de l’Amazone sont très profondes: 20 m à la frontière péruvienne; de 50 à 80 m au droit de Manaus; 130 m vers Obidos où le resserrement du lit, au point où se rapprochent le plus les socles guyanais et brésilien, renforce la puissance de creusement; de 25 à 45 m à l’aval. Depuis la sortie des Andes jusqu’à l’embouchure, le fleuve coule dans une plaine souvent marécageuse, recouverte par la forêt équatoriale humide. Le lit majeur comprend une haute terrasse insubmersible (terra firma ) et une zone inondable (varzea ), large de 30 km à Obidos et Santarem, de 80 à 100 km après la confluence du rio Negro. La surface de cette basse terrasse est sillonnée de bras abandonnés ou actifs, enserrant d’innombrables îles; elle compte aussi de nombreux lacs. Ce fleuve de plaine a des pentes insensibles à la frontière du Pérou, alors que 3 000 km restent à parcourir jusqu’à l’océan Atlantique, il n’est qu’à 65 m d’altitude. Calculée pour l’ensemble du cours inférieur, la pente moyenne est de 20 mm au kilomètre, si bien que la vitesse des eaux n’atteint pas, généralement, 3 km par heure.

Le volume porté à la mer, en année moyenne, est impressionnant: 190 000 m3 par seconde, ce qui représente un module relatif de 30,9 l/s par kilomètre carré, tout à fait exceptionnel pour un fleuve au bassin aussi étendu. Ce bassin, par ailleurs, reçoit plus de 2,30 m d’eau précipitée sur 5 millions de kilomètres carrés et le déficit d’écoulement n’est que de 1 250 mm par an. La charge solide est négligeable sur les branches supérieures des cours d’eau amazoniens, taillées dans le matériel résistant des socles; la coloration noire de leurs eaux (rios negros ) provient des matières organiques en suspension. En revanche, dans les zones alluviales, les eaux se chargent de limons, qui leur donnent une teinte jaune caractéristique (rios brancos ). Elles véhiculent ainsi, chaque année, jusqu’à l’océan, 1 million de tonnes de particules solides et ne se fondent dans la masse marine qu’à plus de 100 km au large de l’embouchure.

Le régime

Le régime de l’écoulement est mal connu, surtout pour ce qui concerne le bassin supérieur. La rétention nivale joue un rôle dans la formation du régime de ces torrents montagnards, et la libération des eaux de fonte contribue à placer à la fin du printemps austral (novembre) le début de la période des hautes eaux. Celles-ci, soutenues par des précipitations, relativement abondantes tout au long de l’été, se prolongent jusqu’en avril. Pourtant, en raison des faibles quantités précipitées dans l’année (de 500 à 900 mm, entre 3 000 et 4 500 m d’altitude), le module relatif reste modeste.

Cette influence nivale s’estompe rapidement en plaine, en même temps que s’accroît brusquement le module, sous l’influence des pluies diluviennes qui s’abattent sur l’Amazonie, dès que cesse l’effet d’abri de la montagne andine. L’Amazone moyen, le Solimões, draine une vaste région forestière, abondamment arrosée par des précipitations de convection, présentant deux maximums dans l’année, au moment des équinoxes de printemps et d’automne. L’absence de toute saison sèche et la saturation constante des sols qui entraîne l’écoulement rapide des eaux précipitées laissent supposer l’existence, sur le fleuve, des deux pulsations annuelles caractéristiques des régimes équatoriaux.

Mais ce régime se modifie très vite pour ne plus présenter, dans le cours inférieur du fleuve, qu’un seul maximum. Les hautes eaux se placent de mai à juin à Obidos, en aval de la confluence du rio Negro et de la Madeira; d’avril à juin, à la tête de l’estuaire. Les données d’observation disponibles laissent subsister bien des incertitudes sur les raisons d’une évolution strictement inverse de celle de l’autre grand fleuve équatorial, le Zaïre. Les différences de régime pluviométrique dans les deux grandes cuvettes forestières en sont en partie responsables. L’Amazonie ne connaît de régime à deux maximums que sur une faible superficie, dans la partie la plus intérieure du bassin. Partout ailleurs, et jusque sous l’équateur même, à l’aval de Manaus, règne un climat pluviométrique de type tropical, avec un seul maximum, disposé dans le temps de manière symétrique par rapport à la date du solstice d’été de l’hémisphère, et dont la durée décroît lorsque augmente la distance à l’équateur. Les pluies tropicales boréales n’exercent qu’une influence minime sur le régime du fleuve en raison de la dissymétrie du réseau amazonien: les affluents austraux drainent les neuf dixièmes du bassin. C’est pourquoi la poussée des eaux estivales australes commande le régime, à la différence du Zaïre, où apports austraux et boréaux s’équilibrent dans un régime à deux maximums. Ici, les plus gros débits atteignent le fleuve au début de l’automne austral, retardés par la pente infime du lit et la largeur du champ d’inondations. L’effet de la baisse des débits des grands affluents méridionaux, à la fin de l’automne austral, est contrecarré par la restitution des eaux d’inondation, puis par l’apport des pluies d’équinoxe du bassin supérieur, enfin par l’onde de crue des affluents septentrionaux qui est exceptionnellement précoce.

Il en résulte un régime particulièrement régulier et pondéré, l’écoulement restant abondant, en l’absence de saison sèche véritable, même durant la période des moindres débits, qui est celle du printemps austral. Le débit d’étiage à Obidos, 72 500 m3/s, est encore supérieur à celui des plus hautes eaux connues du Zaïre. Les crues polygéniques sont rares, mais d’une exceptionnelle puissance. Le chiffre de 200 000 m3/s, longtemps retenu comme vraisemblable, qui représente deux fois celui de la crue millénaire du Zaïre, paraît aujourd’hui trop modeste. Les ingénieurs du Geological Survey des États-Unis ont jaugé 215 000 m3/s à Obidos en 1963; ce qui rend probable un débit de 280 000 m3/s pour la crue du siècle, survenue en 1953, en ce même point.

Rôle économique

L’Amazone et ses affluents ouvrent, à travers l’impénétrable forêt équatoriale, d’admirables voies de communication. La profondeur et la lenteur des eaux, la pondération de leur débit font de ce réseau le plus navigable du monde. D’une manière paradoxale, l’exploitation en est plus aisée dans la partie intérieure du bassin qu’à l’aval. Les grands affluents du cours inférieur, le Tocantins, le Xingú, le Tapajós, sont barrés par des rapides à une distance relativement faible du confluent, au point où leurs eaux échappent à l’emprise du socle brésilien, ici tout proche du fleuve. Ces obstacles sont beaucoup plus éloignés, vers l’intérieur des terres, sur les affluents du cours moyen, Madeira ou rio Branco, que les navires de fort tonnage peuvent remonter sur 1 000 km. Ils peuvent s’avancer plus avant dans la sylve, au long des artères du cours supérieur, et l’Amazone les accepte jusqu’à Iquitos, au Pérou.

Les petites embarcations indiennes s’aventurent beaucoup plus loin encore, maniées par des navigateurs experts dans l’art d’utiliser les innombrables annexes des grandes artères fluviales. Les furos font communiquer des cours d’eau différents; les paranos sont des bras abandonnés par le courant principal, et l’igarapé un affluent modeste, encombré de végétaux, où se glissent les pirogues des chercheurs de latex ou de châtaignes du Brésil. La récolte de ces produits de cueillette est assurée par des métis qui s’enfoncent dans la forêt, par petits groupes, et établissent leurs huttes auprès du dernier igarapé accessible. Leur travail est rythmé par la pulsation des eaux fluviales. Le cueilleur de latex, le seringueiro , n’opère que durant les quatre ou cinq mois de saison sèche, lorsque la varzea , où croissent les arbres à caoutchouc (Hevea brasiliensis et Castilloa elastica ), est abordable. C’est, au contraire, durant la saison des pluies que s’affaire le cueilleur de châtaignes. Les eaux de crue lui permettent, en remontant jusqu’aux têtes de source, de gagner les hautes terrasses (terras firmas ), où prospère le châtaignier du Brésil (Bertholletia excelsa ). La cueillette terminée, les embarcations acheminent vers les centres commerciaux les produits qui gagneront les lieux de consommation par l’intermédiaire de l’Amazone.

Le grand fleuve est tout aussi indispensable à la vie des collectivités d’agriculteurs ou d’éleveurs installées sur les bonnes terres d’alluvions du lit majeur, en aval de Manaus, et surtout dans le pays de Belém et l’île de Marajó. Les petits propriétaires et les fermiers installent leurs champs et leurs pacages à proximité immédiate de l’Amazone, qui leur offre le seul moyen de liaison avec le reste du pays. Il en est de même des quelques plantations qui ont été entreprises à grands frais pour la culture du cacao sur le bas Tocantins, du café sur le rio Negro et de l’hévéa sur le Tapajós.

Le fleuve et ses affluents sont parcourus par des bateaux de tout tonnage, depuis le transatlantique qui remonte le fleuve sur la moitié de son cours et parvient à Manaus, jusqu’à la pirogue indigène, en passant par la foule des embarcations de moyen tonnage utilisées pour le transport des voyageurs et de marchandises. La plupart sont de véritables boutiques flottantes que leurs propriétaires juifs, syriens ou portugais utilisent à toutes sortes de trafics. Le rôle joué par la navigation fluviale dans la vie économique régionale est tel que la carte de répartition de la population se calque sur celle du réseau hydrographique: il n’est pas d’établissement humain fixe notable à distance d’une artère navigable. Les deux seules grandes villes, Manaus et Belém, héritières de postes militaires installés par les Portugais au XVIIe siècle, doivent leur essor à l’activité de leur port fluvial. Toutes deux ont brusquement grandi au XIXe siècle avec l’ouverture de l’Amazonie au commerce international et l’exportation du latex de ses hévéas. Bâties sur la terre ferme des hautes terrasses, elles se prolongent jusqu’au fleuve, par des quartiers construits sur pilotis, voire des maisons flottantes entourant le port. C’est par l’intermédiaire de ce port qu’elles dominent commercialement toute l’Amazonie.

Pourtant, la précarité des installations humaines dans un milieu hostile, le petit nombre de pionniers, ainsi que les crises qui secouent l’économie de cueillette de cette région, limitent singulièrement les possibilités d’utilisation du magnifique réseau navigable amazonien.

amazone [ amazon ] n. f.
• 1564; n. pr. XIIIe; lat. Amazones « femmes guerrières d'Asie Mineure »
1Vieilli et littér. Femme guerrière, virile.
2(1610) Cavalière en jupe longue. Les belles amazones du bois de Boulogne, au XIX e siècle. Selle d'amazone. Loc. Monter en amazone : monter à cheval avec les deux jambes du même côté de la selle (à l'origine, à cause de la jupe).
3(1824) Jupe longue et ample de cavalière. « Eh ! Comment veux-tu que je monte à cheval puisque je n'ai pas d'amazone ? » (Flaubert).
4Fam. Prostituée qui racole en voiture dans les bois proches des grandes villes.

amazone nom féminin (latin Amazon, du grec Amadzôn) Femme qui monte à cheval. Argot. Prostituée qui racole ses clients en voiture. Tenue composée d'une jaquette et d'une jupe longue et ample que portaient les femmes pour monter à cheval. ● amazone (expressions) nom féminin (latin Amazon, du grec Amadzôn) Monter en amazone, monter à cheval avec les deux jambes du même côté. ● amazone nom féminin (de Amazone, nom propre) Grand perroquet domestique, vert et bleu, parleur, d'origine américaine.

Amazone
fl. d'Amérique du S. (6 280 km); naît dans les Andes du Pérou, traverse l'état brésilien d' Amazonas et se jette dans l'Atlant. par un vaste estuaire. Le plus puissant fleuve du monde: entre 70 000 et 212 000 m³/s. Navigable jusqu'à Manaus.
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Amazone
n. f. Cavalière.
|| Monter en amazone, les deux jambes du même côté de la selle.
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Amazone
n. m. ou f. Perroquet vert (Fam. psittacidés) d'Amérique du Sud.
(En appos.) Un perroquet amazone.

I.
⇒AMAZONE1, subst. fém.
A.— Femme qui monte à cheval :
1. ... elle montait un cheval à cru comme un soldat romain. Plus d'une fois on a vu cette brillante amazone figurer à des revues d'apparat, suivre une charge de cavalerie, ou voltiger autour des escadrons.
V. DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 187.
2. Au rond-point, un cavalier et une amazone passèrent au petit trot.
É. ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, p. 800.
Spéc. Cavalière montant d'une façon particulière les deux jambes du même côté de la selle. Monter en amazone (Ac. 1835-1932), s'asseoir en amazone :
3. Je vis tout à coup, (...) une petite personne assise sur le dos du livre, un genou replié et une jambe pendante, à peu près dans l'attitude que prennent sur leur cheval les amazones d'Hyde-Park ou du bois de Boulogne.
A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 352.
4. ... elle s'assit, en amazone, sur le bras du fauteuil tournant où, trois jours par semaine, Antoine rendait ses oracles.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 109.
Au fig. Femme à l'âme ou aux allures viriles. C'est une amazone (Ac. 1935-1932) :
5. Quelques instants après a paru Mathilde, avec cet air que vous lui connaissez ... cet air d'amazone; la tête haute, le sourire superbe, et laissant tomber sur moi un regard de triomphe et de dédain.
E. SCRIBE, Bertrand et Raton, 1833, I, 2, p. 124.
6. Cette fille dodue, au parler doux, a de l'amazone dans le sang. Elle conduit elle-même sa voiture, elle boit le « sacré chien » sans grimace, elle fume ...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, juill. 1860, p. 774.
7. Les grands hommes aiment les petites femmes; les gros nez aiment les petits nez retroussés et les hommes trop féminins s'amourachent des amazones.
A. MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, p. 130.
Argot
1. ,,Tricheuse``. (Ch.-L. CARABELLI, [Langue populaire]) :
8. Le grec de la classe moyenne ... s'adjoint ... des auxiliaires féminins appelés amazones. (Le Baccarat, 1881).
G. FUSTIER, Suppl. au dict. de la langue verte d'A. Delvau, 1883, p. 494.
2. ,,Élégantes prostituées exerçant leur métier en voiture dans les alentours des Champs-Élysées.`` (SANDRY-CARR. 1963).
B.— COST. Tenue de cheval féminine composée d'une longue jupe ou d'une longue robe étroite, boutonnée par devant :
9. ... elle [la reine] a fait deux fois le tour des talus, droite et fière, l'amazone relevée sur le bras et la cravache au poing ...
A. DAUDET, Les Rois en exil, 1879, p. 33.
10. Elle [Hortense] gardait encore son amazone qui allait bien à sa taille longue, souple, comme le petit col garçon à sa figure mutine ...
A. DAUDET, Numa Roumestan, 1881, p. 65.
Rem. 1. BESCH. 1845 signale l'emploi méton. (non attesté dans la docum.) : amazone « Personne vêtue d'une amazone ». 2. On a dit plus anciennement et on peut toujours dire : robe d'amazone, habit d'amazone, jupe d'amazone; être vêtue en amazone :
11. L'oncle voulait qu'elle fût en habit d'amazone, et si on l'avait cru, le tableau aurait tenu la moitié de l'appartement ...
G. SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1713.
C.— Arg. Absinthe d'une certaine qualité (voir absinthe, ex. 13).
Étymol. ET HIST. — 1. 1246-48 Antiq. amasoines « femmes guerrières de la mythologie grecque et romaine » (GAUTIER DE METZ, Image du monde, B.N. 2021, f° 104a ds GDF. Compl. : Si sont molt preus en tel essoines, Si les apele on amasoines); début XVe s. Amazones (CHRISTINE DE PISAN, Poésies, B.N. 604, f° 25 v°, ibid. : Furent ces dames appeleez Amazones); d'où p. ext. 2. 1564 « cavalière, guerrière en général » (Archives municipales de Bayonne, Registres fr., I, 585 ds R. Ling. rom., t. 20, p. 79 : luy dresser une baptaille de petits enfans et une autre en forme d'amazonnes); 3. 1608 « femme audacieuse, courageuse, virile » (M. DE VALOIS, Mémoires, 438 ds Fr. mod., t. 4, p. 336 : Sa maistresse, son amazone); 4. [vers 1610, E. Pasquier ds BL.-W.], 1765 « femme qui monte à cheval » (DIDEROT, Salon ds Fr. mod., t. 20, p. 298 : C'est que vos chasseurs et vos amazones sont raides et mannequinés); 5. 1824 « vêtement de femme pour monter à cheval » (SURR, L'Hermite rôdeur ds QUEM. t. 1 1959 : Tu me donneras une amazone).
Empr. au lat. amazones, fém. plur. (dont on a tiré un sing. Amazon, amazona), attesté au sens 1 dep. Salluste (Hist., frg., 3, 73 ds TLL s.v., 1831, 43 : campi Themiscyrei, quos habuere Amazones, ab Tanai flumine, incertum quam ob causam, digressae).
BBG. — BAL.-MAQ. 1968. — BÉL. 1957. — BOISS.8. — Cost. 1899. — DAIRE 1759 (s.v. amazonne). — DUB. Pol. 1962, p. 107. — FÉR. 1768. — LAVEDAN 1964. — LELOIR 1961. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 218. — PRÉV. 1755. — SANDRY-CARR. 1963.
II.
⇒AMAZONE2, subst. et adj.
ORNITHOL., subst. masc. ou fém. et adj. Nom donné par Buffon aux perroquets à plumage vert, ayant le fouet de l'aile coloré de rouge et de jaune, et originaires des rives de l'Amazone (cf. BOUILLET 1859). Perroquet amazone :
1. J'avais été au Muséum (...) demander des renseignements sur les perroquets, et actuellement j'écris devant un « amazone » qui se tient sur ma table, le bec un peu de côté et me regardant avec ses yeux de verre.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1876, p. 324.
2. ... avec son habit vert, sa grosse tête, son cou épais et court, sa vaste poitrine, ses formes trapues, son air rébarbatif, le perroquet amazone sur son perchoir offre assez le profil de Napoléon à bord du Northumberland.
A. FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, p. 174.
Rem. Fém. dans tous les dict. gén., sauf GUÉRIN 1892 qui note : ,,S. m. d'après Buffon; f. d'après la plupart des dictionnaires.`` Aucune indication de genre ds BOUILLET 1859.
Emploi subst. fém. plur. ,,Division d'oiseaux du grand genre psittaque.`` (BESCH. 1845) :
3. Les amazones viennent du Brésil; elles parlent avec facilité et ont une grande douceur de caractère, ce qui fait qu'elles sont recherchées en Europe, surtout en Allemagne.
BESCH. 1845.
Prononc. :[amazo:n] ou [-]. BARBEAU-RODHE 1930 et Harrap's 1963 transcrivent la finale -one avec [o:] fermé long (pour le timbre [o] fermé, cf. aussi DUB. et Pt ROB.); Pt Lar. 1968 : [] ouvert. PASSY 1914 et WARN. 1968 donnent la possibilité d'une prononc. avec [o:] fermé long ou bien avec [] ouvert bref. Cf. aussi FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 53 : ,,Il y a hésitation entre [o] long et [] bref dans amazone.`` Pour la prononc. avec [o:] long, cf. aussi FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787 et DG. À côté de la prononc. avec [o] fermé, LITTRÉ signale la possibilité d'une prononc. avec le timbre ouvert. Enq. :/amazo2n/.
Étymol. ET HIST. — 1755 (Encyclop. t. 12, p. 400, s.v. perroquet : Il est presqu'impossible de décrire toutes les espèces de perroquets que produit l'Amérique; ceux que l'on appelle amazones venant des bords de la riviere de ce nom, sont forts de taille).
Du nom du fleuve d'Amérique du Sud qui arrose la région où ont été trouvés les perroquets de ce type (FUR. 1690 : La riviere des Amazones, est une grande qui arrouse la partie meridionale de l'Amérique [...] Le Pere Lamberti [...] dit qu'en ce pays-là on voit encore des Amazones). Amazone est déjà attesté au XIIIe s. comme nom de lieu désignant une région où vivent les amazones1 (cf. amazonien).
STAT. — Fréq. abs. litt. :204. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 189, b) 619; XXe s. : a) 183, b) 263.
BBG. — BOISS.8. — BOUILLET 1859. — CUISIN 1969. — FÉR. 1768. — PRIVAT-FOC. 1870.

1. amazone [amazon] n. f.
ÉTYM. Déb. XVe; amasoine, v. 1247; mot lat. plur. Amazones, femmes guerrières d'Asie Mineure; l'étym. parfois donnée dans l'Antiquité (de a- priv., et mazos « sein » → cit. 1) est plutôt issue de la légende selon laquelle ces guerrières se coupaient le sein droit pour mieux tirer à l'arc, que d'une analyse philologique; le nom propre est d'orig. obscure, celui du fleuve d'Amérique du Sud vient de la mythologie.
1 Myth. grecque. (Au plur.). Femmes guerrières qui vivaient sans hommes, et qui n'en admettaient pas parmi elles.
1 (Les Amazones), race fabuleuse de femmes guerrières (…) pour se faciliter le tir de l'arc, se brûlaient la mamelle droite, d'où leur nom, qui signifie privées d'une mamelle.
H. Aubert, Dict. de mythologie classique, p. 13.
2 Ce fils qu'une Amazone a porté dans son flanc,
Cet Hippolyte (…)
Racine, Phèdre, I, 3.
2 (1608). Vx. Femme d'un courage mâle et guerrier.
3 Au lieu de trouver sa sœur écrasée par le chagrin, elle voyait renaître sa rivale toute chargée d'armes, prête à la lutte, impitoyable comme une amazone, belle comme une nymphe chasseresse.
Edmond Jaloux, les Visiteurs, XXV, p. 192.
3 Littér. Femme qui a des allures, des goûts virils.
4 Pour moi, je n'ai jamais constaté (…) qu'un homme normal ait été parfaitement heureux avec une Amazone.
A. Maurois, Un art de vivre, II, I, p. 55.
4 (V. 1610, selon Bloch-Wartburg). Femme qui monte à cheval. Cavalière, écuyère. — ☑ Loc. Monter en amazone : s'asseoir sur la selle avec les deux jambes pendantes du même côté. contr. Califourchon (à).
5 (…) elle s'assit, en amazone, sur les bras du fauteuil tournant (…)
Martin du Gard, les Thibault, VII, XIII.
REM. R. Töpffer emploie (et probablt forge) le verbe amazoner « monter en amazone » : || « Heureusement qu'aucune des deux (dames) n'amazone en ce moment, car la selle vient à tourner » (Voyages en zigzags, 1840, Chamounix, p. 216).
Habit, tenue d'amazone : ensemble porté par une cavalière montant en amazone. || Jupe d'amazone.
(1824). Jupe longue et ample que portent les femmes qui montent à cheval en amazone. || « L'amazone relevée sur le bras » (Daudet).
6 Rougon leva vivement la tête. Elle riait dans le chaud soleil de juin. Son amazone de drap gros bleu, dont elle avait rejeté la longue traîne sur son bras gauche, la faisait plus grande (…)
Zola, Son Excellence Eugène Rougon, t. I, p. 127.
7 Elle se lève. Debout, les bras tombants, sa fine silhouette hardie domine le large paysage. Dans son amazone noire, elle a l'air de rassembler toutes les ombres grandissantes, et dans ses yeux, toute la lumière qui, à l'occident, va périr.
Bernanos, Appendice à la tombe refermée, Œ. roman., Pl., p. 1763.
5 (Du sens 1.). Hist. de l'Afrique. Femme guerrière de la garde personnelle des rois d'Abomey.
6 Fam. Prostituée qui racole en voiture.
8 — Moi, je me suis toujours plus ou moins expliquée, avant Tonin, déjà je marchais en amazone avec une copine voiturée. On faisait la porte Maillot, en lisière du Bois. Si je vous disais, Maman, autrefois, travaillait dans la galanterie.
San-Antonio, J'ai essayé : on peut !, p. 43.
DÉR. 1. Amazonien.
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2. amazone [amazon] n. m. ou f.
ÉTYM. 1755; de Amazone, fleuve d'Amérique du Sud.
Zool. Perroquet à plumage vert (jaune et vert aux ailes), originaire du bassin de l'Amazone. || Un ou une amazone.Par appos. || Perroquets amazones.

Encyclopédie Universelle. 2012.