strette [ strɛt ] n. f.
• 1831; « attaque rapide » h. XVIe; it. stretta « étreinte, resserrement »
♦ Mus. Partie d'une fugue qui précède la conclusion et dans laquelle le sujet et la réponse se poursuivent avec des entrées de plus en plus rapprochées. « la strette de l'Ave Maria, qui éclate et pétille » (Hugo).
● strette nom féminin (italien stretta, étreinte, de stretto, étroit) Partie de la fugue où la réponse du sujet s'emboîte de plus en plus rapidement sur ou sous le sujet avant que l'exposition de celui-ci ne soit terminée.
⇒STRETTE, subst. fém.; STRETTO, subst. masc.
MUSIQUE
A. — Partie finale d'une fugue où les reprises du sujet sont très rapprochées, celui-ci commençant à une voix avant qu'une autre ait terminé. On peut aussi bien attaquer de suite le stretto (en français on dit souvent la strette), qui est la partie la plus amusante de la fugue (LAVIGNAC, Mus. et musiciens, 1895, p. 391). Si celui-ci [le sujet] appelle de par sa nature une exposition fuguée, Bach s'y laisse aller. Mais si sa texture, bien que propice à l'exposition traditionnelle, ne permet pas une belle strette, il élude celle-ci. Et il se moque de ce que la fugue régulière doive en comporter une (L.-A. MARCEL, Bach, 1966, p. 97).
B. — Mouvement accéléré d'un finale; ,,dans la musique théâtrale, partie finale d'un ensemble où le mouvement s'accélère et où les interventions des différentes voix sont très resserrées`` (Mus. 1976). La salle craquait sous les bravos; on recommença la strette entière; les amoureux parlaient des fleurs de leur tombe, de serments, d'exil, de fatalité, d'espérances (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 67). Une strette brillante de six mesures s'élève [dans la Coda de l'Allegro vivace du quatuor op. 59 No de Beethoven], par une suite d'accords chromatiques, vers la conclusion, dans le ton fondamental (MARLIAVE, Quat. Beethoven, 1925, p. 138).
Prononc. et Orth.:[], [-o]. Ac. dep. 1878: strette. Plur. des strettes, des strettos. Étymol. et Hist. 1. 1832 « partie d'une fugue précédant la conclusion » (HUGO, N.-D. Paris, p. 164); 2. 1834 art lyrique (FÉTIS, La Musique mise à la portée de tout le monde, p. 386 ds QUEM. DDL t. 31). Empr. à l'ital. stretta, att. comme terme de mus. dep. 1821 (d'apr. DEI), propr. « lieu étroit, action de serrer, resserrer, étreindre », aussi « attaque, combat » (dep. le XIVe s., A. PUCCI ds TOMM.-BELL.), à l'orig. de estrette « attaque » (dep. 1536, estraicte, COLLERYE ds HUG.), puis strette (dep. 1559, Fr. DE RABUTIN ds Fonds BARBIER), att. aux XVIe et XVIIe s. (v. HUG. et FEW t. 12, pp. 300b-301a); stretta est le fém. subst. de l'adj. stretto « étroit », du lat. strictus (étroit). Fréq. abs. littér.:13. Bbg. QUEM. DDL t. 31.
strette [stʀɛt] n. f.
ÉTYM. 1831, Hugo; stretta « partie d'un morceau de musique où la mesure devient plus serrée, plus vive », 1839, Boiste; de l'ital. stretta, proprt « étreinte, resserrement »; « attaque par surprise », 1548; « douleur vive », 1580.
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♦ Mus. Partie d'une fugue qui précède la conclusion et dans laquelle le sujet et la réponse se poursuivent avec des entrées de plus en plus rapprochées.
1 (…) de temps en temps cette masse de bruits sublimes s'entr'ouvre et donne passage à la strette de l'Ave Maria, qui éclate et pétille comme une aigrette d'étoiles.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, III, II.
2 (…) un morceau largement traité dans le style fugué. Un calme imposant règne dans cette partie et fait ressortir encore davantage la fougue entraînante et la majesté triomphale de la stretta.
Nerval, Lorely, Souvenirs de Thuringe, IV.
Encyclopédie Universelle. 2012.