suture [ sytyr ] n. f.
• 1540; lat. méd. sutura, de suere « coudre »
1 ♦ Réunion, à l'aide de fils, de parties divisées à la suite d'un accident ou d'une intervention chirurgicale (lèvres d'une plaie, extrémités d'un tendon coupé). Faire une suture. Suture en surjet. Points de suture. — Par ext. « Pencroff comptait former la suture des bandes d'écorce avec des clous rivés » (Jules Verne).
2 ♦ Anat. Articulation immobile caractérisée par deux surfaces articulaires réunies par du tissu fibreux. Sutures dentées. Sutures du crâne.
3 ♦ Sc. Ligne apparente constituant la jonction entre deux organes, deux parties. La suture des carpelles d'un fruit.
● suture nom féminin (latin sutura) Rapprochement chirurgical des deux berges d'une plaie. Ligne de jonction de deux pièces libres ou soudées (par exemple la suture des os du crâne, des carpelles du fruit, des élytres d'un coléoptère, des segments d'un arthropode, etc.). Ligne d'insertion de chacune des cloisons internes des nautiles, ammonites, etc., sur la coquille spirale. En géologie, synonyme de cicatrice (surtout dans le domaine océanique). ● suture (expressions) nom féminin (latin sutura) Point de suture, point de couture effectué à l'aide d'un fil, serti sur une aiguille et maintenu par un nœud, pour rapprocher les lèvres d'une plaie ou d'une incision chirurgicale afin d'en faciliter la cicatrisation. Suture osseuse, réunion, par du tissu fibreux, de certaines surfaces articulaires (synarthroses) se rencontrant essentiellement au niveau de la voûte du crâne.
suture
n. f.
d1./d CHIR Réunion à l'aide de fils des lèvres d'une plaie ou des bords d'un organe sectionné. Points de suture.
d2./d ANAT Articulation immobile dont les pièces osseuses sont réunies par un tissu fibreux (par ex., les os du crâne).
d3./d BOT Ligne de soudure de différentes parties d'un organe ou d'un organisme. Ligne de suture des carpelles.
|| ZOOL Ligne de suture d'une coquille (de gastéropode): ligne séparant les tours consécutifs de la spire.
⇒SUTURE, subst. fém.
A. — CHIR. Couture consistant à raccorder des tissus (lèvres d'une plaie, extrémités d'un organe sectionné) généralement séparés par accident ou par intervention chirurgicale (d'apr. Pt Lar. Méd. 1976). Suture chirurgicale; suture des paupières; aiguille à suture; suture en surjet. Dans la transplantation du rein, par exemple, lorsque la circulation sanguine est rétablie par la suture des vaisseaux, l'organe fonctionne immédiatement (CARREL, L'Homme, 1935, p. 287). Suture primitive qui se fait dans les premières heures après une plaie (VERCH.-BUD. 1981).
♦ Point de suture. Chacune des piqûres de cette couture. On rapproche les bords [de la plaie], et à l'aide d'une forte aiguille enfilée de fil de Bretagne on les réunit par plusieurs points de suture (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 20). Lulu montra sa nuque barrée d'une longue cicatrice brune, avec quatre points de suture (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 251). P. métaph. La transparence du ciel et la transparence du golfe unissaient leurs deux irréalités sans qu'il fût possible de découvrir le point de suture des horizons (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 45).
— P. anal. Rétablissement de la continuité d'un tissu ou d'un organe divisé sans avoir recours à une couture (au moyen d'agrafes, d'un pansement collé) (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972).
B. — ANAT. Articulation immobile de deux os, synarthrose dans laquelle les pièces osseuses sont unies par du tissu fibreux, comme dans le cas des os du crâne (d'apr. Méd. Flamm. 1975). À leurs lignes de jonctions les membranes persistent en les sutures membraneuses et les fontanelles (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 11). L'état des sutures crâniennes se modifie avec l'âge, les pièces osseuses étant d'autant plus soudées que l'individu est plus vieux (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 130).
♦ Suture dentée. ,,Variété de suture dans laquelle les os s'unissent par des surfaces hérissées de dentelure`` (Méd. Flamm. 1975). Leurs mâchoires sont partagées chacune en deux pièces par une suture dentée (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 127). Suture lambdoïde. V. ce mot rem. 2 s.v. lambda. Suture occipito-pariétale. Synon. de suture lambdoïde. Suture lambdoïde ou occipito-pariétale (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 19). Suture longitudinale, sagittale. ,,Suture entre les bords supérieurs des deux pariétaux`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Les deux pariétaux sont séparés l'un de l'autre par une suture longitudinale (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 19).
C. — BIOL., ZOOL. Ligne de suture. Point de contact, ligne de jonction entre deux éléments libres ou soudés. Chez les Ammonoïdés p. ex., le dessin de la ligne de suture constitue souvent un critère de détermination des groupes (FOUC.-RAOULT Géol. 1980). BOT. Ligne selon laquelle s'ouvre un fruit déhiscent. Il y a apparence que le coco a des sutures aussi, car il y a des nègres qui savent le fendre en deux moitiés avec un petit bâton (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 179).
D. — GÉOL., TECTONIQUE. Ligne marquant la séparation d'espaces originellement éloignés et représentant un espace intermédiaire disparu, généralement de nature océanique. Synon. de cicatrice. Suture ophiolitique (FOUC.-RAOULT Géol. 1980).
E. — P. ext. Autre forme de jointure entre deux éléments.
1. POT. On a, par ce procédé [de coulage] des cornues (...) sans suture (Al. BRONGNIART, Arts céram., t. 1, 1844, p. 157).
♦ Ligne de suture. De ses doigts humectés la potière efface la ligne de suture entre deux couches de boudin (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 151).
2. Littér. Couture. Avec ce filin, il rabouta les cordages. Seulement ces sutures étaient sujettes à pourrir (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 288).
3. Au fig.
a) Jonction, réunion de deux éléments. La ligne de suture (...) entre le réel et le fantastique est impossible à saisir [chez Goya] (BAUDEL., Curios. esthét., 1857, p. 209). J'ai tôt soif de la mer, de l'inflexible suture horizontale, bleu contre bleu (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 64).
b) [Dans une œuvre écrite] Raccord fait à l'endroit d'un texte où l'on a supprimé un passage. L'Iliade laisse voir bien des contradictions, (...) des sutures plus ou moins habiles (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 10, 1865, p. 63). Là où il eût fallu récrire le texte (...), j'ai laissé à mes ciseaux le soin d'un travail plus honnête. Des lignes de points indiqueront assez bien la suture (GREEN, Journal, t. 1, 1938, p. I).
c) PSYCHOL., PSYCHANAL. Ligne de suture. Zone limite, lien entre deux aspects. L'invisible ligne de suture qui relie l'aspect moral à l'aspect psychologique (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 715).
— En partic. [Chez Lacan et ses disciples] ,,Tentative d'abolition du « manque » qui est toujours au service de la structuration du sujet, et que le discours (la « parole contrainte ») est chargé de cacher`` (ROB. 1985).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1540 « réunion des lèvres d'une plaie » (P. TOLET, Chirurg. de Paul d'Egine, p. 72 ds GDF. Compl.); 2. 1559 anat. « jointure dentelée de deux os » (J. FALCON, Notabilia, p. 154 ds SIGURS, p. 296); 3. 1760 « ligne de jonction entre deux pièces (chez les insectes, les coquilles) » (BRISSON, Ornithologie d'apr. BRUNOT t. 6, 2, p. 595); 4. 1797 bot. « endroit où les valves qui forment l'enveloppe de certains fruits se joignent » (BULLIARD Bot.); 5. 1788 fig. « raccordement d'éléments qui étaient séparés » (FÉR. Crit.). Empr. au lat. sutura « couture », « suture (du crâne) », dér. de suere« coudre ». Fréq. abs. littér.:108.
DÉR. 1. Sutural, -ale, -aux, adj., anat., sc. nat. Qui appartient ou qui se rapporte à une suture. Bande, fibre, membrane, strie, tache suturale; pores suturaux; angle sutural. Le tissu calcifère ne s'interrompt pas entre les plaques, il est absolument continu avec le tissu fibreux qui les unit entre elles ou tissu sutural (E. PERRIER, Zool., t. 1, 1897, p. 800). Sous la voûte: elle [la dure-mère] est solidement amarrée aux sutures, par la continuation des fibres de sa couche externe dans les ligaments suturaux (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 373). — [], plur. masc. [-o]. — 1re attest. 1803 bot. « qui dépend d'une suture (d'une plante) » (BOISTE); de suture, suff. -al. 2. Suturer, verbe trans., chir. Faire une suture à (quelque chose). Synon. coudre, recoudre. Suturer un nerf blessé, une plaie. On avive les bords ou les lèvres de l'anneau que l'on suture au catgut, puis on suture la peau (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 82). — [], (il) suture []. — 1re attest. 1865 (LITTRÉ-ROBIN); de suture, dés. -er.
suture [sytyʀ] n. f.
ÉTYM. 1540; du lat. médical sutura, de sutum, supin de suere « coudre ».
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1 Réunion, à l'aide de fils, de parties divisées (lèvres d'une plaie, extrémités d'un tendon coupé). → Chirurgie, cit. 1. || Aiguille, fil à suture (catgut, etc.). || Faire, pratiquer une suture. — (1893). || Points de suture. — Suture entrecoupée, série de fils indépendants; en surjet, avec un seul fil.
➪ tableau Lexique de la chirurgie.
2 Anat. Articulation immobile (⇒ Synarthrose) caractérisée par deux surfaces articulaires réunies par une membrane faite de faisceaux conjonctifs courts dont les fibres s'enfoncent de chaque côté dans la substance osseuse (⇒ Synfibrose). || « Suture est une composition d'os faite à la semblance des choses cousues » (Paré). || Sutures dentées (engrènement des surfaces articulaires dentelées), écailleuses ou squameuses (surfaces articulaires en biseau), harmoniques (surfaces rugueuses sans dentelures). || Sutures du crâne ou crâniennes : suture bi-maxillaire, fronto-pariétale, occipito-pariétale…
1 Les dents poussent, chez lui, plus tard que chez le grand Singe; les sutures crâniennes sont beaucoup plus lentes à se fermer (…)
Jean Rostand, l'Homme, p. 36.
3 (1762). Anat., sc. nat. Ligne apparente constituant la jonction entre deux organes, deux parties (fissure, sillon; raphé, etc.). ⇒ Scissure, soudure. — Bot. Ligne selon laquelle s'ouvre un fruit déhiscent. || Ligne de suture des valves, des bords du carpelle. — Zool. Point de contact, ligne de jonction de certaines parties (libres ou soudées). || La suture des coquilles de gastéropodes.
2 La suture, ou ligne d'intersection de la paroi de la coquille avec chacune des cloisons, est un caractère auquel les paléontologistes attachent une très grande importance, les complications de son tracé étant en rapport avec le degré d'évolution.
A. Franc, Mollusques, in Encycl. Pl., Zoologie, t. I, p. 1125.
3 L'incertitude où je présume avoir été enfantinement plongé quant à ces roses fleuries à la suture de deux moments de la durée (…)
Michel Leiris, Fourbis, 1968, p. 33.
♦ (Psychan., chez Lacan et ses disciples). Tentative d'abolition du « manque » qui est toujours au sein de la structuration du sujet, et que le discours (la « parole contrainte ») est chargé de cacher.
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DÉR. Sutural, suturé, suturer.
Encyclopédie Universelle. 2012.