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FIDÉISME
FIDÉISME

FIDÉISME

Terme d’origine théologique, appliqué à la doctrine de Bautain et de Lamennais. Cette doctrine a été condamnée en 1838 par les autorités ecclésiastiques. Elle était liée au traditionalisme de Joseph de Maistre et de Bonald. Selon le traditionalisme, la vérité ne peut être connue que par la tradition, non par la raison; au principe de toute connaissance se trouve une révélation primitive que prolonge et enrichit la révélation chrétienne. D’après le fidéisme, la raison ne nous permet pas de connaître la nature des choses; elle se borne à observer et à classer les apparences; seule la foi, illuminant l’intelligence (elle-même intuitive, donc distincte de la raison, qui est analytique), nous fait connaître le fond des choses, c’est-à-dire les réalités spirituelles. En un sens plus précis, le fidéisme exclut que les vérités de foi comportent des préambules rationnels, prennent appui sur des démonstrations, incluent un noyau de rationalité qui pourrait être récupéré par une philosophie autonome. En un autre sens, également théologique, le fidéisme fait consister la foi dans la confiance en Dieu, non dans l’adhésion à des dogmes. Dans tous les cas, le terme fidéisme implique une défiance de la raison; c’est pourquoi il a une saveur péjorative. De même que le rationalisme tend à surestimer la raison au point de professer que la science est l’unique source de vérité (récusant ainsi par avance toute croyance), de même le fidéisme tend à surestimer la foi au point de professer que la révélation est l’unique garantie du vrai (discréditant ainsi les efforts de toute activité rationnelle).

fidéisme [ fideism ] n. m.
• 1838; lat. fides foi
1Relig. Doctrine selon laquelle la vérité absolue est fondée sur la révélation, sur la foi. Adj. et n. FIDÉISTE , 1842 .
2Philos. Doctrine admettant des vérités de foi et s'opposant au rationalisme.

fidéisme nom masculin (latin fides, foi) Doctrine selon laquelle la foi religieuse dépend du sentiment et non de la raison.

fidéisme
n. m. THEOL Doctrine selon laquelle la connaissance des vérités premières ne peut être fondée que sur la foi ou la révélation divine.

⇒FIDÉISME, subst. masc.
THÉOL. CATH. Doctrine donnant la prééminence à la foi sur la raison, même dans les domaines propres à cette dernière :
Dans le fond il n'y a pas énormément de jansénisme dans les Pensées [de Pascal]. L'hérésie capitale qui fait le principe de cette Apologétique serait plutôt le « fidéisme », condamné avec une vigueur croissante depuis cent ans par Grégoire XVI, par le Concile du Vatican et enfin par l'admirable Encyclique « Pascendi ». C'est cette erreur qui consiste à dire que nous n'arrivons à la vérité même dans les choses naturelles que par la foi, que la nature humaine par elle-même et sans la grâce est incapable de connaissance et de bien.
CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1910, p. 152.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1838 d'apr. L. Febvre ds DAUZAT; cf. 1883 (RENAN, Souv. enf., p. 244). Dér. du rad. du lat. fides, v. foi; suff. -isme. Fréq. abs. littér. :19.

fidéisme [fideism] n. m.
ÉTYM. 1838; dér. sav. du lat. fides (→ Foi), et suff. -isme.
1 Théol. cathol. Doctrine selon laquelle la raison ne nous apprend rien sur la nature vraie des choses, la vérité absolue ne pouvant être fondée que sur la révélation et sur la foi. || Le fidéisme, doctrine de Huet, Lamennais, a été condamné par l'Église en 1838.
1 (…) celle des hérésies que les sulpiciens orthodoxes trouvaient la plus dangereuse, je veux dire le fidéisme de M. de Lamennais.
Renan, Souvenirs d'enfance…, IV, II.
2 Le fidéisme n'admet pas qu'on prouve les préambules de la Foi par la raison naturelle, et qu'ainsi la raison conduise l'homme à la Foi; il fonde la Foi sur la Foi (…) Ce qu'expriment toutes les formes de fidéisme, c'est la défiance de la raison.
H. Delacroix, la Religion et la Foi, p. 101, in Foulquié.
2 Philos. Doctrine philosophique admettant les vérités de foi et s'opposant au rationalisme.
DÉR. Fidéiste.

Encyclopédie Universelle. 2012.