vidame [ vidam ] n. m.
• visdame XIIe; adapt. du lat. ecclés. vice dominus (→ vice-)
♦ Féod. Officier qui remplaçait les seigneurs ecclésiastiques (évêques, abbés) dans les fonctions juridiques ou militaires.
● vidame nom masculin (bas latin vicedominus, du latin classique vice, à la place de, et dominus, seigneur) Représentant d'une abbaye ou d'un évêché pour la défense de leurs intérêts temporels.
⇒VIDAME, subst. masc.
HISTOIRE
A. — Au Moyen Âge, officier chargé d'exercer les pouvoirs temporels (militaires et de justice) d'un seigneur ecclésiastique. Le duc de Bretagne, par exemple, peut lever un ost de 166 chevaliers et de 17 écuyers. Quand il veut les réunir, il convoque ses vassaux directs, ses barons, (...) ainsi le sire de Vitré doit cinq chevaliers d'ost; l'évêque de Dol en doit dix, que mène le sire de Combourg, son vidame (Fr. OLIVIER-MARTIN, Hist. du dr. fr., 1984 [1950], p. 138).
B. — 1. Celui qui possédait un fief relevant d'un établissement ecclésiastique qu'il était chargé, en principe, de protéger; aux XVIIe et XVIIIe s., possesseur d'une terre érigée en fief héréditaire. Le vieux vidame de Pamiers (BALZAC, Langeais, 1834, p. 259). Les possibilités d'abus sont grandes, surtout quand le seigneur avoué ou vidame taille les tenanciers d'un établissement ecclésiastique dont il est le protecteur (Fr. OLIVIER-MARTIN, Hist. du dr. fr., 1984 [1950], p. 147).
2. Titre de noblesse héréditaire. Avant la Révolution, il n'y avait plus que cinq ou six vidames en France (Ac. 1835-1935).
Prononc. et Orth.:[vidam]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1208 hist. féod. le visdame de Chartres [Guillaume de Ferrières, aut. de chansons, futur grand-maître du Temple] (GEOFFROI DE VILLEHARDOUIN, Constantinople, éd. E. Faral,102); 2. 1690 « titre de seigneurie attaché aux terres d'un vidame » (FUR.). Terme techn. de la lang. jur. et eccl., empr. au b. lat. vicedominus « représentant du prince, du roi » (déb. VIe s., CASSIODORE); spéc. « clerc de haut rang, délégué de l'évêque et administrateur des biens de l'évêché » (2e moit. VIe s., GRÉGOIRE LE GRAND ds NIERM.). Sur l'orig. et l'évol. de cette fonction, qui, à partir du IXe s. tomba aux mains des laïcs, v. S. SCOONES, Noms de quelques officiers féodaux, Paris, 1976, pp. 147-157. Fréq. abs. littér.:43.
DÉR. Vidamé, subst. masc.; vidamie, subst. fém. a) Charge, dignité de vidame. Le vidamé d'Amiens (Ac. 1798-1935). La vidamie a été une dignité féodale tenue en fief de l'Église (DUPIN-LAB. 1846, p. 265). b) Terre à laquelle est attaché le titre de vidame. La vidamie de Chartres (Ac. 1798-1935). — [vidame], [vidami]. Ac. 1718: vidamé et vidamie (deux vedettes séparées); 1740-1935: vidamé ou vidamie (une seule vedette). — 1res attest. a) 2e moit. XIIe s. visdamné « fonction, charge de vidame » (ADGAR, Graciel, éd. P. Kunstmann, XXVI, 96 et 303), ca 1400 vidamie de Launoys (Songe véritable, 1169 ds Mém. Sté hist. Paris t. 17, p. 261), b) déb. XVIIIe s. vidamé « terre à laquelle est attaché le titre de vidame » (SAINT-SIMON, Mém., éd. G. Truc, t. 1, p. 541), 1904 vidamie (Nouv. Lar. ill.); de vidame, suff. -é (formateur de subst.) et -ie.
vidame [vidam] n. m.
ÉTYM. XIIe, visdame; adapt. du lat. ecclés. vice dominus (→ Vice-).
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♦ Didactique.
1 (Hist. de la féodalité). Officier qui remplaçait les seigneurs ecclésiastiques (évêques, abbés) dans certaines fonctions temporelles (juridiques ou militaires).
2 (1690). Titre de noblesse attaché aux terres tenues par un vidame (→ Bastille, cit. 1; gazette, cit. 4; prétention, cit. 8). || Monsieur le vidame (→ Gloire, cit. 28).
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DÉR. Vidamé ou vidamie.
HOM. Forme du v. vider.
Encyclopédie Universelle. 2012.