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AMPHION
AMPHION

AMPHI

«Puis je vis Antiope [...] qui se vantait d’avoir dormi aux bras de Zeus; elle en conçut deux fils, Amphion et Zéthos, les premiers fondateurs de la Thèbes aux sept portes, qu’ils munirent de tours, car, malgré leur vaillance, ils ne pouvaient sans tours habiter cette plaine.» Ces traits relevés par Ulysse lors de sa descente aux Enfers (Odyssée , XI, 260-265) suffiraient à immortaliser Amphion. Pourtant il en est d’autres qui ne sont pas moins dignes d’être remarqués: né à Éleuthères, en Béotie, Amphion fut exposé sur une montagne où un berger le recueillit en même temps que son frère. Mais, tandis que Zéthos passait maître dans les arts où la vigueur physique surtout est requise, Amphion s’adonnait à la musique grâce à la lyre qu’il avait reçue d’Hermès. Par cette alliance de force pure et de noblesse, de courage et de douceur, de dureté au labeur et de facilité gracieuse, les deux frères purent venger leur mère de l’esclavage et des mauvais traitements auxquels l’avait réduite son oncle Lycos, qui régnait alors sur Thèbes, et succéder à ce dernier sur le trône de la cité dont Crion avait fondé l’agora. Les murailles qui firent leur renommée, c’est eux-mêmes qui les élevèrent, Zéthos transportant les pierres sur son dos, Amphion les attirant à lui aux accents de sa lyre. Plus tard, ce dernier épousa Niobé, la fille de Tantale, et l’on dit qu’Apollon le perça de ses flèches, soit en raison de sa haine contre les Niobides, soit parce qu’Amphion, devenu fou, avait tenté de détruire un de ses temples.

I.
⇒AMPHION1, subst. masc.
Musicien habile, personnage dont les activités rappellent les exploits d'Amphion. C'est un amphion, un véritable amphion (BESCH. 1845) :
1. Le fleuve épinglé sur la ville
T'y fixe comme un vêtement
Partant à l'amphion docile
Tu subis tous les tons charmants
Qui rendent les pierres agiles ...
G. APOLLINAIRE, Alcools, Le Brasier, 1913, p. 108.
2. ... je conçois un autre amphion, qui, à force de faire sonner sa lyre, remue les mots, qui sont comme des pierres plus sensibles.
ALAIN, Propos, 1933, p. 1176.
Étymol. ET HIST. — 1644 « musicien très habile » (CORNEILLE, Le Menteur, II, 5, 555 ds Lar. 19e : Quelque Amphion nouveau, sans l'aide des maçons, En superbes palais a changé ses buissons); issu par antonomase de Amphion, nom du musicien grec, fils de Jupiter et d'Antiope; av. 1711 (Boileau d'apr. BESCH. 1845 : Aux accords d'Amphion les pierres se mouvaient).
Empr. au gr. , Amphion (Od., 11, 283 ds BAILLY); l'ex. de Corneille s'explique p. allus. à la légende d'Amphion élevant les murs de Thèbes par le seul son de sa lyre.
BBG. — LAVEDAN 1964.
II.
⇒AMPHION2, subst. masc.
ZOOLOGIE
A.— ,,Genre de coléoptères tétramères, famille des longicornes, tribu des lamiaires, fondé sur une seule espèce, l'amphion à bandelettes de Colombie.`` (Lar. 19e).
Rem. Attesté également ds BESCH. 1845.
B.— ,,Genre de crustacés de l'ordre des stomapodes, dont la seule espèce connue a été recueillie en haute mer dans l'océan Indien.`` (Lar. 19e).
Rem. 1. Attesté également ds BESCH. 1845, Nouv. Lar. ill. 2. En chim., on rencontre un homon. désignant l' ,,ion organique portant deux charges de signes contraires localisées.`` (Lar. encyclop.).
Prononc. — Seule transcription ds LAND. 1834 : -fi-on.
Étymol. ET HIST. — 1838 zool. (Ac. Compl. 1842).
Empr. au gr. « vêtement » (SOPHOCLE, fr., 370 ds BAILLY); le terme employé en chim. (supra rem.) dérive de « double ».
BBG. — PRÉV. 1755.

amphion [ɑ̃fjɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1644; mot grec, nom d'un musicien mythologique, fils de Jupiter et d'Antiope.
Vx, littér. Musicien très habile.

Encyclopédie Universelle. 2012.