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FRED
FRED

FRED (1931- )

Othon Aristides est né à Paris le 5 mars 1931 de parents d’origine grecque. Il débute comme dessinateur humoristique, sous le pseudonyme de Fred, en plaçant des dessins dans Ici-Paris, Le Hérisson , France-Dimanche, Punch ou le New Yorker . Il rencontre Cavanna, avec qui il participe au lancement de la revue satirique Hara-Kiri (1960). Il y publie diverses bandes dessinées, dont Le Petit Cirque , chef-d’œuvre d’humour absurde. En 1965, il rejoint l’équipe de Pilote , où il crée la même année son principal personnage, Philémon, qui sera repris dans une série de quinze albums, édités de 1972 à 1994. Parallèlement, il écrit des scénarios pour différents dessinateurs, comme Alexis, avec lequel il réalise la série des Timoléon (1969-1973), qui raconte des voyages loufoques à travers les siècles. En 1983 il publie pour l’imagerie Pellerin d’Épinal La Magique Lanterne magique , puis, dans le quotidien Le Matin de Paris , il illustre le Journal de Jules Renard. Il travaille également à deux livres-disques en collaboration avec le chanteur Jacques Dutronc et écrit pour la télévision une quarantaine de courts-métrages. Délaissant Philémon, il poursuit son œuvre de bande dessinée avec L’Histoire du corbac aux baskets (1993) et L’Histoire du conteur électrique (1995), puis il est chargé par le ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy d’une mission d’étude sur les mesures aptes à aider la création et la diffusion des bandes dessinées.

Dans le monde du neuvième art, Fred occupe un terrain quelque peu en marge: celui de la fantaisie poétique. Cela explique qu’il soit apprécié aussi de lecteurs réfractaires à ce mode d’expression, et que l’auteur auquel on le compare le plus souvent soit Lewis Carroll. Telle Alice accédant au pays des merveilles par le terrier d’un lapin, Philémon commence ses aventures en tombant dans un puits qui le mènera sur l’île constituée par la première lettre du mot Atlantique , écrit sur une carte de géographie. En compagnie de quelques personnages étranges, comme un puisatier ou l’âne Anatole, Philémon découvre des univers parallèles et insolites, qui participent du merveilleux des contes de fées et d’un humour absurde de tradition anglo-saxonne. Ces univers poétiques, qui peuvent rappeler certaines œuvres d’Alain Saint-Ogan, sont l’occasion pour Fred de s’affranchir des contraintes habituelles de la narration graphique et, renouant avec les expériences de Winsor McCay, auteur de Little Nemo in Slumberland , de jouer avec les codes de la bande dessinée (personnages qui sortent de la case ou même de la planche, collages, effets de surimpression).

Deux albums plus récents de Fred, bien que relevant toujours d’un univers de fantaisie, abordent des problèmes du monde de la réalité. L’Histoire du corbac aux baskets a pour thèmes la psychanalyse et l’incommunicabilité entre les êtres (à la fin de sa thérapie, l’homme qui était devenu corbeau est à nouveau humain, mais les autres hommes se sont alors transformés en corbeaux ; quant au psychiatre, il s’intéressait surtout au fait que ce patient à l’apparence de corbeau portait des baskets). L’Histoire du conteur électrique imagine ce qui se passerait si les gens, au lieu de passer leurs soirées à regarder la télévision, se mettaient à songer en contemplant la lune. Avec ces deux fables, Fred a quitté la pure fantaisie des Philémon et a fait très discrètement œuvre de moraliste.

Encyclopédie Universelle. 2012.