GALION
GALION
Apparu au XVe siècle, le galion tient de la nef et de la galère. Si le rapport entre la largeur et la longueur d’un vaisseau rond est de 1 à 3, il devient, sur le galion, de 1 à 4 ou 5; il est aussi long que la galère dont il conserve, par ailleurs, l’éperon à l’étrave. François Ier fait ainsi construire des «nefs-galères» ou «galliaces». Et de nombreux galions figurent dans l’Invincible Armada (1588), embarquant jusqu’à 300 soldats, 180 mariniers et 50 bouches à feu. Les rames sont évidemment supprimées sur ces très grands galions (250 à 1 000 tonneaux) à trois ou quatre mâts, avec double voilure, latine et carrée.
Douze galions espagnols, la Flota, assurent le trafic exclusif des métaux précieux entre la métropole et ses colonies du Nouveau Monde. Escortés par des navires de guerre, ils se rendent à La Plata, au Pérou, à Veracruz d’où ils rapportent l’or et l’argent extraits des mines jusqu’à Séville ou, plus tard, Cadix, siège de la casa de Contratación .
galion [ galjɔ̃ ] n. m.
• 1272; de l'a. fr. galie, galée→ galère
♦ Mar. anc. Grand bâtiment armé destiné au commerce avec l'Amérique, au transport de l'or que l'Espagne tirait de ses colonies.
● galion nom masculin (ancien français galie, galère, variante de galée) Grand bâtiment de charge, employé par les Espagnols pour le commerce avec le Nouveau Monde.
galion
n. m. MAR ANC Grand navire utilisé autrefois pour le transport de l'or et de l'argent d'Amérique.
⇒GALION, subst. masc.
HIST. Grand navire à voiles, armé en guerre et/ou naviguant généralement sous escorte, utilisé surtout par l'Espagne pour transporter les métaux précieux et les marchandises provenant de ses colonies. Armer un galion. Il vient d'entrer dans la Tamise Douze grands bateaux plats, chargés des millions Que Blake aux Portugais prit sur trois galions (HUGO, Cromw., 1827, p. 117). L'argent ne lui manquait pas [à l'Espagne], à la condition toutefois que ses galions, chargés de l'or et de l'argent de l'Amérique, entrassent dans ses ports (VERNE, Vingt mille lieues, t. 2, 1870, p. 91) :
• C'est aussi à cette époque [vers 1512] que se répandirent les galions [it. ds le texte]. C'étaient de gros cargos à voile, ronds, renflés, dont les Espagnols se servaient pour emporter chez eux les richesses enlevées en Amérique. Le gréement en était déjà perfectionné puisqu'il comportait au moins deux voiles à chaque mât.
P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 129.
— Au fig. Argent en quantité importante. Nigaud (...) qui croit que je le lâche (...) quand je viens justement à lui, un galion entre les bras (COURTELINE, Linottes, 1912, VI, p. 158).
♦ Les galions sont arrivés. [Pour signifier la réception d'une importante somme d'argent] Il avançait aux étudiants l'argent de leur mois, qu'il se faisait rendre au triple, dès que les galions étaient arrivés (A. DAUDET, N. Roumestan, 1881, p. 24).
REM. Gal(l)ionné, -ée, (Galionné, Gallionné)adj. Synon. de argenté. Forcée, depuis des mois, de transmuer sa chair en victuaille de luxure (...) la malheureuse (...) accepta sans hésitation les offres de services de Marchenoir, exceptionnellement gallionné de quelques pièces de cent sous (BLOY, Désesp., 1886, p. 64).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Gallion (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t. 1, 1838, p. 23). Étymol. et Hist. 1. Ca 1208 « petit navire de guerre » (VILLEHARDOUIN, Conquête de Constantinople, éd. E. Faral, 466); 2. 1626 « grand navire utilisé autrefois par les Espagnols pour ramener l'or d'Amérique » (A. DE NOVEL, Lettres inédites, p. 40 ds REINH., p. 358). Dér. de galie (dep. ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 2625), var. de galée; suff. -on. Le sens 2 est prob. dû à l'infl. de l'esp. galeón « id. », attesté dep. 1528 et lui-même empr. au fr. (v. COR., s.v. galera), le mot ayant pris en esp. le sens de « grand navire » en raison du sens augm. qu'a dans cette langue le suff. -ón. Fréq. abs. littér. : 46. Bbg. KEMNA 1901, p. 123. - PAULI 1921, p. 98. - REINH. 1963, p. 147.
galion [galjɔ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1208; de l'anc. franç. galie, galée; cf. esp. galéon. → Galère.
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♦ Mar. anc. (XVIe-XVIIIe). Grand bâtiment, armé en guerre, naviguant sous escorte, destiné au commerce avec l'Amérique, et plus spécialement au transport de l'or et des marchandises précieuses que l'Espagne tirait de ses colonies.
1 L'Allemagne a donné ses ourques redoutables, Naples ses brigantins, Cadix ses galions (…)
Hugo, la Légende des siècles, « Rose de l'Infante ».
2 Les galions du XVIe siècle étaient généralement à deux ponts, avec trois ou quatre étages à la poupe, où se tenaient les personnages de marque. Ils portaient de six à huit cents tonnes de marchandises, quatre cents hommes d'équipage au moins (il fallait bien cela pour hisser, carguer, orienter leur énorme voilure) et cinq ou six cents soldats (…) Ils naviguaient assez bien, filant à bonne vitesse quand le vent les poussait en poupe mais louvoyaient difficilement (…)
A. Thomazi, les Flottes de l'or, p. 19.
♦ Par métaphore (littéraire) :
3 Au milieu de la journée, quand le ciel ouvre ses fontaines de lumière dans l'espace immense et sonore, tous les caps de la côte ont l'air d'une flottille en partance. Ces lourds galions de roc et de lumière tremblent sur leurs quilles, comme s'ils se préparaient à cingler vers des îles de soleil.
Camus, l'Été, in Essais, Pl., p. 831-832.
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DÉR. Galioniste.
HOM. Forme des v. 1. galer, 2. galer.
Encyclopédie Universelle. 2012.